Un parcours prestigieux

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Par Camille Feireisen
mercredi 26 novembre 2014
Un parcours prestigieux
La postdoctorante Michèle Desjardins a eu l’occasion de travailler à l’amélioration de caméras qui permettent de détecter de façon précoce les maladies de la rétine.
Crédit photo : Isabelle Bergeron
La postdoctorante Michèle Desjardins a eu l’occasion de travailler à l’amélioration de caméras qui permettent de détecter de façon précoce les maladies de la rétine.
Crédit photo : Isabelle Bergeron
La postdoctorante en génie biomédical à Polytechnique Michèle Desjardins a déjà de belles réussites à son actif. La jeune femme de 29 ans a su se faire remarquer en recevant une quinzaine de bourses, la médaille du Lieutenant-gouverneur pour la jeunesse et de nombreux prix pour ses travaux de recherche, dans l’univers très masculin des sciences.

Titulaire d’une des plus prestigieuses distinctions d’études supérieures du pays décernée par le gouvernement du Canada, la bourse Vanier, reçue en mai 2010, Michèle Desjardins a consacré quatre ans et demi à son doctorat, dont une année passée en cotutelle entre Paris et Montréal. « J’aime voyager, et le fait de travailler dans ces deux pays m’a aussi donné l’avantage indéniable de mener des expériences plus approfondies et avec des techniques différentes », croit Michèle Desjardins.

Sa thèse, soutenue en décembre 2013 et intitulée « Imagerie multimodale des corrélats vasculaires du vieillissement cérébral », ­portait sur les mécanismes de vieillissement dans le cerveau humain. « Je me suis toujours intéressée à la mémoire et à l’inconscient, décrit-elle. Ce qui m’intéressait, c’était d’étudier les effets du vieillissement sur le cerveau pour mieux comprendre la relation entre le débit sanguin et le déclin cognitif qui survient avec l’âge. »

Bourses et prix

Sa thèse lui a d’ailleurs valu de nombreuses reconnaissances. Elle a reçu en 2012, pour son travail sur les effets de l’exercice physique sur le vieillissement du cerveau, l’une des 25 bourses françaises L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science, qui promeuvent le rôle des femmes dans la recherche scientifique.

Le superviseur de recherche de Michèle au Département de génie électrique à Polytechnique, Frédéric Lesage, estime que le sujet traité par son élève dans sa thèse lui a permis de se démarquer et aura un impact important dans la compréhension du vieillissement du cerveau. « Michèle a étudié ce problème à grande échelle chez l’humain, mais sur des animaux pour en comprendre les mécanismes sous-jacents », explique le professeur.

Selon le chercheur en imagerie à Optina Diagnostics, Jean-Philippe Sylvestre, l’expé­rience et l’autonomie de la jeune doctorante ont fait d’elle une collaboratrice précieuse dans les recherches en imagerie de la rétine auxquelles elle a participé.« Michèle nous a été recommandée par M. Lesage, car elle possédait déjà toutes les notions dont nous avions besoin, conclut-il. Elle a le CV et le profil idéal. »

Un univers masculin et quelques préjugés

Si pour Michèle le fait d’être une femme ne lui a pas posé de problème majeur durant ses études, elle reconnait que les préjugés à l’égard de la gent féminine peuvent avoir la peau dure. « On entend encore des jugements sur la façon dont une fille peut s’habiller, souligne Michèle. Ou des réflexions comme : “une telle a le poste de professeure parce qu’elle est belle” et “il y a plein de bourses pour les filles !” »

Dans le Département de génie biomédical, les femmes sont aussi présentes, voire plus, que les hommes.« Je suis toujours un peu choquée quand je suis témoin de propos ou de comportements sexistes, précise Michèle. Ayant toujours été une personne affirmée et confiante, heureusement je n’ai pas trop laissé cela m’affecter. »

Selon Frédéric Lesage, c’est d’ailleurs le manque de professeures femmes qui représente encore une faiblesse dans les programmes dispensés à Polytechnique.« Il n’y a pas beaucoup de femmes mentors, déplore le professeur. Cela serait bénéfique, justement pour servir de modèles aux jeunes étudiantes en sciences. »

Dans un mois, Michèle aura terminé son année de postdoctorat à Polytechnique. Elle se dirigera alors vers l’Université de Californie à San Diego où une autre année de postdoctorat l’attend. Elle pourra ainsi compléter sa formation avant de revenir à Montréal et, peut-être, de pouvoir vivre son rêve : obtenir un poste académique et enseigner.