Un curieux regard sur l’Histoire

« Ce sont des collectionneurs, des gens fortunés, qui vont rassembler dans un même lieu, un peu secret, des choses très diverses et très disparates, explique le professeur d’histoire de l’art Gilles Genty. On peut, par exemple, retrouver dans les cabinets des objets manufacturés, des minéraux rares ou des animaux empaillés. » Née au XVIe siècle, cette pratique s’est d’abord développée en Italie, en Allemagne, en France et en Hollande.

Cabinets surréalistes

Le conférencier indique que les cabinets de curiosité ont perduré tout au long des XVIe, XVIIe, XVIIIe, et XIXe siècles. « On pourrait aujourd’hui en retrouver une résurgence chez les artistes surréalistes, comme André Breton, note-t-il. Il en existe toujours qui vont en reconstituer chez eux. »

Dans cette perspective, l’esprit reste le même pour M. Genty, bien que ces collections plus récentes diffèrent par la qualité des objets présentés. « Ceux de haute virtuosité technique, fabriqués dans la perspective d’être achetés par des collectionneurs aux XVIe et XVIIe siècles, sont aujourd’hui totalement inaccessibles financièrement », poursuit-il. D’après lui, la richesse d’un cabinet ne dépend pas uniquement de la valeur intrinsèque des artéfacts qu’il contient.

Dépasser sa propre vision

Le professeur précise qu’il s’agit là de collections, c’est-à-dire de rassemblements d’objets, dont la valeur globale dépasse la somme des parties. « Un cabinet de curiosité, c’est avant tout une narration, un discours, une position historique et idéologique que l’on prend sur l’histoire », explique M. Genty.

Il distingue ainsi la double ambition des collectionneurs : reconstituer une « sorte de monde imaginaire », tout en étalant une connaissance que les autres n’ont pas. « Par exemple, la Baronne de Rothschild a fait un cabinet de curiosité sur toutes les représentations de sculptures de crânes qu’elle a pu trouver, cite le professeur. On aura toujours l’idée présente que le rassemblement d’objets est une manière de dépasser la durée de notre ambition terrestre. »

La conférence est présentée dans le cadre des Belles Soirées de l’UdeM, en partenariat avec l’exposition Dans la chambre des merveilles, actuellement au Centre d’exposition Pointe-à-Callière.

L’art mystérieux des cabinets de curiosité (XVIe-XXe siècles)

5 mars 2019 de 13 h 30 à 15 h 30

BAnQ, 535 avenue Viger Est, Montréal