Un bassin pour un sous-marin

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Par Nicolas Thiffault-Chouinard
lundi 2 avril 2018
Un bassin pour  un sous-marin
(Photos : Benjamin Parinaud)
(Photos : Benjamin Parinaud)
La société technique Archimède de l’École Polytechnique vient de se doter d’un nouveau bassin d’essais pour son sous-marin à propulsion humaine, aux allures de grand requin blanc. Quartier Libre a visité les installations de l’équipe, près du pont Victoria à Montréal.

Grâce à l’appui d’un fournisseur, Conteneurs RDA, à une subvention d’environ 6 300 $ du Fonds d’appui aux initiatives étudiantes (FAIE) ainsi qu’au soutien de leur association étudiante, l’équipe d’Archimède a pu acquérir un conteneur de 18 pieds. Celui-ci, soudé de manière à être parfaitement étanche, a été transformé en bassin d’essais afin de conduire différents tests sur le sous-marin à propulsion humaine. D’une capacité d’environ 19 000 litres d’eau, le bassin est peint d’un enduit bleu à base d’époxy afin de le renforcer.

(Photos : Benjamin Parinaud)

(Photos : Benjamin Parinaud)

 

De meilleures performances

Selon l’étudiant en génie mécanique et responsable des plongées et des tests pour le projet, Félix Groleau, le bassin permettra à l’équipe de conduire différentes expérimentations afin d’améliorer les performances de leur véhicule sous-marin, Archimède VII. Le sous-marin, rempli d’eau, est piloté par un plongeur muni d’une bonbonne d’air et propulsé à la manière d’un vélo, par l’action de pédales. « Les meilleures équipes au monde ont des bassins, souligne-t-il. Si on veut être compétitifs, il nous en faut un. » Félix affirme du même souffle que Polytechnique se donne les mêmes moyens que l’équipe de l’Université Delft aux Pays-Bas ou que celle de l’École de technologie supérieure (ÉTS), qui possèdent déjà un tel équipement.

En ce qui concerne les performances en plongée, Félix évoque aussi la communication avec le pilote. Il explique qu’en plongée, le sous-marin est accompagné de trois ou quatre plongeurs. Comme le pilote respire avec de l’équipement de plongée sous-marine, il communique avec l’extérieur au moyen de signes par un petit hublot. Le nouveau bassin permettra à l’équipe de s’entraîner à effectuer ces signes afin d’assurer une meilleure coordination lors des compétitions auxquelles elle participe.

À l’été, l’équipe d’Archimède testera son sous-marin lors d’une compétition en Angleterre. Le submersible devra être maniable, alors que le parcours effectué comportera de nombreuses courbes. (Photos : Benjamin Parinaud)

À l’été, l’équipe d’Archimède testera son sous-marin lors d’une compétition en Angleterre. Le submersible devra être maniable, alors que le parcours effectué comportera de nombreuses courbes. (Photos : Benjamin Parinaud)

 

L’étudiant en génie mécanique et responsable de la fabrication du sous-marin, Simon Balit Achim, ajoute que le bassin permettra de vérifier la théorie par la pratique. « Nous concevons beaucoup de systèmes qui ne sont pas faits, à la base, pour fonctionner dans l’eau, confie-t-il. On essaye donc de les adapter pour les utiliser sous l’eau. Les premiers tests [dans le bassin] vont nous permettre de vérifier si nos idées fonctionnent. » Il donne en exemple la résistance à la pression de certaines pièces de vélo liées à la propulsion, qui s’est révélée un enjeu lors de la dernière compétition. En effectuant des tests dans leur bassin, les concepteurs espèrent anticiper ces bris.

L'intérieur d'Archimède (Photos : Benjamin Parinaud)

L’intérieur d’Archimède (Photos : Benjamin Parinaud)

 

Un enjeu de sécurité 

Un hublot situé sous le sous-marin permet au pilote de s’orienter. (Photos : Benjamin Parinaud)

Un hublot situé sous le sous-marin
permet au pilote de s’orienter. (Photos : Benjamin Parinaud)

En plus de rendre possible la tenue de nouveaux tests et de servir à l’entraînement du pilote, le bassin relève le niveau de sécurité de toute l’entreprise. Auparavant, l’équipe devait réaliser l’ensemble de ces expérimentations en milieu naturel, dans une ancienne carrière située à Kahnawake où elle pouvait aller pendant la saison estivale grâce à un commanditaire. « Ça nous prenait beaucoup de temps pour transporter l’ensemble du matériel, explique l’étudiant en génie électrique et responsable du design électrique, Mathieu Champagne. En plus, dans un environnement naturel, dans une carrière d’environ 30 pieds de profondeur, tester un sous-marin avec un humain à l’intérieur est plutôt dangereux. Maintenant, avec le bassin, on va pouvoir faire des tests avec seulement deux ou trois personnes. »

Félix et Mathieu soulèvent aussi un autre enjeu, celui du climat. Puisque les tests en milieu naturel ne pouvaient avoir lieu pendant la saison hivernale, l’équipe a dû, par le passé, commencer ses essais au printemps, vers le mois de mai, ce qui laissait peu de temps aux plongeurs et au pilote pour se préparer aux compétitions. Ils étaient également contraints de s’exercer dans une eau plutôt froide, ce qui pouvait aussi constituer un risque.

Forte de son expérience acquise grâce à son nouveau bassin d’essai, l’équipe d’Archimède espère améliorer à la fois les performances et la fiabilité de son sous-marin en vue de la prochaine compétition, l’European International Submarine Races 2018, qui se tiendra en juillet à Haslar en Angleterre.


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