Culture

Théâtre : Obsédé par Kubrick

À quel point peut-on être dévasté par le décès de son idole ? La pièce La mort de Kubrick, écrite et interprétée par David- Alexandre Després, explore l’obsession d’un homme, fan fini du cinéaste américain Stanley Kubrick. Rencontre avec l’auteur.

Le scénariste et acteur David-Alexandre Després (Crédit photo : Andréanne Chevalier).

Truffés d’innombrables références à la vie et à l’oeuvre de Kubrick dans les citations, les éléments visuels et les faits, la pièce – mise en scène par Olivier Morin – se veut un hommage au réalisateur de Shining, 2001 : L’odyssée de l’espace et Orange mécanique. « Mon premier but est d’inviter les gens à connaître Kubrick si ce n’est pas déjà fait», e xpl ique David- Alexandre Després.

La mort de Kubrick n’aurait pu être écrite que par un admirateur du cinéaste américain, ce que Després confesse. «Dans la pièce, on voit quelqu’un qui vit par procuration, qui s’oublie dans son fanatisme, poursuit-il. Je suis moi-même un collectionneur, un grand admirateur de musique et d’auteurs. J’ai un côté geek, mais mes intérêts sont diversifiés. Vivre à travers une seule autre personne, comme le fait le personnage principal, Alex, c’est triste.»

Mars 1999. Le personnage Alex Conway mène une vie rangée et solitaire, ponctuée de crises de psoriasis. Une vie dirigée en entier vers son obsession, le cinéaste Stanley Kubrick. Il connaît tous ses films par coeur. Il se fait plaisir en commandant des bouquins ou d’autres accessoires qui lui donnent l’impression de se rapprocher de son idole. Sa dernière acquisition ? Le scénario de Napoléon, idée inachevée de Kubrick, un document réel qui a fait l’objet d’un commerce sur le Web à la fin des années 1990.

Alex existe littéralement sous le regard de Kubrick, qui, grâce à une photographie format géant sur le mur de son salon, veille sur lui. Puis, Alex remporte un concours. Il gagne l’occasion d’assister à la première d’Eyes Wide Shut, le plus récent film du maître. Alex s’imagine déjà rencontrer son héros et discuter avec lui. Rien ne pourrait le rendre plus heureux.

Mais Kubrick meurt quelques semaines avant la première. Le monde d’Alex s’écroule. Il perd une partie de lui-même. Le jeune homme est dévasté et ses démons oubliés reprennent le dessus. Il disjoncte. Sa propriétaire transsexuelle, une jeune femme qui le gardait lorsqu’il était enfant vient le hanter et exacerbe sa violence et sa sexualité longtemps refoulées. La déviance d’Alex ainsi réveillée, il se met à vivre un cauchemar.

Selon David-Alexandre Després, auteur de la pièce, l’admiration d’Alex pour Kubrick est ce qui le maintient inoffensif jusqu’à la catastrophe. « Kubrick retient Alex. Quand il écoute un film, ça le calme. Penser au cinéaste le sécur i s e . La mor t de Kubr i ck l e réveille», fait valoir l’auteur.

Il signe ici sa deuxième pièce. La première, Vroom!, était un monologue qu’il a lui-même interprété. Cette fois-ci, trois comédiennes l’accompagnent. «Écrire pour d’autres est un défi. Ça demande de l’humilité, de l’ouverture. Il faut être malléable.»

Au Théâtre La Chapelle, 3700, rue Saint-Dominique, jusqu’au 31 mars.

Partager cet article