Volume 19

Tous pour la hausse des prêts et bourses

Pas d’idées nouvelles, ni de solutions concrètes : le débat public POUR ou CONTRE la hausse des frais de scolarité organisé le 29 février par des étudiants de l’UdeM et de HEC Montréal a été l’occasion d’un rabâchage d’arguments usés. Les deux camps s’entendent toutefois sur l’insuffisance du programme de l’Aide financière aux études (AFE).

Rien de nouveau sous les éclairages tamisés de HEC. Crédit Pascal Dumont

« Le programme des prêts et bourses n’est pas une solut ion pour contrer les effets négatifs de la hausse. En vérité, 98 % de la bonification des prêts et bourses sera payée par les étudiants», a déclaré au micro François Laliberté-Auger, un étudiant de l’UQAM contre la hausse.

Il rejoint les conclusions publiées en octobre dernier par la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) dans une note d’information: «Au final, les étudiants universitaires financeront les [nouveaux] programmes de l’Aide financière dans une proportion plus importante que le gouvernement.» Selon l’analyse que fait la FEUQ du budget Bachand, l’augmentation des prêts et bourses sera essentiellement financée par la hausse des frais de scolarité.

Même Émilie Dubuc, qui arbore le rond vert de ceux qui appuient la hausse, évoque une « pseudobonification » de l’AFE. « Je suis pour l’augmentation, mais je n’appuie pas la position du gouvernement Charest. Une hausse des frais ne doit pas se faire sans une augmentation notable [et réelle] des prêts et bourses», a-telle déclaré.

Youri Chassin, chercheur à l’Institut économique de Montréal (IEDM), lui aussi en faveur de la hausse, corrobore ces propos. «Si jamais il y a une manifestation pour l’amélioration de l’aide financière, j’irai manifester», a-t-il affirmé.

Une étudiante en sociologie de l’UdeM met les points sur les « i » : «Je serai brève. Dans le fond, les prêts et bourses, c’est moins qu’un chèque de BS», a-t-elle asséné lors de son passage au micro.

 

On connaît la chanson

À l’exception de ce consensus sur l’insuffisance des réformes de l’AFE, le reste de la joute oratoire a donné une impression de déjà-vu.

Le camp du Non était composé de Simon Tremblay-Pépin, chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) – un groupe de réflexion de gauche – et de Paul Sabourin, sociologue et professeur à l’UdeM. Ils ont soutenu que «l’éducation n’est pas un privilège, mais un droit». Ils ont une fois de plus dénoncé l’endettement étudiant et l’intégration trop poussée des universités au secteur privé.

Robert Lacroix, ancien recteur de l’UdeM et membre du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO), et Youri Chassin de l’IEDM, un groupe de réflexion de droite, représentaient le camp du Oui . Ils ont quant à eux défendu l’idée que « l’éducation n’est pas un droit, mais un investissement ». Sans surprise, ils ont avancé que les frais ne sont pas un obstacle majeur à l’accessibilité.

Charles-Olivier Simard, étudiant à la maîtrise à l’UdeM, s’est dit insatisfait du débat. « Inutile de se prononcer si on ne réfléchit pas à la gestion des frais et aux implications précises de cette hausse, dit-il. On s’est concentré sur des frictions idéologiques, mais il faut être plus pragmatique, sinon on va se faire passer un sapin [par le gouvernement]. » À l’heure où les étudiants descendent dans la rue par dizaines de milliers, les théoriciens du débat autour de la hausse des frais de scolarité semblent camper sur leurs positions.

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