Les jours qui suivront, un court métrage sur l’avortement écrit, réalisé et produit par trois étudiants au Département d’études cinématographiques de l’UdeM, a été sélectionné dans la section Short Film Corner du prochain Festival de Cannes. Même s’il s’agit d’un événement hors-compétition, cette occasion représente un vrai rêve pour amorcer une carrière au cinéma.
D’abord un projet universitaire, le court métrage a été réalisé par l’étudiant à la maîtrise Pier-Philippe Chevigny dans le cadre du cours Projets dirigés à la session d’hiver 2012. De sa propre initiative, le jeune homme, qui entend poursuivre une carrière de réalisateur, a ensuite soumis son film au Festival de Cannes.
Pier-Philippe n’a pas immédiatement saisi l’ampleur de la nouvelle lorsqu’il l’a apprise par courriel. « J’ai dû lire le message au moins dix fois pour comprendre que mon film avait été sélectionné, se félicite-t-il. Ç’a été l’éclat de joie pour toutes les personnes qui ont participé au projet. » Une joie qu’il partage avec ses collègues Simon Giroux et Geneviève Gosselin-Giguère, respectivement producteur et scénariste de Les jours qui suivront.
À Cannes, le film sera présenté au Short Film Corner, un espace professionnel dédié aux rencontres, aux échanges et à la promotion du court métrage. Réalisateurs, distributeurs, producteurs et acheteurs y sont présents chaque année pour dénicher les talents de demain. Cette année, plus de 1780 œuvres provenant des quatre coins du monde ont été sélectionnées. Une difficulté supplémentaire que Les jours qui suivront devra surmonter afin d’être repéré. « Une fois arrivés au festival, il faudra se battre pour convaincre les maisons de distribution de regarder notre film, rappelle Pier-Philippe, qui ne se fait pas d’idées sur l’impact qu’aura son court métrage. Mais pour nos carrières respectives, le label « Festival de Cannes » sur notre production est déjà super. »
Représenter le cinéma québécois
Le court métrage de 10 minutes présente le dilemme auquel se heurte une femme enceinte dont le mari est atteint d’un cancer fulgurant. La protagoniste, interprétée par la comédienne Édith Cochrane, doit donc choisir entre élever son enfant seule ou subir un avortement.
L’actrice Danielle Proulx incarne un docteur tandis que Danny Gilmore campe le rôle du mari. Une distribution d’envergure qui a probablement contribué au succès du film. « On a eu beaucoup de chance, souligne la scénariste Geneviève Gosselin-Giguère. Lorsqu’on a soumis le scénario aux comédiens, ils ont accepté tout de suite d’y participer. »
Passionnée de cinéma québécois, Geneviève a voulu privilégier un style cinématographique qui représente bien le septième art d’ici. « Le film a volontairement été tourné avec la caméra à l’épaule, précise-t-elle. C’est un style très utilisé pour le documentaire et très représentatif du cinéma québécois. »
Pier-Philippe, quant à lui, remarque que le fait que peu de films québécois sont soumis au festival peut jouer en sa faveur. « Chaque année, environ seulement cinq courts métrages d’étudiants québécois sont sélectionnés au Short Film Corner, précise-t-il. Notre film est une belle occasion pour le Québec de se faire remarquer. »
La professeure au Département d’études cinématographiques de l’UdeM et chargée du cours Projets dirigés, Isabelle Raynauld, ne manque pas de souligner le talent de Pier-Philippe. Cependant, elle rappelle avec fierté que ce n’est pas la première fois que des étudiants de l’UdeM participent à des festivals de cinéma d’envergure. « J’ai eu des étudiants qui sont allés présenter leurs films à Clermont-Ferrand, à Berlin et en Californie. » Elle mentionne également que le cinéaste Kim Nguyen, récemment primé pour son film Rebelle, est un ancien du Département d’études cinématographiques de l’UdeM.
Pier-Philippe Chevigny et Simon Giroux iront sur la Croisette du 15 au 26 mai prochains.
Un sujet personnel
L’avortement et le cancer, qui touchent des millions de personnes chaque année dans le monde, sont des sujets « difficiles » que Pier-Philippe Chevigny, Geneviève Gosselin-Giguère ainsi que l’étudiant à la maîtrise en management des organismes culturels de l’UdeM et producteur du film, Simon Giroux, ont choisi d’aborder.
Sous la forme d’une nouvelle littéraire, le film nous plonge dans l’univers intime d’un personnage pour dévoiler un revirement de situation. Coécrit par Pier-Philippe et Geneviève, le scénario s’inspire de faits vécus. « Plusieurs personnes de ma famille ont été touchées par le cancer, raconte Geneviève. Ce film veut souligner que la vie est plus forte que le reste. »
Pour Isabelle Raynauld, la force de Les jours qui suivront repose sur son traitement d’enjeux réels. « La qualité principale du film, c’est son souci de vérité, sa sobriété et son authenticité, souligne Mme Raynauld, qui enseigne à l’UdeM depuis plus de vingt ans. Ce court métrage nous fait vivre une histoire poignante. Ça ne m’étonne pas qu’il fasse son chemin. »
Crédit photo: Pascal Dumont