Ton sexe est pareil que le mien, Mon amour

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Par Pascaline David
mercredi 8 décembre 2010
Ton sexe est pareil que le mien, Mon amour

Tempête dans mon regard : Bang ! Bang ! Téquila. Ce soir, je suis Sidérante : je me roule sur le trottoir. Rien d’officiel dans ma rampante démarche, sinon le fait que mon objectif ponctuel n’a rien à voir avec la Gloire. Je suis rouge de manteau de cuir, noire dans mon Artificiel Imaginaire, transparente de vision. Le portier du bar menace d’appeler l’ambulance. Ça sent le frais supplémentaire.

Noir regard en brides qui m’explore les traits, lorsque je me réveille le lendemain. Holy Jesus Christ, je ne vois rien. Sous mon somptueux toupet doré, mes yeux ne sont pas révulsés, juste éclatés : je laisse mes paupières me protéger l’état d’âme et le flou d’oeil, qui n’a rien d’artistique. «Chérie, ton inconscience n’a d’égale que ta vulnérabilité à l’influence de tes amis», murmure-t-on dans mon lit. Tiens, un Récapitulatif de ma Vie. Il n’y a que Mon Amour pour élaborer de telles théories avant même que je ne me rappelle de qui je suis. Je me fie à mon dernier souvenir : je suis une Tranche de Bacon (qui grille dans la nuit).

Je suis végétarienne. Pour sa part, Mon Amour aime bien le lard fumé, avec du café et des toasts le matin. J’ouvre les yeux à nouveau, Mon Amour m’observe encore le visage de ses noirs iris. «Julie et Ashley ont frenché dans les cabines des filles hier soir », dis-je, le souffle coupé pour ne pas l’étouffer. «Je sais Mon Amour, j’étais là », répond-elle. « Ça va, Mon Amour ? », s’enquiert-elle. Je l’aime. « Oui, Mon Amour», dis-je, posant ma main sur son sein, évitant de l’embrasser, parce que je ne veux pas l’intoxiquer : Je me distille encore un peu. Je cache mon nez, ma joue, mon front, mes lèvres, mes sourcils et mes cils dans son cou. «Je t’aime», dis-je, avec mon coeur émoustillé.

Aujourd’hui, nous allons à la chasse en Abitibi- Témiscamingue ; Réal, une connaissance italienne, nous prête son shack dans le bois une semaine chaque année. Pour éviter d’exacerber quelque soupçon de lendemain de veille, je me garnis de lunettes sombres et entreprends de me brosser les dents. Tout est prêt pour notre rituel annuel lesbien à la face du monde : nos guns, nos machettes, nos bottes à cap d’acier, notre camouflage et nos appeaux. «Oublie pas la bière !», hurle Mon Amour de sa minuscule voix pendant que j’encombre le truck. Mon Amour n’aime pas vraiment la bière, sauf celle du Paradis de la Bière, sur Beaubien. J’embarque quelques bouteilles de Paradis. C’est moi qui conduis : je démarre sur un viril crissement de pneu. «Il faudrait arrêter au Canadian Tire», dit mon Oriental Amour. «Oui», dis-je, posant ma main sur son Asiatique Cuisse.

«Merde», sacre Mon Amour en mettant le pied sur le sol témiscabitibien, «j’ai encore oublié les munitions. » Je hausse un expert sourcil surpris. Ça fait partie de la coutume. Chaque année, il faut faire semblant de ne pas savoir que nous ne ferons rien d’autre de la semaine que baiser. Rien de marginal : Dans notre spectaculaire position, tout le monde agirait ainsi.