Un laboratoire pour étudier la décomposition du corps humain à l’air libre

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Par Zacharie Routhier
mercredi 20 février 2019
Un laboratoire pour étudier la décomposition du corps humain à l’air libre
Il n'existe actuellement que deux laboratoires de cadavre à l'air libre en dehors des États-Unis. Crédit photo : Pixabay.
Il n'existe actuellement que deux laboratoires de cadavre à l'air libre en dehors des États-Unis. Crédit photo : Pixabay.
Déménageriez-vous de l’Australie au Canada pour étudier la décomposition des corps humains en conditions naturelles ? C’est le défi que relève la professeure australienne Shari Forbes, qui dirige la nouvelle Chaire de recherche Canada 150 en thanatologie forensique de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).

« C’est un beau défi à relever, lance la chercheuse, qui tient les rênes du premier laboratoire de ce genre au Canada. Je passe d’un extrême à l’autre. » Et Mme Forbes n’en est d’ailleurs pas à son premier rodéo, puisqu’elle a fondé le premier laboratoire de cadavres en dehors des États-Unis dans son pays de naissance.

Ses travaux seront réalisés sur un site protégé d’une trentaine de mètres carrés près de Trois-Rivières, où jusqu’à dix cadavres se décomposeront à l’air libre. Les données recueillies par l’équipe seront notamment utiles aux services de l’ordre pour enquêter sur des morts suspectes et pour identifier les corps de victimes.

L’odeur de la science

La professeure étudiera principalement les changements d’odeurs des chairs en décomposition, qui permettent l’entraînement des chiens détecteurs de cadavres. Le reste de son équipe analysera le processus de putréfaction à l’aide d’échantillons d’ADN, mais observera également la dégradation des os, en notant la présence d’insectes.

Le lieu d’étude, qui est le plus nordique en son genre, est un facteur important dans les recherches de Mme Forbes. Elle soulève qu’en Australie, les corps abandonnés sont rarement enterrés en raison de la chaleur, qui les momifie. À contrario, au Canada, les corps sont peu souvent retrouvés à même le sol, et ces derniers gèlent l’hiver.

« La géographie et le climat influent directement sur la décomposition, explique-t-elle. L’écologie est également un facteur, dans la mesure où les insectes ne sont pas les mêmes. » Il en va de même pour l’alimentation, qui influence l’odeur des cadavres, selon la chercheuse.

Les recherches de la Chaire de recherche en thanatologie forensique de l’UQTR débuteront d’ici la fin de l’année.