Théâtre : c’est mieux quand c’est court

icone Culture
Par Marine Bercovy
jeudi 10 octobre 2019
Théâtre : c'est mieux quand c'est court
Les comédiens Luc Morrissette et Tracy Marcelin interprètent la pièce La peine des jours, mise en scène par Olivier Sylvestre. Crédit : Daniel Marleau
Les comédiens Luc Morrissette et Tracy Marcelin interprètent la pièce La peine des jours, mise en scène par Olivier Sylvestre. Crédit : Daniel Marleau
La quatrième édition du Festival tout’tout court (FTTC) a lieu du 9 au 19 octobre dans divers lieux de l’arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. Le festival, qui propose des pièces de théâtre de 10 minutes et moins, se veut chaleureux et accessible, tant pour les comédiens que les metteurs en scène, expliquent ses cofondateurs.
« L’été, ça va encore, mais c’est l’hiver que ça se gâte. Le pire, c’est quand ça descend ben frette, comme l’hiver passé. Tu passes ta journée à faire la navette d’un calorifère à l’autre, dépanneurs, guichets automatiques, centres de jour, salons de massage; ta vieille mère dans son HLM où t’as pourtant plus le droit d’aller, à cause du grabuge que t’as fait la fois d’avant; tes enfants Mélanie pis Jonathan, qui te parlent plus depuis combien d’années, Estelle ta petite-fille que t’as jamais rencontrée, ça, c’est ben ben frette; tes compagnons de rue qui meurent les uns après les autres, à qui tu parles encore dans ta tête, tes fantômes qui te suivent tout le temps, entre deux dalles de trottoir. »
Olivier Sylvestre - La peine des jours

« L’idée est de démocratiser l’accès au théâtre avec la courte forme », déclare la directrice générale et artistique du FTTC, Véronick Raymond. Elle explique que seuls des courts textes d’environ une dizaine de minutes sont retenus. « Un autre critère très important pour nous est que le texte puisse être monté », ajoute-t-elle. Les textes doivent s’adapter à une scénographie modeste, puisque les courtes pièces s’enchaînent les unes après les autres, sur une même scène.

Un défi d’imagination

Pour l’écrivain et journaliste Charles Prémont, anciennement pigiste de Quartier Libre, il s’agit d’un véritable défi que de construire une histoire et de transmettre un message en si peu de temps. « Ce sera un coup de poing », affirme-t-il au sujet de sa pièce Paul s’en va, qui dépeint les derniers jours d’un homme atteint de démence. Selon lui, ce traitement inusité d’un sujet pourtant sensible est passible de susciter des réactions chez le public. « Ça va permettre de tester la réaction des gens », prévoit-il.

Mme Raymond déclare pour sa part que ce format théâtral exige de faire l’exposition des personnages de manière très efficace et créative. « Chaque mot est essentiel, précise-t-elle. Tout mène vers la chute. »

L’écrivain Olivier Sylvestre, qui présentera sa pièce La peine des jours en anglais dans le volet bilingue, déclare pour sa part que l’avantage d’une courte pièce est son aspect punché. « Ça permet une liberté, d’aller dans l’imaginaire absolu », souligne-t-il.

Une initiative québécoise qui prend forme

Si pas moins de sept diplômés de l’UdeM figurent au programme du FTTC cette année, la troupe Théâtre Université de Montréal (TUM) aura influencé le parcours d’au moins l’un d’eux, selon M. Sylvestre. « C’est grâce à cette troupe que j’ai connu le théâtre dans ma vie, relate-t-il. C’est plus que du théâtre amateur : c’est un lieu où l’on apprend qui l’on est, où on se découvre une vocation. »

Mme Raymond mentionne que le FTTC est le premier de ce genre au Québec et que sa singularité réside dans son ouverture aux différents arts scéniques. « On veut cette diversité de pratique », déclare-t-elle. Par exemple, pour l’ouverture du festival, la poète innue Maya Cousineau-Mollen présentera son recueil de poésie intitulé Béviaire du matricule 082.

Selon la directrice du festival, le théâtre de courte forme peut interpeller un nouveau public. « C’est l’outil parfait pour que les gens découvrent le théâtre quand ils n’ont pas l’habitude d’y aller », déclare-t-elle.