« Il y a aussi Séoul, Seattle, Stockholm, Washington… Mais Montréal, c’est la ville où il y a le plus d’évènements swing dans la semaine » : Pour Didier Jean-François, professeur de danse et gérant de l’école Studio 88-SWING, pas de doute, Montréal est la ville du swing.
Mardi soir, au Petit Medley. «Step, step, rock step » : pendant une heure, les deux professeurs venus de l’école Studio 88-SWING scandent ce refrain. Guiz, le barman, soupire : «Ça fait dix ans que j’écoute le même cours chaque semaine!» Tous les mardis soirs, néophytes, apprentis et professionnels viennent chauffer la piste de danse improvisée du Petit Medley. Fait étonnant : il y a autant d’hommes que de femmes, et les couples alternent de partenaire au rythme des changement de morceaux. C’est ainsi qu’un homme au cuir chevelu gominé, habillé d’un élégant costume des années 1920, se retrouve à faire tourner sur ellemême une jeune fille à rastas. La programmation musicale alterne morceaux des années folles, rock’n’roll, mélodies jazzy, reprises plus récentes : même les frileux au comptoir ne peuvent s’empêcher de taper du pied.
« Il n’y a pas qu’une façon de danser le swing», explique Jonathan Desroches, professeur de swing. Entre autres, il y a le Lindy Hop, la façon la plus classique de danser, mais aussi le West Coast swing, plus groovy, qui se danse sur n’importe quel type de musique. En guise d’illustration, Jonathan prend sa collègue Marie-Anne par la taille et improvise une chorégraphie sur le trottoir, la clope aux lèvres. Ca paraît simple, et c’est surtout très classe. Jonathan explique le pourquoi du comment: «C’est du lead and follow. C’est free. T’as pas un balai dans le cul comme dans certaines autres danses. » Un gars qui danse le swing, paraît-il, c’est toujours winner. «L’avantage du swing quand tu es un gars, c’est que tu danses avec des jolies filles, des fois très collé, très cochon. Mon pote qui fait du hockey, lui, il prend des douches avec des gars tout nus », rigole Jonathan Desroches, 19 ans, et visiblement pas dupe.
Un peu plus tard dans la soirée, les habitués arrivent, avec leurs pantalons à pince et leur panama. C’est l’heure du jam : à tour de rôle, des duos viennent au milieu du cercle formé pour enflammer le dancefloor. C’est alors au tour de Max Pitruzzella et d’Annie Trudeau, les deux champions internationaux de swing. Depuis trois ans, ce couple rafle la mise à tous les concours : Championnats de swing canadiens, Championnat international de Lindy Hop de Washington, etc. Max ressemble aux mauvais garçons italiens d’un bon Coppola. Et quand il danse avec Annie, on retient son souffle : humour, technique, rire, dynamisme, acrobatie… un cocktail explosif.
Annie Trudeau a créé l’école de swing Studio 88-SWING, avec Didier Jean-François : «À la base, on était juste un groupe d’amateurs qui voulaient que la compagnie du swing grandisse.» Un succès, puisque l’école et le Petit Medley ont largement fait revivre la communauté à Montréal. A l’école de danse Studio 88-SWING, l’ambiance est plus tranquille et relax le jeudi soir, loin de la folie furieuse régnant au Petit Medley. En somme, les soirées swing, c’est comme regarder un bon film des années 1920 où les acteurs bougent en accéléré : on ne s’en lasse pas.
MONTRÉAL, VILLE DU SWING
Du swing, il y en a pour tous les goûts, tous les soirs : le mardi au Petit Medley, le mercredi aux Bobards, le jeudi au Studio 88- SWING, le vendredi au Cat’s Corner, et le samedi au Jazz Hot.
À ne pas manquer: Le Grand Bal Swing avec le Ballroom Blitz Big Band, le 18 novembre 2010 au Théâtre Rialto.