S’ouvrir sur les genres

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Par Romeo Mocafico
jeudi 28 février 2019
S’ouvrir sur les genres
(Crédit Benjamin Parinaud).
(Crédit Benjamin Parinaud).
Les musiciens de l’Ensemble de musique contemporaine de l’UdeM (EMC) rendent hommage au compositeur Gérard Grisey lors d’un concert le 13 mars à la salle Claude-Champagne. Pour l’occasion, le directeur a fait appel à des étudiants en musiques numériques afin d’amplifier le concept « d’œuvre ouverte ».

«Il n’y a pas nécessairement de début, de milieu et de fin. L’endroit où l’on débute n’est pas fondamental », explique le directeur de l’EMC, Jean-Michaël Lavoie, à propos de l’œuvre présentée. Les Espaces acoustiques (voir encadré) est d’après lui considérée comme une « œuvre ouverte ».

Selon M. Lavoie, la structure d’une œuvre ouverte dénote par rapport au déroulement linéaire classique et permet d’avoir plusieurs lectures possibles. « Chaque partie peut être jouée individuellement, même si le principe est de jouer le tout sans interruption, poursuit celui qui est également professeur à la Faculté de musique. Une œuvre ouverte, c’est comme une succession, un grand déroulé. »

Le directeur dit apprécier ce type de compositions, qui font souvent appel à la mémoire de l’auditeur. « Ce qui est vraiment important, c’est l’expérience du moment présent de la pièce, qui renvoie à ce qui s’est produit avant ou après, précise-t-il. Par exemple, des éléments que l’on entend dans la dernière partie sont développés sur des éléments qui seront évoqués dans le prologue. »

Œuvre ouverte sur d’autres genres

Pour accompagner l’EMC, M. Lavoie a fait appel à un duo d’étudiants en musiques numériques de l’UdeM. « J’ai voulu creuser encore plus loin la notion d’œuvre ouverte, dit-il. Ils [les étudiants] se sont approprié les gestes des musiciens pour faire entendre Grisey, mais d’une autre manière. Comme pour retourner le miroir, entendre l’écosystème derrière la partition. »

Les deux étudiants au baccalauréat en musiques numériques Marc-André Labelle et Yanik Tremblay-Simard se sont rendus à plusieurs répétitions pour enregistrer des matériaux sonores nécessaires à leur composition électronique. « On ne voulait pas mettre des bouts entiers de l’œuvre existante dans notre pièce, donc on a dû trouver une façon de « bypasser » ça », indique Marc-André. Le duo a privilégié les instants entre chaque répétition pour leurs enregistrements. « Par exemple lorsqu’ils [les musiciens] s’accordaient, ou lorsqu’ils discutaient », détaille-t-il.

Ils ont tous les deux répondu à un appel lancé par M. Lavoie à l’ensemble des étudiants en musiques numériques et électroacoustiques. « Avant les pratiques, on avait une idée de ce qu’on voulait proposer, mais ça a complètement changé, parce qu’on ne savait pas à quoi s’attendre jusqu’à ce qu’on assiste aux répétitions », développe Yanik.

Il précise que l’œuvre originale est une composition entièrement instrumentale, qui n’a pas été pensée pour des assemblages électroniques. « Il n’y a aucune attente par rapport à notre résultat, dit-il. M. Lavoie nous a laissé carte blanche. Comme on n’a pas encore terminé de composer, on laisse tout le monde dans le suspens. » Leur production sera diffusée sur les haut-parleurs de la salle Claude-Champagne, en première partie du concert.

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