Alors que les femmes sont proportionnellement plus nombreuses que les hommes à atteindre le niveau universitaire, selon l’Institut de la statistique du Québec, l’informatique reste la discipline où la représentation féminine est la plus faible. À l’UdeM, un nouveau regroupement d’étudiants, le Regroupement de femmes en informatique de l’UdeM (RFIUM) a décidé de s’attaquer à cette problématique, tout en restant inclusif.
Les femmes qui étudient en informatique au Québec représentent 19 % des étudiants au baccalauréat, 25 % de ceux à la maîtrise et 24 % des doctorants. Au cours de l’année universitaire 2019-2020, cette discipline est la moins représentée par les femmes, selon le rapport statistique de la Chaire pour les femmes en sciences et en génie.
Le RFIUM a ainsi vu le jour le 8 mars dernier, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, dans le but de pallier ce manque de représentation des femmes en informatique et d’encourager leur participation.
La fondatrice du RFIUM, Laura Salas, elle-même étudiante en informatique à l’UdeM, estime que la présence d’un tel groupe à l’UdeM est nécessaire. « On avait remarqué que les autres universités présentes à Montréal, comme McGill ou Concordia, avaient un regroupement de femmes, voire plus », précise-t-elle.
En moins d’une semaine, le groupe compte plus de 70 membres. « On avait besoin de ce regroupement-là », constate Laura.
Une mission de sensibilisation
Afin de mener à bien sa mission, le RFIUM a imaginé différentes activités. Au moins quatre conférences par année sont prévues, afin de mettre en avant la réussite des femmes en informatique ou encore l’ambiance de travail, et plusieurs sujets seront abordés tels que « surmonter le syndrome de l’imposteur ». L’organisation d’événements « vins et fromages/réseautage » est également prévue, au minimum deux fois par année, pour créer des liens entre les étudiants et les étudiantes ainsi qu’avec les professeurs.
Dans le but d’encourager la participation des femmes dans le domaine des sciences informatiques, le RFIUM souhaite sortir du cadre universitaire pour aller sensibiliser les jeunes filles dans les écoles secondaires et dans les cégeps. Laura espère que ces dernières pourront s’identifier aux membres du Regroupement. « On veut qu’elles se disent : “Nous aussi, nous pouvons être bonnes en art, être très girly et quand même faire une carrière en ingénierie ou en informatique” », spécifie la fondatrice.
La professeure au Département d’informatique et de recherche opérationnelle (DIRO) de l’UdeM Sylvie Hamel soutient le projet. D’après elle, la majorité des étudiants en informatique ont découvert la discipline par eux-mêmes, et il est pertinent d’introduire une initiation à l’informatique avant l’université, afin d’ouvrir cette discipline à un plus grand nombre de femmes.
Mme Hamel avait notamment créé la Journée des femmes en informatique le 16 mars 2016, pour assurer la visibilité des femmes dans le milieu à l’UdeM. Cet événement, qui avait notamment inspiré Laura, n’a toutefois pas été renouvelé, faute de moyens. Le RFIUM pourrait faire renaître cette journée et inspirer de futures étudiantes au monde de l’informatique, selon la fondatrice du Regroupement.
Démystifier le monde de l’informatique
Peu d’études expliquent le manque de femmes dans le domaine. La professeure déplore l’absence de cours d’informatique avant l’université, mais aussi que la seule représentation des informaticiens soit celle renvoyée par les films.
« Le métier d’informaticien est représenté comme un métier où on est toujours derrière un ordinateur à programmer très rapidement pour hacker un système, ce n’est pas ça, l’informatique, regrette Mme Hamel. Une grande partie de mon travail se fait sans ordinateur, je travaille sur papier, sur tableau, dans ma tête, et c’est à la dernière étape que je programme. »
Un mouvement inclusif
Bien que le RFIUM veuille promouvoir la participation des femmes en informatique, il ne demeure pas pour autant fermé aux hommes. « Le but est d’éduquer toute la population et pas seulement les femmes », poursuit Laura. Parmi les 70 membres, 10 % sont d’ailleurs des hommes. Appelés « les alliés », ils peuvent adhérer au Regroupement, mais ne peuvent pas participer à tous les événements. Selon l’étudiante, une régulation de la présence des hommes permet de ne pas perdre de vue l’objectif de faire rayonner les femmes en informatique.
« En tant qu’homme, mon rôle n’est pas de leader, mais d’appuyer le mouvement, explique l’étudiant en informatique à l’UdeM Antoine Colson-Ratelle. Je pense que les femmes en informatique ont souvent moins de modèles, et ça peut être intimidant. »
Tous les étudiants de l’UdeM peuvent devenir membres, même sans connaissances en informatique, et suivre la page Facebook du RFIUM.