Culture

La troupe du TUM fait la lecture de leurs textes théâtraux, plutôt que d'apprendre ceux-ci par coeur. Photo : Jacob Côté

transcender la lecture théâtrale

L’heure de la nuit est la toute première mise en scène d’Audrey Perreault au TUM. Les comédiens étant recrutés en début de session, il a fallu assurer la présentation d’un produit fini en relativement peu de temps. Pour y arriver, la metteuse en scène, qui est également finissante en jeu à l’École nationale de théâtre du Canada, a d’abord misé sur une forme précise de représentation, soit la mise en lecture. « Les acteurs ont leur texte en main, explique Mme Perreault. Ils ne l’apprennent pas, ils le lisent sur scène. Il n’y a pas de discipline à faire par rapport à l’apprentissage du texte ni de grosse mise en scène. Ça a beaucoup aidé. On met vraiment les acteurs et le texte en valeur. »

Mme Perreault explique que la mise en lecture représente habituellement une étape préparatoire du travail de mise en scène. Elle considère que cette forme rend primordial le fait de travailler le texte au maximum pour assurer un rendu intéressant. « On a vraiment pris le temps, avec les comédiens, de réfléchir sur le texte et d’en parler, afin que chacun puisse trouver le rythme et l’intonation adéquats, souligne-t-elle. Tout ou presque passe par la voix. Ce sont de grands thèmes qui sont abordés, et les comédiens doivent les sentir en eux pour pouvoir les communiquer. Après, le jeu était beaucoup plus simple, beaucoup plus naturel. »

Une exploration poétique universelle

21L’étudiante de cycles supérieurs en informatique et comédienne de la pièce Caroline Dakoure précise que le texte se concentre davantage sur la psychologie du personnage, misant sur l’universalité du message dans un rapport au temps déconstruit, à la manière d’un fil de pensées. « L’absence de ponctuation dans le texte représentait un défi, mais elle nous a vraiment permis de prendre certaines libertés par rapport au texte, d’en faire notre propre interprétation, indique-t-elle. C’est vrai qu’on a eu peu de temps pour faire le travail, mais cela nous a justement permis de nous immerger plus rapidement, de tout ressentir plus intensément. »

Tout au long de la pièce, le spectateur suit un seul et même personnage, un être humain qui veut se sauver de son angoisse, sans y parvenir. « Il s’agissait, au départ, d’un monologue qu’on a divisé entre les différents comédiens, pour que chaque personne porte la même voix, explique Mme Perreault. À la fin, on a formé un chœur. » Bien que l’apport individuel de chacun enrichisse le texte, la metteuse en scène veut que l’accent reste sur l’exploration émotive commune et sur la dimension universelle du texte de Mme Moffet. « Les huit interprètes peuvent dire exactement la même chose, mais cela ne sort jamais de la même façon d’une personne à l’autre, affirme-t-elle. Cela explique l’utilisation du chœur : on s’assure ainsi que le plus de personnes possible puissent s’y reconnaître. »

Choisir ses comédiens, un enjeu déterminant

En raison des contraintes de temps, le choix des comédiens a constitué un enjeu pour Mme Perreault, qui voulait s’assurer d’avoir une solide équipe à ses côtés : « Je les ai choisis à la fois pour leur énergie et pour leur sensibilité, mais aussi parce qu’ils démontraient une certaine facilité à aller dans le même sens que le texte », développe-t-elle. Les comédiens ont dû se soumettre à un exercice de chœur au moment de leur audition, afin d’évaluer leur capacité à s’écouter mutuellement et à se relancer. « Nous n’avions pas le temps de travailler ça, précise la metteuse en scène. J’ai pris les personnes qu’il me fallait en fonction du rythme à suivre et de leur capacité à travailler en groupe. Il faut être alerte pour performer un texte de chœur. »

Mme Perreault a réalisé un travail en amont pour ses comédiens, en repérant les références émotives dans le texte et en faisant le découpage pour eux, consciente du fait que ces étudiants doivent concilier le théâtre avec les études. Selon elle, cela leur a notamment permis de se « brancher » sur leurs émotions plus efficacement et ainsi d’accélérer leur travail. « On lui doit une fière chandelle, témoigne le comédien Noé Demarne. Au rythme de six heures de répétitions par semaine, ça implique certains sacrifices côté temps. Mais quand la passion y est, ce n’est pas gênant. Le travail de chœur a beaucoup aidé : une belle cohésion s’est très vite créée entre nous et on a rapidement tissé des liens. »

Malgré le manque de temps, Mme Perreault a toujours gardé espoir et est très fière du travail accompli par sa troupe. « C’est sûr que j’aurais aimé avoir plus de temps avec eux, mais je suis confiante, confie-t-elle. Les comédiens se laissent vraiment toucher, et à leur tour, ils deviennent touchants, ils rendent ça beau. »

La représentation du vendredi 22 novembre a été suivie d’une séance de discussion avec les comédiens, qui ont eu l’occasion d’échanger avec le public sur leur expérience et leur ressenti.

La metteuse en scène Audrey Perreault. Photo : Jacob Côté
La metteuse en scène Audrey Perreault. Photo : Jacob Côté

Partager cet article