Théâtre : Bonnes Bonnes, ou Jean Genet sauce chili

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Par Alexia Boyer
jeudi 13 avril 2023
Théâtre : Bonnes Bonnes, ou Jean Genet sauce chili
Charo Foo Tai Wei et Meilie Ng dans les rôles des bonnes de la pièce éponyme de Jean Genet. - Crédit photo : Svelte Anatasova
Charo Foo Tai Wei et Meilie Ng dans les rôles des bonnes de la pièce éponyme de Jean Genet. - Crédit photo : Svelte Anatasova
Dans la pièce Bonnes Bonnes, présentée au Théâtre aux Écuries, une metteuse en scène sino-canadienne fait découvrir son adaptation de la pièce Les Bonnes de Jean Genet à deux autres femmes d’origine chinoise. Les trois comédiennes confrontent alors leurs expériences et ressentis en tant que femmes issues d’une minorité ethnique.

Quels liens peut-on trouver entre une pièce de théâtre française de 1947 et la diaspora chinoise au Canada ? Bien plus qu’on le pense, et la pièce Bonnes Bonnes de Sophie Gee et Tamara Nguyen le prouvent.

Sophie Gee y joue son propre rôle : celui d’une metteuse en scène canadienne d’origine chinoise, qui présente son adaptation des Bonnes, une pièce de Jean Genet, à deux autres femmes sino-canadiennes, Charo Foo Tai Wei et Meilie Ng. Celle-ci met en scène deux « bonnes », dans le sens de « servantes », qui éprouvent autant d’admiration que de haine pour leur patronne et tentent de la tuer.

Situer la discussion autour de la préparation d’une sauce traditionnelle chinoise appuie l’importance de la cuisine dans la transmission culturelle. – Crédit photo : Svetla Anatasova

Mise en scène des identités

Bonnes Bonnes se construit en deux dimensions : une captation vidéo de la pièce Les Bonnes, interprétée par Charo Foo Tai Wei et Meilie Ng, projetée sur le mur de la scène, et la discussion des trois femmes sur scène, autour de la préparation d’une sauce chili.

Au fil de la pièce, le choix des Bonnes pour aborder la problématique de l’identité culturelle prend tout son sens. En effet, la démarche d’adapter une œuvre occidentale pour mettre en scène son propos sur l’identité chinoise incarne en elle-même l’intersection entre les différentes identités de la co-autrice. La figure de la bonne est également lourde de sens dans le contexte de la pièce. Elle fait à la fois écho au stéréotype de la femme asiatique soumise et aux emplois de domestiques, souvent occupés par les femmes chinoises dans l’Ouest canadien, d’où vient d’ailleurs Sophie Gee.

La pièce répond ainsi elle-même, en quelque sorte, à l’une des questions qu’elle soulève : est-il pertinent pour les communautés culturelles de s’emparer d’œuvres occidentales pour transmettre un message sur leurs réalités ?

Crédit photo : Svetla Anatasova

Paradoxal, mais universel

En 1 h 35, les trois femmes, que leurs origines communes rassemblent autant qu’elles divisent, explorent les formes multiples, évolutives et, parfois, contradictoires que peut revêtir l’identité des Canadien·ne·s issu·e·s des communautés culturelles.

 Bonnes Bonnes parvient ainsi à donner une résonance universelle à des ressentis individuels. Les réflexions des comédiennes sino-canadiennes ne laisseront ainsi pas indifférent·e·s les spectateur·trice·s dont l’identité culturelle chevauche plusieurs héritages.

Voir Bonnes Bonnes à Montréal

Pièce de Sophie Gee et Tamara Nguyen interprétée par Sophie Gee, Charo Foo Tai Wei et Meilie Ng.

Théâtre aux Écuries jusqu’au 22 avril 2023

Tarifs :

  • Régulier : 28 $
  • Étudiant : 23 $
  • 30 ans et moins : 25 $

Information et réservation