Troubles psychologiques: état des lieux à l’UdeM

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Par Ethel Gutierrez
mercredi 16 septembre 2015
Troubles psychologiques: état des lieux à l'UdeM
*CsCP : centre de santé et de consultation psychologique Illustration Raphaël Dupont
*CsCP : centre de santé et de consultation psychologique Illustration Raphaël Dupont
Après la parution dans La Presse* d’un article portant sur des problèmes d’intimidation à la Faculté de médecine de l’UdeM, Quartier Libre se penche sur la santé mentale de la population étudiante. Le rapport annuel** de l’ombudsman de l’Université, Pascale Descary, fait état de plusieurs recommandations pour venir en aide aux étudiants souffrant de troubles d’ordre psychologique.
« Avec plus de publicité à ce sujet, les étudiants se sentiront plus à l’aise d’aller consulter.»
Mirza Hossain - Étudiant au doctorat en pharmacie

Pascale Descary et les ombudsmans des autres universités du Québec ont cons­taté une hausse des problèmes de santé mentale parmi les étudiants depuis plusieurs années. « C’est une réalité qui se vit dans toutes les institutions universitaires, déclare Mme Descary. Cela a été confirmé par la direction de l’UdeM lorsque j’ai présenté mon rapport. » Elle constate également l’apparition d’une nouvelle clientèle composée d’étudiants souffrant d’handicap avant leur entrée à l’université. « Ils ont plus de facilité à chercher de l’aide parce qu’ils ont bénéficié d’un soutien depuis le primaire », commente-t-elle.

Le porte-parole de l’UdeM, Mathieu Filion, assure que les recommandations de l’ombudsman ont été accueillies favorablement. « Avant même le dépôt du rapport, il y avait des discussions sur la création d’un comité formé de professionnels pour venir en aide aux étudiants », explique-t-il.

Pour l’étudiant à la majeure en criminologie Aaron Emmanuel Diaz, les troubles mentaux peuvent avoir un impact direct sur la scolarité des étudiants. « J’ai fait une dépression à la suite d’une rupture amoureuse, et je dois avouer que mes notes ont beaucoup baissé », confie-t-il.

Des cas plus sévères apparaissent parfois dans la population étudiante, selon le psychologue et coordonnateur clinique du Centre de santé et de consultation psychologique (CSCP), Daniel Moisan. « Parfois, la nature des consultations va être plus complexe, par exemple de la comorbidité, remarque-t-il. C’est la coexistence de plus d’un problème chez l’étudiant qui va avoir des répercussions sur ses études. » Il estime toutefois qu’il n’est pas possible de savoir s’il y a une hausse de dépression au sein de la population étudiante en général.

Dépistage précoce

À la lumière des résultats de son rapport annuel, Mme Descary recommande, entre autres, un dépistage précoce des situations difficiles de la part du personnel académique de l’UdeM. « Les techniciens en gestion des dossiers étudiants, les professeurs et les responsables de programme sont les personnes les mieux placées pour observer les difficultés de comportement ou la récurrence de comportements inhabituels chez l’étudiant », explique-t-elle.

Pour Mme Descary, le personnel de l’UdeM devrait bénéficier d’une formation afin de détecter le moindre problème chez l’étudiant et de signaler la situation à un comité, composé notamment de psychologues et de gestionnaires de l’UdeM. Ils pourraient alors analyser la situation et établir un plan d’action.

En présentant ses recommandations, l’ombudsman de l’UdeM s’est inspirée de la politique de l’Université Concordia, Involuntary Leave of Absence (voir article ci-contre).

Cependant, pour M. Moisan, si beaucoup d’étudiants ne sont plus en mesure de poursuivre leur parcours académique, leur imposer un arrêt d’études peut aggraver leur situation. « Cela ne leur fait vivre qu’un échec de plus et a des répercussions négatives sur leur fonctionnement psychologique. » Pour lui, il faut plutôt faire une analyse individuelle et accommoder les étudiants, par exemple en réduisant leur charge de travail.

Moyens d’action

L’étudiant au doctorat en pharmacie Mirza Hossain croit que la communauté universitaire devrait être mieux informée sur les possibilités offertes par le CSCP de l’UdeM. « Avec plus de publicité à ce sujet, les étudiants se sentiront plus à l’aise d’aller consulter, croit-il. Je suis à l’UdeM depuis cinq ans et je n’entends parler du centre que depuis peu. »

Selon l’ombudsman, les étudiants qui ne cherchent pas de l’aide parce qu’ils ont de la difficulté à accepter leur état, qui sont mal à l’aise ou qui ont tout simplement peur de consulter et d’être étiquetés font souvent face à de lourdes conséquences dans leur cheminement académique. « Ils ont dans leur dossier des mentions d’échec, d’abandon, d’exclusion, et ont même des problèmes dans leurs relations interpersonnelles avec les techniciens en gestion de dossiers », révèle Mme Descary. M. Filion assure que des mesures ont été prises à la suite de la diffusion des résultats de MmeDescary. « [Un plan d’action] sera créé dans un avenir rapproché afin de répondre aux recommandations contenues dans le rapport. »

Il existe déjà plusieurs services à l’UdeM pour venir en aide aux étudiants en détresse psychologique, comme le Centre de santé et de consultation psychologique, le Bureau d’intervention en matière de harcèlement, la Direction de la prévention et de la sécurité, le Bureau de soutien aux étudiants en situation de handicap ou encore le Comité de gestion de crise.

* « Harcèlement et intimidation à la Faculté de médecine de l’UdeM », La Presse, 4 septembre 2015.

** Paru cet été

Pour plus d’information,

Lire notre article : « Intimidation et harcèlement à la Faculté de médecine de l’UdeM : la doyenne réagit ».