« Le 12 décembre, on a pris la décision: le 6 février, on vire tout ! », explique le directeur de la division Résidences, hôtellerie et restauration de l’UdeM, Pascal Prouteau. Il a fait ce choix après la réception d’un courriel au sujet du Règlement interdisant la distribution de certains articles à usage unique de la Ville de Montréal, qui entrera en vigueur le 28 mars prochain.
Selon l’étudiante en deuxième année au baccalauréat en anthropologie Erika Bernier, ce changement se fait au bon moment. « C’est un peu aberrant d’utiliser un contenant pour 30 minutes et de le jeter », estime-t-elle.
M.Prouteau, également gestionnaire des services alimentaires Local Local, précise que les délais pour supprimer les contenants à usage unique étaient serrés. « Avec l’Université, quand ils prennent une décision, ça prend plus d’un an: on évalue, on imagine, on anticipe. » Ils sont donc passés à la vitesse grand V pour faire la transition à temps. Malgré le stress des derniers moments, il reste positif et sans équivoque. « Moi, je préfère me mettre un délai plus court et avoir une pression positive, assure-t-il. Je n’aurais jamais pensé dans mes rêves les plus fous.que la transition marcherait aussi bien. J’aurais pensé qu’il y aurait plus de résistance. »
QU’EST-CE QUE CANO ? Fondée en 2017 par le bachelier en administration des affaires de HEC Marco Gartenhaus, la jeune pousse montréalaise Cano, autrefois nommée CANOtogo, offre un service d’emprunt de contenants en plastique réutilisables, permettant à sa clientèle d’emporter nourriture et boissons. Ce service est entièrement géré par l’application du même nom, laissant le nettoyage des contenants aux restaurateur·rice·s |
Testé par Quartier Libre et des étudiant·e·s
Tout comme la location de vélos BIXI, le service qu’offre Cano comporte une petite courbe d’apprentissage lors des premières utilisations. C’est pour cette raison qu’Erika recommande de télécharger l’application de l’entreprise et de finaliser son inscription avant de se rendre sur place pour ses achats de nourriture ou de boissons. L’inscription requiert le prénom, le nom, le courriel et le numéro de téléphone de la personne qui utilisera le service. Celle-ci doit aussi activer la localisation pour emprunter et retourner un produit. Pour les personnes qui ne désirent pas utiliser l’application, deux autres options existent: amener ses plats réutilisables ou manger sur place avec les couverts de la cafétéria. « Prenez cinq minutes pour décompresser et manger », suggère M. Prouteau.
Enfin, après avoir choisi son contenant de nourriture ou de boisson, balayer les codes sur le contenant et à la caisse à partir de l’application est exigé. Pour les tasses de café, Quartier Libre suggère à la communauté étudiante d’utiliser l’appareil photo de son téléphone en mode autoportrait pour les codes situés sous les contenants, afin d’éviter toute brûlure.
Le compte de base ne permet d’emprunter qu’un seul contenant à la fois. Les étudiant·e·s qui souhaitent un café et un repas à emporter doivent passer au compte Cano Pro, qui requiert un numéro de carte de crédit. Aucuns frais ne sont toutefois facturés, à moins de perdre un contenant.
Quartier Libre recommande également de prévoir un sac de transport, puisque certains plats sont assez grands et les transporter dans un sac à dos peut être difficile. Si le repas l’exige, prévoir ses propres ustensiles ou acheter ceux en métal vendus sur place est également essentiel. Comme pour les sacs réutilisables dans les épiceries, M. Prouteau précise que cette mesure a pour objectif d’inciter les étudiant·e·s à prendre l’habitude d’amener les leurs, même si un temps d’adaptation est nécessaire.
De son côté, Erika Bernier propose de développer une carte du campus accessible sur place ou en ligne et indiquant le lieu des bacs de collecte des contenants, pour faciliter les retours. «C’est une bonne idée, ça!», s’exclame M. Prouteau, en réaction à cette recommandation. Celui-ci se montre également ouvert aux commentaires et aux suggestions portant sur la gestion opérationnelle du système*.
900 kilogrammes d’émissions de gaz à effet de serre (GES) évités
M. Prouteau s’est rapidement intéressé à la compagnie montréalaise Cano et a doucement intégré ses tasses réutilisables à partir de 2018 aux comptoirs alimentaires de l’UdeM. Local Local a ensuite commencé à fournir des contenants Cano dans tous ses points de service en septembre 2021.
Les émissions d’un peu plus de 900 kg de gaz à effet de serre ont ainsi pu être évitées, selon des données répertoriées par Cano pour la période allant de septembre 2022 à janvier 2023. Cette quantité équivaut à un peu plus de 200 kg de déchets. Grâce à la suppression des contenants à usage unique le 6 février, M. Prouteau a espéré une augmentation des emprunts de 500 emballages réutilisables par jour.
Les données de la semaine du 6 au 10 février derniers ont dépassé ses attentes, avec une moyenne de 618 tasses et contenants empruntés par jour. Pour la période allant de septembre 2022 à janvier 2023, la moyenne s’est plutôt située autour de 75 emprunts par jour. Le directeur se montre agréablement surpris par ces résultats. « Vu le nombre d’emballages sauvés déjà rien que la première semaine, c’est énorme », se réjouit-il.
Récompenser le zéro déchet
Après l’utilisation d’un contenant Cano, les étudiant·e·s peuvent accumuler des points menant à des récompenses si celui-ci est ramené dans les 48 heures qui suivent sont emprunt. Si ce délai est dépassé, le contenant doit être rapporté dans les 14 jours. Dans le cas contraire, des frais de 20 dollars s’appliquent.
D’ailleurs, lors de l’emprunt et du retour d’un contenant dans un délai de 48 heures, une image festive apparaît dans l’application, accompagnée du son du métro de Montréal. Ce côté ludique fait sourire l’étudiant en troisième année au baccalauréat en neuroscience cognitive Pierre-Briac Métayer Mariotti. « Il y a toujours un plaisir à déposer sa tasse et avoir plus de points, déclare-t-il. J’apprécie aussi le fait d’avoir un retour sur les arbres et le nombre de contenants qu’on a sauvés. »
Les points Cano fonctionnent comme des cartes de fidélité virtuelles. Les étudiant·e·s peuvent en accumuler en s’abonnant à Cano pour la première fois, après chaque retour de contenants, en référant l’application à un·e ami·e et en passant à un compte Cano Pro. Ces points peuvent ensuite être échangés contre des boissons, des collations ou des repas dans les commerces participant au programme. Cependant, ils ont une date d’expiration. Sur le site Internet de Cano, l’article 20.5 des conditions d’utilisation précise que « les points accumulés […] expirent six mois après le mois civil au cours duquel ces points ont été gagnés ». Par exemple, si vous gagnez des points le 5 avril 2023, ils expireront le 1er novembre 2023.
ENDROITS OFFRANT LES SERVICES CANO Cafétéria Local Local (Chez Valère) : pavillon Jean-Brillant, 3200, rue JeanBrillant, local B-2242. Comptoir Jean-Coutu : pavillon JeanCoutu, 2940, Chemin de polytechnique, local S-1-174. Comptoir Marie-Victorin : pavillon Marie-Victorin, 90, avenue Vincentd’Indy, Montréal, local B-218. Comptoir E3 : pavillon Roger-Gaudry, 2900, boulevard Édouard-Montpetit, local E-321. Comptoir U1 : pavillon Roger-Gaudry, 2900, boulevard Édouard-Montpetit, local S-137. Café-In : campus MIL, 1375 Avenue Thérèse-Lavoie-Roux, local B-0110.1. CaféKine : CEPSUM, 2100, boulevard Édouard-Montpetit, 3e étage. La Brunante : pavillon Jean-Brillant, 3200, rue Jean-Brillant, local B-2326. |
Cano et l’UdeM : un partenariat écologique et économique
M. Prouteau émet un constat encourageant pour ses prédictions budgétaires depuis la transition intégrale vers Cano. Il croyait que le changement allait éventuellement demander une augmentation de personnel, notamment pour le nettoyage des contenants. « Au début, je pensais que ça me coûterait entre 50 000 dollars et 70 000 dollars par an. » Il s’est rapidement aperçu que la tâche consistant à descendre les poubelles a été beaucoup moins importante que prévu. Il n’a donc pas eu à engager de nouvelles personnes. Il souligne aussi le fait que Cano lui coûte moins cher par contenant (0,20 dollar) que lorsqu’il utilisait des plats jetables, qui valaient entre 0,30 dollar et 1 dollar. « Après adaptation et modifications, Cano ne nous coûtera pas un sou, en définitive, constate-t-il. Comme quoi, on peut jumeler écologie et économies. »
*Pour envoyer des recommandations au sujet des comptoirs alimentaires de l’UdeM, communiquer avec le directeur de la division Résidences, hôtellerie et restauration, Pascal Prouteau, à l’adresse courriel suivante : pascal.prouteau@umontreal.ca.