Sur les planches

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vendredi 4 novembre 2016
Sur les planches
Capture d'écran du reportage L'Épervier de Patrice Pellerin, dessinateur et scénariste français de bandes dessinées.
Capture d'écran du reportage L'Épervier de Patrice Pellerin, dessinateur et scénariste français de bandes dessinées.
La bande dessinée québécoise ne s’est jamais aussi bien portée ! Reconnue dans le monde et sur la scène francophone, elle jouit d’une visibilité croissante, notamment en France où était reçu, le mois dernier, le célèbre bédéiste québécois Michel Rabagliati. Que vous soyez amateurs du genre ou simples néophytes, rentrez dans la bulle d’un art pas comme les autres.

Ni tout à fait apparentée à l’art ni considérée comme de la littérature, la bande dessinée est un genre indépendant, bien loin des traditionnelles formes d’écriture. De nature mixte, elle est aussi une invention récente — une rencontre entre le texte et le dessin — qui a revisité la narration comme aucun autre genre avant elle… et qui a séduit le monde entier.

Le vilain petit canard de la littérature

La bande dessinée est avant tout un art populaire, élue du grand public et des grandes sociétés de production de cinéma. Pour s’en rendre compte, il suffit de jeter un coup d’œil aux Marvel ou à la toute récente adaptation cinématographique de la BD québécoise « Paul à Québec », réalisée en 2015.

Mais la bande dessinée a aussi connu sa petite révolution. Méprisée par ses pairs, son industrie a longtemps été en mal de crédibilité, ne jouissant pas du même statut élitiste que le roman, la poésie ou le théâtre qui, eux, étaient davantage pris au sérieux par les chercheurs et le corps enseignant. La BD posait donc en art mineur, quasi absente des programmes d’université et de la réflexion des chercheurs qui la jugeaient peu complexe et sans réelle valeur intellectuelle.

Le neuvième art a heureusement su se défendre et faire ses preuves. Destiné aussi bien aux adultes qu’aux enfants, il est un véritable touche-à-tout, pouvant aussi bien servir la fiction que l’actualité. En effet, bon nombre de dessinateurs s’en servent comme média, jugeant l’aspect iconique plus percutant et plus efficace que n’importe quel autre moyen d’expression.

L’Amérique du Nord : pionnière du neuvième art

La bande dessinée s’est d’abord manifestée dans les médias : elle a émergé dans la presse d’Amérique du Nord au XXe siècle comme support d’illustration, où elle faisait office de caricature et mettait en scène l’actualité politique. Elle a ensuite pris son envol pour devenir le genre que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de « neuvième art ». Au Québec, les premières planches en langue française ont fait leur apparition en 1904 avec la série Les aventures de Timothée, créée par Albéric Bourgeois. Un succès qui a amorcé l’âge d’or de la BD québécoise.

Cette année encore, la bande dessinée québécoise est montée sur les planches à l’occasion du concours d’ACBD. Mise sur pied en 1984 à Paris dans le but de promouvoir la bande dessinée, l’Association des critiques et journalistes de bande dessinée a décerné, vendredi 28 octobre, un prix à La femme aux cartes postales. Cette œuvre québécoise, née de la collaboration de Jean-Paul Eid et Claude Paiement, recevra sa récompense le 18 novembre prochain. Notons d’ailleurs que la production locale québécoise, qui tient tête à la concurrence d’outremer, attire de plus en plus le lectorat francophone.

Ainsi, bien que des inégalités subsistent, la bande dessinée est aujourd’hui reconnue et intégrée aux programmes universitaires, en compagnie de ses chers acolytes littéraires.