Un robot pour enseigner

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Par Esther Thommeret
mercredi 9 décembre 2020
Un robot pour enseigner
D’après le professeur, ce projet « pilote » s’inscrit dans un projet de recherche plus global sur des alternatives à l'enseignement en personne, même hors contexte de pandémie. Crédit : Bernard Goldbach via Flickr.
D’après le professeur, ce projet « pilote » s’inscrit dans un projet de recherche plus global sur des alternatives à l'enseignement en personne, même hors contexte de pandémie. Crédit : Bernard Goldbach via Flickr.

Des étudiants de l’Université de Moncton animent à distance des activités pédagogiques dans des écoles primaires, à l’aide d’un robot de téléprésence mobile. Ce projet pilote s’inscrit dans un programme de recherche visant à repenser l’enseignement en période de pandémie.

Les étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Moncton pilotent le robot à distance depuis le campus. Sans bras ni jambes, l’appareil se déplace dans la classe et interagit avec les élèves grâce à sa caméra.

Habituellement, les membres du cours Apprentissage et enseignement animent des cours de mathématiques dans des écoles primaires. « Cette année, à cause de la COVID-19, on ne peut pas aller dans les écoles, donc on a essayé de faire une expérience avec un robot de téléprésence mobile, explique le professeur à l’Université de Moncton à l’origine du projet, Marc Basque. J’ai proposé ce projet pour que mes étudiants puissent vivre un échange avec des élèves en salle de classe. »

Un Zoom qui se déplace

« Le robot est un écran sur un module avec des roues pour se déplacer, ce n’est pas un robot standard avec des bras et des jambes, décrit M. Basque. On aurait pu utiliser également Teams ou Zoom, mais le robot nous permet de bouger dans la salle de classe. »

Le professeur utilisait déjà ce type de robot avant la pandémie pour évaluer des thèses de doctorat ou des mémoires de maîtrise dans d’autres universités. « Par exemple, au lieu de me déplacer à l’Université Laval, à Québec, je peux participer à la rencontre à partir de mon bureau, explique-t-il. En bougeant le robot, je peux avancer ou reculer l’écran. »

L’humain irremplaçable

« On prévoit des présentations d’une trentaine de minutes maximum afin de maintenir l’attention des élèves, parce que c’est moins évident de garder l’intérêt sur une longue période avec un robot », poursuit M. Basque.

Si de nombreux étudiants qui suivent le cours du professeur ont apprécié l’expérience, d’autres sont plus réticents. « C’est une autre façon de faire, donc c’est certain que le robot ne remplace pas un enseignant, le côté humain, précise-t-il. On aurait aimé aller en classe, échanger avec les élèves, mais ce n’était pas possible. » 

D’après M. Basque, les enseignants de l’école primaire ont été réceptifs. « Dès le départ, ils étaient d’accord pour qu’on puisse expérimenter, affirme-t-il. C’était, pour eux, une façon de faire vivre quelque chose de différent à leurs élèves. »

Un projet sur le long terme ?

D’après le professeur, ce projet « pilote » s’est rapidement inscrit dans un projet de recherche plus global. « Par exemple, nous pourrions aider un élève qui ne peut pas bénéficier du même enseignement, pour diverses raisons, ça pourrait représenter une alternative, suggère-t-il. Cette personne-là pourrait, de la maison, participer en classe, ça pourrait être pratique. »

M. Basque se questionne sur l’éventualité que ce projet devienne une option pour un enseignement à distance sur le long terme. « Peut-on pousser le concept plus loin ? s’interroge-t-il. Est-ce qu’il aura encore une utilité si on peut à nouveau donner cours en classe ? Peut-on le faire dans un autre format pour répondre à une autre demande éventuelle ? »

Le professeur récolte actuellement les témoignages des étudiants et des enseignants à propos de ce projet pilote, afin d’analyser les données et d’en faire un article scientifique.