Sur la bonne «voix»

icone Campus
Par Alexia Boyer
lundi 15 avril 2024
Sur la bonne «voix»
Édelène explique que jouer au Studio TD a accru sa confiance en elle. « Si j’ai été capable de jouer là, je peux jouer n’importe où », confie-t-elle. crédit photo crédit Victor Diaz-Lamish
Édelène explique que jouer au Studio TD a accru sa confiance en elle. « Si j’ai été capable de jouer là, je peux jouer n’importe où », confie-t-elle. crédit photo crédit Victor Diaz-Lamish
Avant même d’avoir terminé son baccalauréat, l’étudiante en musique à l’UdeM Édelène Fitzgerald a déjà chanté sous les projecteurs du Festival international de jazz de Montréal (FIJM) l’été dernier. À la veille de l’obtention de son diplôme, elle raconte son parcours et ses ambitions à Quartier Libre.

« J’ai été choyée d’avoir des parents qui me poussent à choisir ce que j’aime », souligne Édelène. Dès l’école primaire, la future chanteuse de jazz se rend compte que c’est la musique qu’elle aime. Elle choisit donc d’intégrer le volet Jazz Pop de la Polyvalente Hyacinthe-Delorme, à Saint-Hyacinthe.

À l’époque, elle se tourne vers la pratique du trombone sur les conseils de son professeur, Bruno Laplante, qui « reste une personne très importante pour [elle] ». Édelène continue la pratique du trombone pendant ses études au cégep, où elle décroche un D.E.C. en musique jazz, puis lorsqu’elle intègre l’université dans le cadre d’un baccalauréat dans la même discipline.

« Quand la pandémie est arrivée, comme beaucoup de monde, j’ai fait face à des remises en question », confie la musicienne. Elle réalise alors que c’est le chant, qu’elle pratiquait comme discipline complémentaire, qui la fait vraiment vibrer.

Bien qu’elle soit polyvalente et capable de chanter autant de l’afrobeat que du blues ou même de la country, l’artiste a une préférence marquée pour le jazz. « C’est un style qui me permet de m’exprimer, une musique qui me rejoint par ses sonorités », explique Édelène. En plus de porter le même nom de famille que l’une des chanteuses emblématiques de ce genre musical, Ella Fitzgerald, elle précise avoir grandi « dans une famille qui écoutait beaucoup les grands du jazz à la maison ».

 

D’Édelène à F.I.T.Z.

Enfant, Édelène, native d’Haïti, est loin de se douter qu’elle se produira un jour au Festival international du jazz de Montréal (FIJM), comme plusieurs grand·e·s artistes, et ce, avant même sa sortie de l’école. Et pourtant, en 2023, la chanteuse reçoit le prix Oliver-Jones, remis par le Festival à des musicien·ne·s de niveau universitaire issu·e·s des minorités visibles. Elle se voit également offrir la possibilité de se produire sur la scène du Studio TD, anciennement connu sous le nom de l’Astral.

Pour l’occasion, la chanteuse crée un groupe avec plusieurs musicien·ne·s qu’elle a rencontré·e·s à l’université ou avec qui elle a déjà travaillé. Ensemble, ils font salle comble le soir du 8juillet 2023. « Certaines personnes n’ont pas pu rentrer, se remémore-t-elle. Et personne n’est sorti pendant le show, alors que les gens vont et viennent souvent pendant les spectacles gratuits. »

Si le groupe est né dans l’objectif de jouer au FIJM, il ne s’est toutefois pas séparé une fois les lumières éteintes. « On a tellement aimé ça qu’on a continué le projet », poursuit Édelène. L’ensemble s’appelle désormais F.I.T.Z., des quatre premières lettres du nom de famille de la musicienne, et il déborde d’ambitions pour l’avenir. « Jouer dans une salle de cette envergure nous a ouvert plein de possibilités de jouer ailleurs, ajoute la finissante en interprétation jazz. Maintenant, on veut se concentrer sur notre musique, essayer de jouer dans des salles, de faire des tournées. »

F.I.T.Z. est d’ailleurs en train d’enregistrer son premier titre, Clear, une composition d’Édelène, et prévoit de sortir un microalbum (EP) l’année prochaine. En effet, en plus de reprendre des classiques du jazz, la chanteuse écrit et compose ses propres chansons. Son répertoire comporte majoritairement des titres en anglais, car c’est la langue dans laquelle ce style de musique est né.

Édelène revendique ses influences éclectiques, comme la musique afro, qui a une grande place dans sa vie, mais aussi le rap ou le hip-hop britanniques, qui paraîssent de plus en plus dans ses compositions. « Le plus beau compliment qu’on puisse me faire après avoir entendu mes compositions, c’est de me demander: “Est-ce que tu écoutes tel artiste?” », révèle-t-elle.

Édelène en quelques chansons

Tittle, Tattle, de Nubyian Twist. La chanson qui l’a faite « tomber en amour avec le band », qui l’influence aujourd’hui grandement dans son écriture musicale.

Septembre, de Earth, Wind & Fire. Sa chanson préférée « de tous les temps ».

Halo, de Beyoncé. La première chanson qu’elle a apprise par cœur.

My Mind, de Yebba. La chanson qui lui a donné le plus de fil à retordre pour son apprentissage.

Monomanie, des Francs Batards. Sa première collaboration à une chanson dans un album.

Lonely World, de Moses Sumney. Une des chansons qu’elle préfère chanter.

HOV, de Rema et Commas, de Ayra Starr. Ses deux chansons pour l’été 2024.

Désormais, F.I.T.Z. interprète majoritairement des chansons d’Édelène et des arrangements que cette dernière a faits sur des chansons existantes ou en écrivant des paroles sur des arrangements d’autres compositeur·ice·s.

Sur un plan plus personnel, la musicienne ressent le besoin de s’éloigner du cadre universitaire. « Pour le moment, j’arrête l’école, je pense que j’ai besoin d’une pause pour me découvrir en tant qu’artiste en dehors de l’encadrement scolaire », confie-t-elle.

Pour autant, Édelène ne compte pas couper entièrement les ponts avec l’UdeM. L’artiste espère notamment continuer à améliorer sa technique vocale aux côtés de sa professeure de chant, Malika Tirolien, qui lui donne des cours depuis bientôt deux ans. « Je l’admire énormément, elle influence beaucoup mon parcours, avoue Édelène. On a beaucoup de similitudes vocales de femme noire à femme noire, on se comprend sans avoir à forcément se dire les choses. »

En plus du chant, Édelène a reçu une formation globale en musique jazz tout au long de ses études collégiales et universitaires. Elle a donc suivi, entre autres, des cours de solfège, de dictée musicale ou d’improvisation, et « beaucoup d’histoire de la musique, en particulier d’histoire du jazz ».

La jeune professionnelle déplore toutefois le manque de formation en diffusion de la musique. « Je trouve qu’on voit beaucoup le studio dans le parcours universitaire, mais que ce serait intéressant de voir ce qu’il se passe après: ce qu’on fait avec ça, la commercialisation », estime-t-elle. Édelène retient surtout « la chance de côtoyer des musiciens incroyables » et de se constituer un réseau grâce auquel elle travaille aujourd’hui. « Est-ce que c’est nécessaire d’aller à l’école pour atteindre ça ? Pas forcément, poursuit-elle. Mais pour moi, ça a été la meilleure option. » 

Où écouter Édelène Fitzgerald?

Édelène se produira le 2 mai 2024 à 20 h, dans la salle Serge-Garant de la Faculté de musique de l’UdeM, pour son récital de fin de baccalauréat. L’entrée est libre et gratuite. Elle y interprètera deux de ses compositions, ainsi que plusieurs autres chansons de différents styles.

Le premier titre de son groupe, F.I.T.Z., sera en ligne sur toutes les plateformes au début de l’été.