Culture

La musique classique : un choix politique

«En tant qu’artistes, c’est notre devoir de communiquer au public non seulement la beauté des œuvres, mais aussi les difficultés que l’humanité traverse à toutes les étapes de son évolution », explique le responsable de la direction artistique de l’OUM, Jean-François Rivest. Il précise que ce tout premier programme de l’année universitaire vise à sensibiliser le public quant à l’engagement politique pouvant être véhiculé par la musique classique. « Le choix de répertoire est basé sur un équilibre fragile et difficile à trouver, poursuit-il. Je suis censé présenter de nouveaux sujets à mes étudiants pour leur apprendre le métier et, en même temps, arriver à attirer le public. »

La résistance par l’ironie

Selon M. Rivest, toutes les œuvres de Chostakovitch présentent un aspect révolté, car le compositeur a su exprimer ce que peu de gens osaient dire tout haut pendant la période la plus violente du régime stalinien. « Chostakovitch a dû choisir entre continuer à raconter passionnément sa vérité, au risque de se faire purger par le gouvernement, ou trouver l’équilibre pour pouvoir continuer à composer », rappelle-t-il au sujet des circonstances qui ont vu naître la symphonie Gloire soviétique.

Le professeur explique que la parodie de cette cinquième symphonie de Chostakovitch réside dans le fait que, tout en respectant la structure classique de la symphonie, celle-ci renverse les tons normalement attribués à chaque partition : ce qui devait être glorieux est composé d’une façon triste, alors que ce qui devait paraître joyeux est abordé d’une manière chaotique. « Ce qui est le plus ironique, c’est que l’ensemble du peuple l’a remarqué tout de suite, alors que le parti ne l’a pas vu », remarque-t-il.

Un programme hétéroclite

Les deux autres parties du spectacle sont plus décoratives et détendues, selon M. Rivest. Le Concerto pour violon de Jean-Pierre Rampal a lui aussi été conçu pendant la période soviétique, tandis que la pièce Création, du compositeur Benoit Groulx, a remporté le premier prix du Concours de composition 2019 de l’OUM.

M. Groulx, explique qu’il n’y a pas de lien idéologique entre sa pièce et celle de Chostakovitch, mais qu’il y a néanmoins une certaine parenté dans leur orchestration. « Ma pièce ne s’inscrit pas dans une démarche d’engagement social, mais se veut mon interprétation en musique du phénomène cosmologique que l’on appelle « le rayonnement fossile » », précise-t-il. Il fait ici référence au rayonnement électromagnétique très homogène observé dans toutes les directions du ciel.

La culture orchestrale

M. Rivest constate que la musique classique demeure dévalorisée au sein du grand public. « Je pense que la musique, comme les autres arts, n’occupe pas la place qu’elle devrait avoir dans l’éducation, affirme-t-il. Qu’il y ait de moins en moins d’orchestres, de chorales et d’écoles de musique est la conséquence d’un certain choix politique. »

Le chef d’orchestre invite toutefois les étudiants à s’initier à ce milieu, peu importe leur intérêt principal. « Malgré les préjugés qui existent envers la musique classique, je dirais aux étudiants « venez voir, venez écouter, venez faire l’expérience de l’orchestre jeune, beaucoup plus décontracté, vivant et généreux », exhorte-t-il. C’est une bonne place pour commencer. »

La prochaine représentation de l’OUM aura lieu le 2 novembre. Comme toutes les activités offertes par la Faculté de musique, celle-ci est gratuite pour les étudiants sur présentation de leur carte étudiante une heure avant le spectacle, à la billetterie de la Salle Claude-Champagne.

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