«On a rarement peur dans la vie, du moins dans nos sociétés, croit le professeur agrégé au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’UdeM et spécialisé dans l’horreur, Bernard Perron . Je ne suis pas sûr que dans les pays en guerre, les gens se déplacent autant au cinéma pour voir des films d’horreur. » La recherche d’émotions fortes est l’une des raisons de la popularité de ce genre cinématographique selon le professeur.
« On ressent une certaine adrénaline quand on regarde de tels films », explique l’étudiante au baccalauréat en sciences de la communication Jeanne Bronoel. Aller voir un film en groupe est également plus rassurant pour plusieurs, et fait même partie du jeu, selon l’étudiante. « Je n’aime pas les films d’horreur si je ne les regarde pas entre amis », assure-t-elle.
Si ce genre a autant de succès, c’est essentiellement à cause de l’atmosphère qu’il crée et qui plonge le spectateur dans l’effroi, selon l’étudiant en majeure en études cinématographiques Boris Palefroy. « Quand tu vas voir un film d’horreur, c’est surtout pour te laisser prendre par les images et pas par un scénario bien ficelé », croit-il.
Les films d’horreur se déclinent en plusieurs catégories, les films de terreur étant particulièrement en vogue actuellement. « On n’y voit rien, mais on imagine tout, explique M. Perron. Peu importe le type d’horreur représenté, lesconventions et les codes sont connus, personne ne va voir un film d’horreur sans savoir à quoi s’attendre avec tous les pièges qu’on peut bien lui tendre. »
Une recette efficace
Pourtant, ce sont grâce à ces codes sans cesse réinventés que le genre de l’horreur continue d’angoisser selon le professeur. « Qu’on le veuille ou non, on aura toujours des sensations quand c’est bien fait, puisque la surprise est un mécanisme naturel, estime Bernard Perron. Pour cela, il faut une bonne construction de l’atmosphère, l’utiliser et la travailler tout au long du film. »
La recette d’un bon film d’horreur ne serait pas non plus réussie sans une bande sonore suffisamment effrayante. « Je pense que la musique angoissante permet à la peur de se créer beaucoup plus facilement, indique Jeanne. Je pense par exemple au film du réalisateur américain Steven Spielberg, Les Dents de la mer. » Plonger le spectateur dans cette atmosphère angoissante serait plus facile que de chercher à le faire rire, selon l’étudiante.
M. Perron reste quant à lui nuancé sur la question. « C’est selon le feeling de chacun, selon ce qu’il préfère vivre comme émotion », croit-il. Tout dépend du spectateur, il faut vouloir se prendre au jeu.