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Un doctorant en audiologie étudie la « perte auditive cachée » chez les jeunes

L’étudiant en sciences de l’orthophonie et de l’audiologie Alexis Pinsonnault-Skvarenina a reçu le prix de la relève de l’Acfas en santé et sécurité au travail au niveau doctoral. Son projet de recherche porte sur la « perte auditive cachée » chez les jeunes travailleurs de 18 à 25 ans, un phénomène qui permettrait d’expliquer en partie le développement de la surdité à l’âge adulte.

« Ça fait longtemps que nous savons qu’une exposition au bruit affecte les cellules situées dans l’oreille interne et que leur mort mène à la surdité », explique le doctorant Alexis Pinsonnault-Skvarenina. Mais quel mécanisme pousse ces cellules au trépas ? « Depuis une dizaine d’années, nous nous sommes rendu compte que, chez les animaux exposés au bruit, il y a une destruction au niveau des synapses avant même que les cellules de l’oreille ne soient endommagées », précise-t-il.

Les synapses auxquelles fait référence Alexis sont des connexions entre les cellules nerveuses qui assurent, par exemple, le transfert d’information de l’oreille interne jusqu’au nerf auditif. Si leur fonctionnement est altéré, alors le bruit perçu par l’oreille n’est plus transmis au reste du cerveau. C’est ainsi qu’une personne atteinte de « dégradation synaptique » peut développer une surdité.

« On pense que la dégradation synaptique peut être réversible au tout début, mais c’est quelque chose qui est irréversible à plus long terme », poursuit l’étudiant. À moins d’être diagnostiquées très tôt, les personnes atteintes de dégradation synaptique développeront presque assurément une perte auditive. Or, aucun test permettant de déceler efficacement la dégradation des synapses du nerf auditif n’existe à ce jour, selon le doctorant. C’est pourquoi cette condition est nommée « perte auditive cachée ».

Détecter l’indécelable

Le projet de doctorat d’Alexis est de déterminer si certains tests proposés par les audiologistes sont plus efficaces que d’autres pour détecter la perte auditive cachée. Par exemple, il évalue la capacité d’une personne à entretenir une conversation noyée dans un bruit ambiant. Ou encore, il appose des électrodes sur le crâne d’un patient afin d’étudier la qualité de l’influx électrique qui parcourt le nerf auditif. Enfin, il s’intéresse à la sélectivité fréquentielle, c’est-à-dire à la faculté de distinguer différents sons entendus simultanément.

Alexis fait passer tous ces tests à des jeunes de 18 à 25 ans afin d’écarter de son étude les dommages auditifs que les personnes âgées développent avec le temps. Il compare ainsi les performances de jeunes en milieux de travail dont l’atmosphère sonore est stable à celles de jeunes militaires régulièrement soumis à de fortes détonations, et qui sont donc plus à risque de développer une surdité.

« On est peut-être en train de réaliser qu’il y a des dommages sérieux à l’oreille chez quelqu’un qui a 18 ans, ce qui est très, très jeune, souligne Alexis. Cette personne-là va vivre toute sa vie avec ces dommages. Il y a donc un intérêt sociétal de voir que ça se manifeste très tôt. »

C’est donc ce projet de recherche qui lui a permis de remporter, le 11 décembre dernier, le prix de la relève au doctorat remis par l’Acfas, un organisme québécois voué à l’avancement des sciences dans la francophonie. Cette bourse d’études a pour but, selon celui-ci, de souligner l’excellence du dossier des lauréats pendant leurs études universitaires passées et présentes et de les encourager à poursuivre leur carrière en recherche.

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