Un prix du Québec remis à une professeure innue de l’UdeM

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Par Paul Fontaine
mercredi 17 novembre 2021
Un prix du Québec remis à une professeure innue de l'UdeM
Yvette Mollen. Crédit photo : Yvette Mollen.
Yvette Mollen. Crédit photo : Yvette Mollen.

La professeure invitée au Département de littérature et langues du monde Yvette Mollen a reçu le prix Gérard-Morisset pour son enseignement de la langue innue-aimun depuis plus de 25 ans. Cette distinction, l’une des 14 Prix du Québec, lui a été remise le mercredi 10 novembre dernier.

Préserver la langue que lui ont transmise ses parents : voilà ce qui motive Yvette Mollen. Enseignante tour à tour à Sept-Îles et à Montréal, elle a participé activement à la création d’un dictionnaire innu-aimun, de même qu’à l’écriture de la grammaire innue.

Ses réalisations et son dévouement lui ont valu le prix Gérard-Morisset, la plus prestigieuse distinction décernée par le gouvernement du Québec dans le cadre des Prix du Québec, pour souligner une « contribution remarquable à la sauvegarde et au rayonnement du patrimoine québécois ». Mme Mollen rejoint ainsi au tableau d’honneur l’anthropologue Serge Bouchard et l’historien Jean Provencher.

Une langue à transmettre

Mme Mollen est toutefois consciente que sa langue maternelle est menacée. « Il y a des communautés où la langue innue-aimun n’est plus parlée, déplore-t-elle. Dans d’autres, ce ne sont que les adultes et les aînés qui la parlent. Parfois, la majorité des enfants d’une communauté ne la parlent même pas. »

Elle souligne que chaque génération est tributaire du salut de cette langue. « Il suffit qu’une génération cesse de parler [l’innu-aimun] pour qu’elle disparaisse », précise-t-elle. L’enseignante est également consciente que l’école ne peut être garante à elle seule de la survie de l’innu-aimun. « La transmission doit se faire dans la famille », affirme-t-elle.

C’est pourquoi elle tient à enseigner sa langue aux enfants et aux non-locuteurs, mais également à archiver ce que seuls les aînés connaissent. « [Lors de la création du dictionnaire], nous avons invité des aînés à être enregistrés et filmés pour qu’ils nous racontent les légendes et les histoires qu’ils ont vécues, explique-t-elle. […] Il y en a beaucoup qui sont décédés maintenant. » Un travail, en somme, qui a permis de préserver ce qui aurait autrement été perdu.