Comment faire écrire les jeunes auteurs ? La Fondation Charles-Gagnon s’attelle à la tâche avec Imaginaires collectifs, un nouveau concours pour les jeunes auteurs de 30 ans ou moins. Trois prix d’une valeur totale de 2 000 $ seront attribués.
«Ce concours vient combler le manque d’activité littéraire chez les jeunes auteurs québécois », affirme Yves Rochon, membre du conseil d’administration de la Fondation Charles-Gagnon, créateur de ce concours conjointement avec les Éditions de la Pleine Lune.
M. Rochon tient surtout à souligner le manque flagrant de «littérature sociale». «Dans ma jeunesse, il y a 20 ans, il y avait une ébullition de littérature sociale, les gens écrivaient sur leur société, estime-t-il. Depuis 20 ans, la littérature sociale est morte!» Le concours se nomme Imaginaires collectifs pour souligner la valeur fictionnelle exigée dans les textes et le volet social qui est le leitmotiv de la Fondation. En 2008, le concours était ouvert à toutes les disciplines artistiques.
«On a préféré mettre l’accent sur la création littéraire parce que, contrairement au monde de la musique et du cinéma, les jeunes auteurs n’ont pas de réseaux de contacts, explique Yves Rochon. C’est la nature individuelle de la création littéraire qui est en cause.»
Absence de concours
Catherine Peterson, étudiante au baccalauréat en littérature de langue française à l’UdeM, regrette qu’il n’y ait pas davantage de ce genre «de concours pour donner la chance à plus de gens». Sa consoeur Sara Brockbank avoue ne jamais participer aux concours littéraires parce qu’elle estime ne pas avoir «suffisamment confiance en [s]es capacités créatrices ». «J’ai peur de ne pas pouvoir produire un texte respectable si je suis sous pression et de ne pas être à la hauteur des attentes que je me serais fixées au point de départ», se désole-t-elle.
Tous les gens de moins de 30 ans, étudiants ou non, sont encouragés à soumettre leur texte d’ici le 15 juin. Les romans, poèmes, paroles de chanson, nouvelles et récits sont acceptés. Ils doivent être inspirés par des valeurs de justice sociale, d’équité et de solidarité .
Charles Gagnon, auteur militant
Celui qui a donné son nom à la Fondation est diplômé en études littéraires de l’UdeM en 1965. Charles Gagnon a milité au sein de plusieurs associations étudiantes, dont l’Association des étudiants de l’UdeM, l’ancêtre de la Fédération des associations étudiantes de l’UdeM (FAÉCUM).
Indépendantiste et socialiste convaincu, il rejoint les rangs du Front de libération du Québec (FLQ) en 1966. La même année, il est arrêté et emprisonné à New York avant d’être extradé au Canada en janvier 1967, où il sera incarcéré pendant presque quatre ans. À partir de la prison de New York, il envoie une lettre au journal des étudiants de l’UdeM, le Quartier Latin, ancêtre de Quartier Libre.
«L’idéal du Quartier Latin, l’idéal de la jeunesse québécoise de 1970 est le nôtre. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que nous moisissons en prison depuis septembre 1966», écrit-il dans cet article, en voulant faire comprendre aux lecteurs du journal que l’indépendantisme sans actions concrètes n’est qu’une illusion. C’est justement à cause de ses actions qu’il est incarcéré une nouvelle fois en 1970 pour huit mois.
L’activiste a décidé de léguer, avant sa mort, en 2006, un « patrimoine autonome qui oeuvrera à des fins sociales» par l’entremise de sa fondation. La Fondation organise chaque année, depuis 2008, des concours à valeur sociale, à l’image de Charles Gagnon.
PHOTO : L’implication sociale de Charles Gagnon est à l’origine de ce nouveau concours littéraire (Crédit : Courtoisie Fondation Charles-Gagnon).