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Malgré les recommandations du BIMH, la Politique contre le harcèlement n’a pas été révisée depuis 2003.
Crédit photo : flickr.com / lendingmemo

Statistiquement méconnu

«Nous envisageons de refaire un sondage sur le harcèlement sexuel sur le campus dans les prochaines années, mais rien n’est encore arrêté», explique la présidente du comité de prévention du harcèlement à l’UdeM et la directrice du BIMH, Pascale Poudrette.

Le chargé de cours au Département de gestion de santé et des services sociaux Jean-Claude Boisvert croit que le faible nombre de plaintes au BIMH incite à faire de la prévention, même en l’absence de données récentes. «Sachant qu’il y a tellement peu de signalements, je n’hésiterais pas à construire une campagne d’information», soutient ce dernier.

À la suite d’une rencontre, lorsqu’une situation est signalée, la personne peut choisir entre une intervention informelle et le traitement d’une plainte formelle. Un délai de six mois maximum entre un événement et le dépôt d’une plainte par le plaignant, est autorisé.  «Cela peut être vu comme une lourdeur administrative par les plaignants et il est difficile de fournir des preuves devant un tribunal», souligne M. Boisvert pour expliquer le faible nombre de plaintes. En moyenne, lorsqu’un signalement est rapporté, une plainte est déposée dans les cinq jours ouvrables selon le porte parole de l’udem, Mathieu Filion.

En 1995, le sondage avait notamment pour objectif de découvrir pourquoi les mécanismes mis en place pour le traitement des plaintes étaient peu utilisés. On y apprenait que la moitié des femmes (51,4 %) et le tiers des hommes (33,7 %) rapportent avoir vécu au moins une situation de harcèlement ou d’agression sexuelle depuis leur entrée à l’université. Depuis 2004, moins de 30 cas sont rapportés chaque année sur une population étudiante évaluée à environ 60000 étudiants incluant ceux de HEC et de Polytechnique.

Une décennie de sensibilisation à l’UdeM

Le Comité de prévention du harcèlement, formé de représentants syndicaux, d’associations étudiantes et d’employés de l’Université, a pour mandat général d’assurer le respect de la Politique contre le harcèlement de l’UdeM, crée en 2003. «Cela fait 10 ans que le BIMH fait de la sensibilisation sur la notion de harcèlement sexuel, explique Mme Poudrette. Nous avons déjà mené une campagne de sensibilisation sur les dangers liés à la consommation d’alcool ou encore à la drogue du viol ainsi qu’à l’importance de formuler un oui clair.»

En l’absence de sondages de masse, les enjeux des campagnes sont ciblés à l’aide des signalements faits au BIMH et par les constats du Comité de prévention du harcèlement. «Lorsque nous organisons des campagnes de prévention, nous choisissons certains facteurs de risques et nous développons des outils autour de ces thèmes et des individus visés, soutient Pascale Poudrette . Bien entendu, nous avons également les campagnes plus générales qui visent la promotion d’attitudes respectueuses sur le campus.»

Toujours bon d’en parler

26nov2014La campagne «Sans oui, c’est non», en préparation depuis septembre dernier, est une initiative qui est bien accueillie par la communauté étudiante. «C’est toujours une bonne chose d’en parler car c’est un sujet qui reste tabou», explique l’étudiante en sciences biologiques Janeki Roux.

Pour certains, cela constitue tout simplement un bon moyen de faire connaître les ressources disponibles sur le campus. «En cas de harcèlement, je saurais où aller, mais peut-être que d’autres non et cette prochaine campagne leur permettra sûrement de mieux connaître les recours auxquels elles ont droit», croit l’étudiante en sciences biologiques Mina Lam.

Le harcèlement peut prendre diverses formes, du chantage aux attouchements, et ­se produire dans tous les rapports sociaux d’où l’importance d’en parler, croit M. Boisvert. «Ça peut être entre étudiante et étudiant ou entre étudiant(e) et professeur(e), rien que là il y aurait matière à réflexion», déclare-t-il.

Certains étudiants sont familiers avec la notion de harcèlement au sein de l’université. «Peu importe l’environnement, il y a toujours du harcèlement et nous avons déjà effleuré du doigt la notion de harcèlement dans nos cours», déclare l’étudiante en enseignement du français au secondaire Angélique Gauthier.

Janeki, de son côté, avoue que le harcèlement semble plus fréquent dans la sphère professionnelle.«J’imagine plus facilement des cas de harcèlement entre employés et patrons qu’à l’université, dit-elle. Sûrement car cela est plus médiatisé.»

En 2009-2010, le Bureau a reçu 23 signalements concernant des allégations de harcèlement sexuel, comparativement à 28 pour l’année 2011-2012.

Par Tahia Wan en collaboration avec Charles-Antoine Gosselin

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