Tidal : déferlante ou coup d’épée dans l’eau?

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Par Etienne Galarneau
lundi 6 avril 2015
Tidal : déferlante ou coup d’épée dans l’eau?
Tidal offre une qualité sonore similaire à celle du disque compact. Courtoisie flickr.com/dtdsr
Tidal offre une qualité sonore similaire à celle du disque compact. Courtoisie flickr.com/dtdsr
Le rappeur et homme d’affaires Jay-Z a présenté à la communauté musicale internationale, la semaine dernière, la plateforme d’écoute numérique Tidal. Soutenu par le gratin de la musique populaire, Tidal se présente selon lui comme le choix équitable par rapport aux autres services, comme Deezer et Spotify.

Acquis pour 56 millions de dollars, cet outil numérique est une copropriété de certains noms les plus connus de l’heure, incluant Alicia Keys, Daft Punk et Kanye West. Il apparait d’ailleurs plutôt facile pour une nouvelle compagnie de jouer la carte de l’âme charitable, en contrepartie des autres offres déjà présentes. Depuis sa création en 2008, Spotify connait un grand nombre de critiques et possède plusieurs détracteurs dans le milieu musical. Le principal reproche adressé à la compagnie est sa distribution inéquitable des revenus auprès des artistes, allant généralement entre 0,006 $ et 0,0084 $ par écoute d’une pièce.

La carte de l’équité

Grâce à son service, Tidal présente une répartition plus avantageuse pour les musiciens offrant leurs œuvres. Cette proposition, soutenue par les copropriétaires du programme, laisse cependant plusieurs commentateurs sceptiques. Dans une bande-annonce parue le 30 mars 2015, on voit des artistes, comme Madonna et Jay-Z, soutenir que les musiciens en ont assez d’avoir la maigre part dans la distribution de leur musique. Si l’objectif est louable, le message a de la difficulté à passer lorsqu’il est défendu par les joueurs les plus importants de la scène musicale mondiale.

Le service en ligne propose aussi l’écoute de pièces exclusives provenant des différents copropriétaires. En fin de semaine dernière, la chanteuse Beyonce a lancé la pièce Die With You sur cette plateforme. Ce genre de promotion peut aisément constituer un atout promotionnel pour Tidal. Cependant, il est aussi très légitime de se demander à qui peut rapporter ce genre d’initiative. Est-ce qu’un artiste indépendant possédera les mêmes opportunités par rapport à la diffusion de son contenu musical ?

Le choix du son

Parmi les autres offres distinctives du service, on compte une qualité sonore similaire à celle sur disque compact. Contrairement à ses compétiteurs qui s’en tiennent au format MP3, Tidal présente des pièces sous le format audio FLAC, qui conserve une plus grande intégrité du son. Les grands mélomanes pourront considérer que le supplément à payer par rapport aux autres services d’écoute en ligne est intéressant pour conserver la meilleure qualité sonore. Ce genre de format doit par contre être soutenu par un matériel audio pouvant présenter une réelle différence pour l’expérience de l’auditeur.

Au final, plutôt que de ramener la chance égale à tous les joueurs, la plateforme Tidal semble rééquilibrer le jeu. En permettant aux artistes qui vendent le plus à travers le monde de produire du contenu exclusif, on redonne un portrait juste de l’état de l’espace musical global. Si la proposition est plus qu’intéressante, il faudra voir quelle position pourront prendre les artistes locaux et indépendants. Après tout, il serait absurde de parler d’une plateforme équitable au service des musiciens si celle-ci ne fait que cultiver les inégalités du féroce marché de la musique populaire.