Travailleur de l’ombre

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Par Valentin Bonheur
vendredi 28 février 2014
Travailleur de l’ombre
ran roeun ne sait jamais à quelle heure sa journée de travail s’achève. (crédit photo : Adil Boukind)
ran roeun ne sait jamais à quelle heure sa journée de travail s’achève. (crédit photo : Adil Boukind)

Depuis 13 ans, Ran Roeun est l’opérateur de la chaufferie et du climatiseur central au pavillon Roger-Gaudry. Ses principales tâches consistent à s’assurer que les chauffages et climatiseurs fonctionnent convenablement dans le pavillon et à réparer les machines au besoin. Un travail inconnu des étudiants, mais pourtant indispensable au bon fonctionnement de l’UdeM.

Les matins d’hiver, cinq jours par semaine, Ran Roeun commence sa journée à 7 h 15 au pavillon Roger- Gaudry, bâtiment dont il est le seul à avoir la charge. « Le campus est divisé en six secteurs géographiques ; Roger-Gaudry appartient au secteur centre, explique-t-il. Ma mission est de m’assurer que les équipements sont réglés correctement et qu’ils fonctionnent de façon sécuritaire. »

Sa première tâche en arrivant est d’ouvrir sa session sur l’ordinateur pour vérifier si des alarmes qui apparaissent sur le système informatique se sont déclenchées. Ces alarmes lui signalent les irrégularités thermiques dans le bâtiment. « La majeure partie du système est automatisée à Roger-Gaudry, affirme-t-il. Avant, on réglait les thermostats à la main, mais maintenant, c’est numérique. »

Une fois les irrégularités réglées, il ouvre un cahier dans lequel sont consignées les notes et les lectures des compteurs de la veille. « S’il y a des choses inhabituelles, je le note en marge », indique M. Roeun. Ce travail effectué, il part faire le tour des équipements pour vérifier leur fonctionnement.

Il doit relever l’indice de corrosion de l’eau ainsi que les données des différents compteurs. En premier lieu, il vérifie les compteurs du compresseur d’air, qui sont des pompes de chauffage ou de refroidissement, puis les compteurs d’eau, une tâche qui doit encore être faite manuellement. « La loi oblige de lire sur les compteurs pour les machines sous pression, prévient-il. En général, j’ai terminé tout ça vers 10 h. »

La lecture des compteurs terminée, il retourne au bureau afin de noter les nouvelles lectures dans son cahier. Il traite ensuite les appels de services par ordre de priorité. Cet exercice se poursuit jusqu’à 15 h 45, heure à laquelle sa journée se termine. « Ça, c’est l’idéal, mais ce n’est pas toujours le cas, avoue-t-il. Souvent, on vient me voir et on me dit : “j’ai besoin de toi pour arrêter tel système ou venir réparer telle machine” ». Ces appels de service peuvent être très variés. Il peut s’agir d’aller vérifier en personne une salle avec une odeur nauséabonde ou encore un local où il fait trop froid et qui nécessite une manipulation du thermostat.

Des journées de travail imprévisibles

sans l’opérateur, les chauffages ne seraient jamais contrôlés. (crédit photo : Adil Boukind)

sans l’opérateur, les chauffages ne seraient jamais contrôlés. (crédit photo : Adil Boukind)

Il y a également des réparations qui sont urgentes et qui bousculent le programme. Par exemple, les pannes qui touchent les systèmes de ventilation et de chauffage des laboratoires doivent être traitées sur-le-champ. Dans ces locaux où l’on manipule des produits parfois toxiques, le renouvellement de l’air doit être permanent. Les pannes qui touchent les salles de serveurs présentent également une certaine urgence. Il faut s’assurer que la température ne soit pas trop élevée afin d’empêcher toute surchauffe des machines.

Les fuites d’eau peuvent également perturber l’emploi du temps de l’opérateur puisque celles-ci sont parfois difficiles à localiser. « Roger-Gaudry, c’est un vrai spaghetti, confie M. Roeun en pointant les tuyaux enchevêtrés qui serpentent dans tout le bâtiment. Parfois, ce n’est pas évident pour les réparations. »

Les problèmes techniques peuvent survenir à n’importe quelle heure. « Un peu après Noël, j’ai été appelé pour résoudre un problème de chauffage, raconte l’opérateur. Je suis revenu vers 23 h pour réparer la valve de chauffage et j’ai terminé la réparation vers 2 h du matin. À 2 h 30, j’étais rentré à la maison et j’ai vu ma femme avec le téléphone dans les mains. C’était la sureté à l’autre bout du fil. J’avais encore mon manteau sur le dos. Un dégât d’eau est survenu, alors j’ai finalement terminé la réparation à 4 h du matin. »

Malgré les imprévus, M. Roeun estime que ses conditions de travail se sont améliorées. « Il y a eu beaucoup de rénovations, notamment sur les équipements qui sont plus ou moins automatisés et ça fait vraiment du bien », assure-t-il. L’opérateur a entre autres observé des rénovations visant à réduire les coûts énergétiques et à permettre une meilleure automatisation du système.