Tendance livre 2.0

Depuis plusieurs années, les sociétés éditoriales du Web ont démocratisé l’industrie de l’édition. Ces chevaliers du livre, comme Amazon ou Ibook, offrent une seconde chance aux manuscrits en mal de publication. Désormais, le texte est libéré du seul modèle d’édition, l’imprimerie autrement dit, en s’ouvrant au marché de la toile, où chacun est libre de publier et de lire instantanément.

En matière de fiction, les internautes débordent d’imagination : le livre s’attable au réseau et investit de nouveaux concepts, à l’exemple du Fanfiction. Apparu dans les années 60 à la suite de Star Treck, ce mouvement propose aux utilisateurs de développer la continuité d’un livre, d’une série ou de broder autour d’une vedette ou d’un personnage de roman. Ce genre nouveau, pleinement inventif, s’adresse à tous les âges et ne se gêne d’aucune convention. Le jeu est à la participation : de fil en aiguille, les doigts s’agitent sur le clavier et une trame prend vie sur l’écran. Chacun nourrit le récit d’une idée ou d’un commentaire; l’écriture n’est plus solitaire, mais devient le fruit d’un travail collectif, faisant du Fanfiction une forme d’art à part entière.

Une seconde jeunesse

La mode de BookTube, encore très peu implantée au Québec, remporte un franc succès sur Internet, notamment en France et chez nos voisins américains. Les amateurs du livre s’improvisent critiques littéraires et s’attaquent aux livres en vogue, pour en débattre sur YouTube. Ce concept animé est doublement interactif et apporte une dynamique singulière, bien loin des formalités du blogue et de la critique traditionnelle.

Les « booktubers » ont souvent entre 15 et 25 ans et tablent sur les fictions pour adolescents et jeunes adultes. Servies dans un langage frais et contemporain, pensées avec humour, ces vidéos initient les jeunes générations à l’activité du livre. La promesse, peut-être, d’une plus grande nation de lecteurs.

C’est un engouement de taille qui se prépare, servant noblement la cause du livre : de statut d’antiquaire à celui de gadget il fait, lui aussi, sa petite révolution. Néanmoins, ce progrès est à double tranchant : du livre audio aux tablettes sophistiquées de lecture, l’empire de papier est mis à mal par l’ascendance numérique. Le laisser périr conduirait à la destruction d’un patrimoine et celle, plus manifeste, de toute une génération de lecteurs. Un appel urgent au compromis et à la cohabitation des livres, numériques ou traditionnels est nécessaire.

En attendant, on l’espère, lire sera bientôt aussi tendance que de piloter les manettes d’un jeu.