Depuis 35 ans, le batteur d’origine cubaine Ignacio Berroa a collaboré avec les grands noms du jazz comme Chick Corea, Charlie Haden et surtout, le réputé trompettiste Dizzy Gillespie, un des premiers à avoir utilisé les rythmes afro- cubains dans le jazz. « Une des spécificités de M. Berroa est d’être un maître à la fois dans le jazz plus traditionnel et dans les rythmes afro-cubains », souligne le gérant du Big Band de l’UdeM Gabriel Genest.
Ignacio Berroa accompagnera les étudiants du Big Band sur scène pour un concert qui mêlera musique traditionnelle cubaine et pièces de jazz célèbres réarrangées en version latin jazz, comme Night in Tunisia de Dizzy Gillespie. « C’est un style de musique très festif qui demande beaucoup d’énergie aux musiciens », affirme M. Genest.
Les étudiants pratiquent ce répertoire qu’ils connaissaient peu, depuis le mois de janvier. Ils ont eu l’occasion de le tester auprès du public début février au bar St-Denis. « Les gens étaient fous, raconte l’étudiant au baccalauréat en interprétation jazz et saxophoniste Patrice Luneau. Ils se levaient pour les solos, ils se mettaient à hurler, c’était une ambiance incroyable. »
Une autre culture musicale
M. Genest pense que la présence d’Ignacio Berroa peut permettre aux étudiants de mieux appréhender la complexité rythmique de la musique afro-cubaine. « C’est un style musical qui comprend beaucoup de subtilités et de nuances dans l’interprétation, explique-t-il. C’est une grande chance pour les étudiants de jouer avec quelqu’un qui les maîtrise parfaitement. »
L’étudiant au baccalauréat en interprétation jazz et batteur William Régnier espère que cette rencontre permettra aux étudiants d’en apprendre plus sur le rapport d’Ignacio Berroa à la musique. « Ce qui sera intéressant, ce sera de voir comment sa culture cubaine a imprégné sa personnalité musicale, souligne-t-il. L’approche cubaine de la musique n’est pas du tout “scolaire”, contrairement à l’éducation musicale nord-américaine. »
La veille du concert, Ignacio Berroa présentera un cours de maître en batterie ouvert à tous, qui devrait notamment aider les étudiants du Big Band à se familiariser avec son approche rythmique. « On apprend beaucoup grâce aux classes de maître, estime Patrice, qui en regarde souvent sur Internet. C’est toujours intéressant quand un maître de la musique s’ouvre aux autres et partage une vue d’ensemble de sa conception et de son interprétation de la musique. »
Les rythmes afro-cubains ont été introduits dans le jazz américain dans les années quarante et le métissage s’est poursuivi au fil des vagues d’émigration cubaine. Ils sont encore très utilisés dans le jazz contemporain. Ignacio Berroa reviendra sur cette histoire le 22 mars lors d’une conférence.