Après avoir pris connaissance du cas d’un professeur de l’Université Bishop’s, Christopher Stonebanks, qui décrit avoir vécu non seulement du racisme systémique, mais aussi du « mobbing académique » pendant dix-sept ans, le journal La Tribune s’est penché sur ce phénomène.
Qu’est-ce que le mobbing?
Comme l’explique la professeure au Département de science politique de l’UQAM Eve Séguin à la journaliste Jasmine Rondeau, le mobbing désigne un « processus concerté d’élimination d’un employé en complicité avec l’employeur », qui implique « l’existence d’une communication négative à propos de la cible. En particulier, ce que je juge comme étant fondamental, c’est la circulation de rumeurs infamantes. La finalité et le résultat effectif est de cadrer la cible comme étant quelqu’un avec qui il est impossible de travailler. » Elle ajoute que cadrer la cible comme « un harceleur sexuel ou un bully » constitue une tendance croissante dans le mobbing. Le processus se termine par « une contamination à l’ensemble de l’organisation, notamment aux ressources humaines et à la haute direction, puis finalement vient l’expulsion sous une de ses formes. » Selon Mme Séguin, « il y aura de plus en plus de ces cas d’employés “étouffés” et “encerclés” par leurs collègues et leur organisation dans le futur. Ce qui n’a rien d’une bonne nouvelle, considérant qu’un mobbing réussi se termine en renvoi, démission, congé de maladie, ou même en suicide. »
Universités : des établissements propices au mobbing
D’après Mme Séguin, les universités, les hôpitaux et les administrations publiques constituent des lieux particulièrement propices au mobbing. Elle explique à La Tribune que « la culture, la taille, le “manque de leadership” et “la quête obsessive de ‘l’excellence’, sans aucun regard pour les moyens employés” favorisent ce scénario. » Ce phénomène ferait même « partie de la culture organisationnelle [des universités], notamment parce qu’il est très difficile apparemment d’admettre que des professeurs puissent mettre en œuvre une stratégie d’encerclement, d’étouffement d’un collègue. Donc, on réduit toutes les campagnes de mobbing à des conflits interpersonnels. »
Pour sa part, M. Stonebanks dénonce le manque de supervision extérieure.
« Il n’y a personne vers qui on peut se tourner et dire qu’il y a un problème, déclare-t-il. Tout le pouvoir repose à l’intérieur de l’université. C’est comme une école privée qui fonctionne avec des fonds publics. » Par ailleurs, la professeure Séguin explique qu’ « il est parfaitement établi par la recherche qu’une cible qui se défend s’expose à une intensification du mobbing. Si vous essayez de vous défendre, votre tentative de défense va être présentée comme une manifestation supplémentaire de votre prétendue mésadaptation. Mon collègue Angelo Soares a aussi prouvé que si vous défendez un droit, par exemple si vous êtes une femme et que vous demandez d’être traitée équitablement avec vos collègues, vous vous exposez à être mobbée. »
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*L’Office québécois de la langue française recommande l’emploi de l’expression « harcèlement de groupe ».