Volume 27

Début octobre, Korbit Technologies a annoncé avoir levé environ 2,6 millions de dollars canadiens. Le principal investisseur est Khosla Ventures, une société fondée par le milliardaire et philanthrope Vinod Khosla.

Tuteurs intelligents

Le directeur général de l’entreprise Korbit Technologies, Iulian Serban, développe des tuteurs intelligents capables d’enseigner. Il assure que l’IA révolutionnera bientôt l’enseignement universitaire, comme l’a fait l’ordinateur. « Cette technologie offre un accompagnement personnalisé à chaque élève, une chose souvent rendue impossible pour les professeurs à cause de la grande taille des classes », détaille-t-il.

Elle permet également de soulager les professeurs d’une surcharge de travail, en laissant à l’IA les tâches répétitives ou élémentaires, comme les corrections d’exercices. « Les professeurs pourront ainsi se consacrer au côté pédagogique, qui est l’essence de leur métier, et s’attarder sur les concepts plus complexes », poursuit M. Serban.

Le développement de la jeune pousse

Korbit Technologies propose un premier cours en ligne de machine learning (apprentissage automatique), qui s’appuie sur cette technologie. La responsable de la communication de l’entreprise, Ansona Ching, précise que depuis son lancement en mai dernier, le cours compte déjà plus de 2 500 élèves inscrits, dont une trentaine ont complété la formation.

Une demi-douzaine de nouveaux cours seront proposés dès l’année prochaine, notamment en science des données appliquée à la finance, à la santé ou à l’entrepreneuriat. D’après M. Serban, ceux-ci seront payants, mais coûteront moins de 30 dollars par mois.

En parallèle, l’entreprise établit des contacts avec des entreprises et universités, dont l’UdeM, HEC Montréal et McGill, en vue de futurs partenariats. Des flip classrooms, modèles d’enseignement où la matière est apprise à la maison avec un tuteur intelligent, pour être ensuite discutée en petits séminaires, sont également en cours de test.

Des obstacles dans l’implémentation

Cependant, les tuteurs intelligents présentent aussi leurs inconvénients. « Le premier obstacle, c’est leur coût », affirme la vice-rectrice aux affaires étudiantes et aux études de l’UdeM, Louise Béliveau.

M. Serban, de son côté, relativise le coût. « L’intégration de l’IA n’augmentera le coût des études que de manière très marginale, d’autant plus si l’on considère les bénéfices engendrés en termes de qualité d’éducation », avance le chef d’entreprise. Il ajoute qu’une piste de réflexion serait de demander le financement de cette technologie au gouvernement fédérale, pour toutes les universités.

Mme Béliveau annonce qu’il pourrait y avoir des réticences du côté des professeurs. « Ces technologies requièrent une adaptation de la part des enseignants, qui doivent apprendre à les utiliser efficacement, développe-t-elle. De plus, certains pourraient craindre pour leur emploi. »

Pour le professeur de science des données à HEC Laurent Charlin, également conseiller de Korbit, il n’est pas question de substituer l’homme à la machine. « Il faut plutôt envisager l’IA à l’université comme une opportunité de tirer le meilleur des deux mondes », propose-t-il.

Le professeur, une figure (toujours) indispensable

L’élève en troisième année de baccalauréat en communication et politique Laura Zárate-Gagné souligne que les discussions avec le professeur et entre pairs, qui dépassent le cadre strict du cours, font aussi partie intégrante de la formation et du développement intellectuel et social de chacun. Néanmoins, tous s’accordent sur le potentiel certain de l’IA pour faciliter les apprentissages.

L’UdeM reste ouverte

Mme Béliveau affirme que l’Université est « ouverte » à l’IA et continuera son rôle de pionnière dans la conception et l’utilisation des nouvelles technologies. « Nous avons inauguré deux simulateurs de réalité virtuelle l’année dernière dans les facultés de sciences infirmières et d’optométrie. », rappelle la vice-rectrice.

Pour M. Charlin, l’IA a le potentiel de contribuer immédiatement à l’amélioration de l’enseignement. « L’enjeu, maintenant, c’est de mettre en relation les informaticiens et les ingénieurs qui conçoivent les logiciels avec des spécialistes de tous les domaines d’enseignement », précise-t-il. L’objectif de la manœuvre serait de concevoir des aides à l’apprentissage qui répondent efficacement aux besoins spécifiques de chaque domaine.

Le PDG et cofondateur de Korbit Technologies, Iulian Vlad Serban
Le PDG et cofondateur
de Korbit Technologies, Iulian Vlad Serban

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