Volume 25

Les partenariats entre universités et entreprises bénéficient aux deux parties. (crédit photo : Jèsybèle Cyr)

Une dynamique confirmée

Des entreprises de notoriété mondiale choisissent aujourd’hui de collaborer avec des équipes de chercheurs universitaires pour développer de nouvelles technologies. Il s’agit là d’une alliance gagnante de part et d’autre, selon le conseiller au directeur de la direction de la recherche, de l’innovation et des affaires internationales (DRIAI) de Polytechnique Montréal, Philippe Allard. « Ce type de partenariat apporte d’abord de la perspective au chercheur, énonce-t-il. On cherche à créer et à développer des technologies qui vont être utilisées ou commercialisées par la suite au sein d’une entreprise. »

Grâce à cette collaboration, les chercheurs sont aussi en mesure d’acquérir du matériel qui n’est pas commercialisé bien qu’indispensable à leur recherche, précise l’étudiante au doctorat en génie électrique, concentration en microélectronique, Leila Montazeri-Jouibari. « Au sein de ma propre recherche, nous avons besoin de “micro-leds” [NDLR : écran composé de plusieurs diodes électroluminescentes] qui ne sont pas disponibles sur le marché, révèle Leila. Il y a des entreprises qui peuvent les fabriquer et nous travaillons avec elles. »

En échange, c’est l’entreprise elle-même qui profite de ce partenariat. « Au-delà des résultats de la recherche, l’entreprise bénéficie d’une expertise universitaire et d’équipements de très haut niveau », explique M. Allard.

Fonctionnement et financement

Pour le technicien au Département de génie électrique à Polytechnique Laurent Mouden, les démarches de formation d’un accord avec une entreprise sont multiples. « La mise en place d’un partenariat peut être très rapide, parfois établie sous 24 heures, exprime-t-il. Cela dépend de l’importance du projet. Souvent, l’entreprise appelle pour prendre un rendez-vous. Si l’on voit qu’on peut apporter notre savoir-faire, on organise une réunion pour analyser les besoins. » Il ajoute que ces initiatives proviennent principalement des entreprises et que cela s’apparente à du marketing.

« Les petits projets impliquent moins de personnes, les coûts sont donc moins importants, révèle M. Mouden. Pour les plus gros, il est nécessaire de former une équipe. En règle générale, les projets sont toujours reliés à l’ingénierie. Dans certaines compagnies, il manque seulement un petit élément. Grâce à un partenariat, l’entreprise peut ensuite continuer son projet. » Il explique que les projets peuvent aussi être établis entièrement en partenariat, où l’institution et l’entreprise assument une moitié des frais chacune.

En ce qui concerne les méthodes de financement, M. Mouden mentionne qu’il s’adapte selon le type de partenariat envisagé. « L’entreprise vient ici, puis je la facture, déclare-t-il. Cela peut être un financement par projet ou un financement à l’heure. Certains partenariats ne dureront que deux ou trois heures ; d’autres plusieurs mois ou plusieurs semaines. L’argent récolté est ensuite réparti entre les infrastructures de recherche, le département en question, le professeur- chercheur et Polytechnique. »

À l’opposé, pour les grands projets, l’enveloppe peut atteindre un million de dollars. « Pour les gros partenariats, on peut aller chercher des subventions, affirme le technicien. C’est plus difficile pour les petits. J’ai eu affaire récemment à un partenariat qui n’a duré qu’une heure. Le budget était de 100 dollars. »

Plus spécifiquement, M. Allard mentionne les subventions de recherche et développement coopératif du gouvernement fédéral comme motivation supplémentaire pour les entreprises. Par ce programme de recherche en partenariat, l’entreprise choisit d’engager un montant de son choix et le gouvernement avance la même somme. « Cela multiplie les possibilités, on parle d’effet de levier », confie-t-il.

Élargir le champ des possibles

Leila insiste sur les avantages des partenariats sur les plans de la formation et de l’employabilité future. « Le chercheur a l’opportunité de comprendre ce que les industries recherchent et quels genres de compétences sont requises, raconte-t-elle. Nous sommes en mesure de gérer des problèmes réels pour ainsi mieux nous préparer au poste que nous recherchons. »

Selon elle, les étudiants sont susceptibles d’être embauchés plus aisément par la suite. « Si l’entreprise vous connaît, il est plus facile de travailler ensemble à nouveau, car l’expérience est déjà présente », précise Leila.

Symbole de l’excellence

M. Allard rappelle que les professeurs de Polytechnique, à l’instar de ceux de l’UdeM, sont en mesure de choisir leurs sujets de recherche. « C’est en faisant de la recherche qu’on publie, soutient-il. Être à l’origine de publications dans des revues de qualité est l’un des principaux éléments d’évaluation pour la promotion d’un professeur et pour l’obtention de nouvelles subventions. »

Pour Leila comme pour M. Mouden, la mise en place de tels partenariats représente un bon compromis entre les milieux universitaire et industriel. Leila souligne que la recherche effectuée au sein des entreprises est différente de celle menée à l’université. Si cette dernière s’avère plus avant-gardiste, elle reste toutefois décalée par rapport à la réalité du marché du travail.

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