Battre la mesure

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Par Anna-Luna Rossi
jeudi 29 novembre 2018
Battre la mesure
Les répétitions du concert ont débuté à la mi-septembre. (Photo : Benjamin Parinaud)
Les répétitions du concert ont débuté à la mi-septembre. (Photo : Benjamin Parinaud)
L’Ensemble de musique contemporaine de l’UdeM a présenté le 18 novembre l’évènement 100 % Mixte. Un concert mêlant électronique et instruments acoustiques, où les étudiants ont dû marquer le rythme pour coordonner les genres musicaux.

« La musique mixte est un genre musical qu’on peut considérer comme une extension du classique », explique le professeur en composition mixte Pierre Michaud. Il précise que ce courant a la particularité d’intégrer des composantes électroniques.

Harmoniser les genres

D’après l’assistant musical du concert, Benjamin Rota, un tel évènement a nécessité de nombreuses répétitions. Il a notamment fallu préparer le matériel afin que les équipes soient les plus coordonnées possible. « C’est un défi pendant les répétitions, puisque les musiciens doivent également “jouer” avec l’espace et faire corps avec la musique », précise l’étudiant.

À ce titre, Benjamin indique que les musiciens ont dû jouer avec un « clic » dans l’oreille faisant office de métronome. « Chaque mouvement de la pièce a sa propre quintessence, c’est un véritable travail de détails, autant dans les partitions de chaque instrument que dans la coordination des parties », confie-t-il. L’objectif est d’être en osmose avec la partie électronique, à raison d’au moins six heures de répétitions hebdomadaires que Benjamin qualifie d’indispensables. Il rappelle que la musique mixte présente la particularité de ne pas compter de chef dans son orchestre.

Selon M. Michaud, l’ordinateur interagit avec le geste de l’instrumentiste. « Cette connexion entre deux mondes considérés comme différents dépasse de plus en plus la frontière du son », souligne-t-il. Il rappelle à ce propos que le concert a été accompagné de projections d’images et de jeux de lumière en rythme sur les sons acoustiques et électroniques.

« Ce qui m’intrigue et me plaît dans la musique mixte est la manière dont on cherche un son qui diffère du classique, témoigne l’instrumentiste et étudiante au doctorat en musique mixte Huizi Wang. Elle raconte qu’en plus de jouer son solo de percussions, elle a dû être coordonnée avec la lumière et le son électronique qui l’accompagnaient. « C’est un challenge, car c’est un style qui réunit la gestuelle, la façon de communiquer avec le compositeur et la compréhension que chacun a de la musique », détaille-t-elle.

Briser les cordes

L’étudiante au doctorat en musique, option composition et création sonore Geneviève D’Ortun-Décarie estime que ce genre permet de briser les codes trop linéaires et ordonnés du classique. « J’aime le côté actuel de cette musique et le fait qu’on puisse imiter toutes sortes de mouvements et de sons avec nos instruments et chercher les « textures musicales », déclare la saxophoniste.

Elle révèle aussi une part d’improvisation dans l’exercice créatif. « Il faut réussir à s’intégrer à la bande préenregistrée pour rendre le son spontané, et décider soit de mélanger nos sons avec l’électro, soit de garder ça séparé sur deux plans », poursuit-elle.

Pour M. Michaud, les apports musicaux du 20e siècle ont été déterminants dans ce courant. « C’est un genre à la croisée des chemins, avec toujours un aspect d’interprétation sur scène, auquel s’ajoute la composante électronique », dit-il.

D’après le professeur, la musique mixte a longtemps consisté à interpréter une partie du concert en direct, par-dessus des sons enregistrés au préalable sur des bandes magnétiques. On parle désormais d’interaction en temps réel.

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