Vous êtes étudiants à la maîtrise ou au doctorat ? Un stage en entreprise, ça vous intéresserait ? Avec son programme de stage Accélération, l’organisation MITACS propose d’intégrer les chercheurs-étudiants dans un milieu entrepreneurial. Les participants peuvent ainsi vivre une autre réalité que celle de la recherche au jour le jour. Mais cela se fait parfois au détriment de l’avancement de leur propre thèse.
« Il s’agit surtout d’un échange standard, explique Yoshua Bengio, professeur au Département d’informatique de l’UdeM, qui dirige également un groupe de recherche au sein même de MITACS. L’étudiant va aider l’entreprise et en contrepartie l’entreprise va financer une partie de ses recherches.» D’une durée de quatre, huit ou 12 mois, le stage Accélération s’adresse aux étudiants d’universités canadiennes inscrits dans un programme de maîtrise, de doctorat ou de postdoctorat.
Le principe est simple. Une entreprise approche d’abord MITACS. Puis, MITACS approche l’étudiant ou le laboratoire de recherche universitaire qui correspond le mieux aux attentes de l’entreprise.
Une application concrète
« Une entreprise a approché MITACS, car elle souhaitait effectuer une collaboration avec le milieu universitaire et mon profil était en parfaite adéquation avec sa proposition », explique Marie- Laure De Boutray, doctorante à l’école Polytechnique, qui prépare un stage Accélération de huit mois.
La jeune femme, qui travaille sur les cyanobactéries (algues bleu-vert), a posé sa candidature pour tester l’appareil ultrasonique que l’entreprise a créé. L’appareil propose un traitement de contrôle des populations de cyanobactéries. Ces algues posent des problèmes de santé publique quand elles sont présentes en trop grande quantité dans un point d’eau.
En participant à un segment de quatre mois de stage Accélération, Mme De Boutray reçoit un financement direct de 15000 $, soit 7500 $ de MITACS et l’autre moitié de l’entreprise participante.
Pendant cette période, elle est plongée dans la réalité de l’entreprise, ce qui présente un avantage pour l’insertion dans la vie professionnelle.
Marie-Laure De Boutray ajoute que travailler dans une jeune PME québécoise lui permettra aussi de se familiariser avec la croissance d’une entreprise en recherche et développement.
Oliver Delalleau, étudiant au doctorat en informatique, a quant à lui déjà complété un stage Accélération à la société ApSTAT sous la direction de Yoshua Bengio en 2010. «Ce que je trouve très intéressant, c’est de découvrir le côté “pratique” de la recherche en industrie, avec toutes les contraintes liées aux étapes jalons, aux rapports, au passage de l’état de prototype à un environnement de production, explique le doctorant.
C’est très facile de faire un doctorat sans jamais aborder ces aspects, qui sont malgré tout très importants si l’on souhaite faire de la recherche appliquée par la suite.» Lors de son stage Accélération, Olivier Delalleau a pu développer ses compétences en développement, mais au détriment des recherches gravitant autour de sa thèse. «Il était très difficile de concilier ma recherche de doctorat et mon expérience. Bien que très enrichissant, le stage n’a que peu contribué au développement de ma thèse», dit-il.
Pour sa part, le professeur Yoshua Bengio relativise la facilité de se trouver un emploi dans l’entreprise.
«Lorsque l’entreprise d’accueil et l’étudiant conviennent de la ligne directrice des recherches appliquées lors du stage, il n’y a pas de promesse d’embauche à la clef», indique-t-il.
À quoi sert donc un stage de cette sorte ? Une expérience professionnelle et un carnet d’adresses qui peuvent s’avérer utiles pour un étudiant- chercheur qui intègre le marché du travail. « Les stages Accélération proposés par MITACS peuvent aussi ouvrir sur des projets de plus longue haleine, conclut Yoshua Bengio. L’entreprise d’accueil peut même souhaiter contribuer plus longuement au projet de recherche du laboratoire d’appartenance de l’étudiant.
Cet article fait partie d’une série sur le MITACS, une organisation canadienne à but non lucratif qui fait le pont entre les entreprises et les universités canadiennes. son financement provient essentiellement du gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux.