Stages non rémunérés : un enjeu qui perdure

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Par Florence Aquilina
mardi 7 mars 2023
Stages non rémunérés : un enjeu qui perdure
Le 23 février dernier, des étudiant·e·s en psychoéducation ont manifesté contre les stages non rémunérés sur le campus de l'UdeM Courtoisie: Association générale des étudiants (es) de l'Université de Montréal (AGEPEUM)
Le 23 février dernier, des étudiant·e·s en psychoéducation ont manifesté contre les stages non rémunérés sur le campus de l'UdeM Courtoisie: Association générale des étudiants (es) de l'Université de Montréal (AGEPEUM)
La manifestation organisée par l’Association générale des étudiants en psychoéducation de l’Université de Montréal (AGÉPEUM), tenue le 23 février dernier, rappelle que malgré les nombreuses mobilisations des dernières années, l’absence de stages rémunérés touche encore un grand nombre d’étudiant·e·s à l’échelle nationale.

L’histoire ne fait-elle que se répéter? Depuis l’automne 2016, les étudiant·e·s québécois·es descendent dans les rues pour dénoncer les stages non rémunérés, et le jeudi 23 février dernier ce sont celles et ceux en psychoéducation de l’UdeM qui ont fait entendre leur voix.

Malgré ces vagues de manifestations étudiantes, les normes fédérales pour les étudiant·e·s stagiaires restent les mêmes. «Si vous êtes étudiant stagiaire, le Code Canadien (sic) du travail n’exige pas que vous soyez rémunérés», indique la page Web du gouvernement Pourtant, être stagiaire et étudiant·e veut bien souvent dire se vider les poches plutôt que de se les remplir, car le coût des stages peut en effet représenter des milliers de dollars.

Courtoisie: AGEPEUM

Des solutions aussi vides que les poches des étudiant·e·s?

Le gouvernement Legault a, de son côté, mis sur pied de nouveaux programmes boursiers comme pistes de solutions, sans toutefois échapper aux critiques de la communauté estudiantine. Il a effectivement instauré le Programme de bourses de soutien à la persévérance et à la réussite des stagiaires en 2019, mais l’a subitement suspendu pour plusieurs domaines d’études en 2022.

Les personnes qui étudient dans les disciplines exclues de ce programme se voient proposer comme option de poser leur candidature pour l’obtention de l’une des bourses du nouveau programme Perspective Québec, qui octroie 2500 dollars par trimestre à ses bénéficiaires pour une durée de trois ou quatre ans. Toutefois, seul·e·s les étudiant·e·s inscrit·e·s dans un programme ciblé peuvent postuler. Le programme de maîtrise en psychoéducation ne fait pas partie de la liste établie par le gouvernement. «Cette initiative se veut un incitatif pour accroître les inscriptions dans certains programmes d’études en manque de main-d’œuvre et jugés prioritaires au Québec», s’indignent plusieurs représentant·e·s d’associations étudiantes québécoises dans un texte cosigné et paru dans Le Devoir en septembre dernier.

Les programmes retenus par le gouvernement Legault ont deux objectifs distincts, selon les représentant·e·s des associations : le premier vise à remédier à la précarité des stagiaires étudiant·e·s et le deuxième a pour but de combler la pénurie de main-d’œuvre dans des domaines en demande. «Le gouvernement souhaite combler la rareté de main-d’œuvre; or, c’est en offrant des conditions d’études et de réalisation de stages adéquates […] qu’il réussira à rendre les programmes en santé, en services sociaux et en éducation réellement attrayants», soulignent les associations.

 Un enjeu d’inégalité

 D’une mobilisation étudiante à l’autre, les discours des manifestant·e·s restent constants : l’enjeu des stages non rémunérés touche des domaines à prédominance féminine. «Ce n’est pas normal que les stages en travail social, en éducation à la petite enfance, en enseignement, en soins infirmiers ou en pratique sage-femme ne soient pas rémunérés, alors que ceux en ingénierie, en droit et en architecture le soient (sic)», a déploré la coordonnatrice du Mouvement des étudiant·e·s en travail social de l’Université Laval, Anaïs Chénel-Trudelle, auprès du Journal de Montréal en novembre 2022.

À la manifestation du 23 février dernier, l’étudiante en première année au baccalauréat en psychoéducation à l’UdeM Marguerite Sabourin a tenu des propos similaires. «Qu’est-ce que les psychoéducatrices, les infirmières, les travailleuses sociales, les orthophonistes et les professeures ont en commun? Ce sont des professions où les femmes sont majoritaires et où les stages ne sont pas rémunérés», a-t-elle déclaré à la journaliste de La Presse Louise Leduc. Celle-ci précise dans un article publié le 24 février que les stages en génie et en droit se font, en effet, plus souvent dans le secteur privé.