Sororités, fraternités :en français, s’il vous plaît

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Par Julien Besset
vendredi 13 février 2015
Sororités, fraternités :en français, s’il vous plaît
La sororité Zeta Lambda Zeta est née de l’initiative de la fraternité Sigma Thêta Pi et a ouvert son premier chapitre en France à Bordeaux en 2010. Aujourd’hui, sa section montréalaise est considérée comme le premier chapitre officiel de l’organisation.
La sororité Zeta Lambda Zeta est née de l’initiative de la fraternité Sigma Thêta Pi et a ouvert son premier chapitre en France à Bordeaux en 2010. Aujourd’hui, sa section montréalaise est considérée comme le premier chapitre officiel de l’organisation.
Alors que leur période de recrutement bat son plein, les fraternités et sororités de l’UdeM suscitent la curiosité des étudiants. Ces organisations, malgré leur jeune âge, prospèrent dans un monde de tradition anglo-saxonne et séduisent de plus en plus de francophones issus de tous horizons.

Depuis l’implantation de la fraternité francophone Sigma Thêta Pi à l’UdeM, le nombre de candidatures pour intégrer cette organisation est en constante augmentation, selon son co-directeur et ancien étudiant à HEC Montréal Grégory Calonges. « En 2008, on était un tout petit groupe, environ une dizaine de membres actifs, affirme-t-il. À l’automne 2014, on a eu une centaine de candidats. » Pour joindre une fraternité, il faut soumettre un dossier de candidature et développer des valeurs propres à l’organisation, d’amitié et de poursuite de l’excellence par exemple.

Sur la centaine de candidats, seule une dizaine a été retenue à l’issue des épreuves de sélection de l’automne dernier. En effet, selon Grégory, l’influence de la fraternité ne s’évaluerait pas au nombre de ses membres mais à la force de son réseau. « Il y a beaucoup de bouche-à-oreille, et les gens viennent nous voir par curiosité, mais ça ne convient pas forcément à tout le monde », assure-t-il.

Pour l’étudiant au baccalauréat en science politique et membre de Sigma Thêta Pi Matthias Clerc, les préjugés relatifs à ce type d’organisation seraient autant liés au secret cultivé autour des fraternités qu’à l’image véhiculée sur celles-ci par la culture populaire. « J’avais moi-même beaucoup de préjugés sur les fraternités avant d’y entrer, se rappelle Matthias. Pour moi, c’était le bizutage, les Skull and Bones[NDLR : société secrète de l’Université Yale, aux États-Unis] , me retrouver tout nu dans une cave avec des glaçons sur le dos… En réalité, ce n’est pas du tout comme dans les films américains ! »

L’étudiante au baccalauréat en communication et politique et membre de la sororité Nu Delta Mu Karoline Van Den Broeck déplore l’inexactitude de ce type de représentations, qui mettent souvent l’accent sur la fête et les excès en tout genre. « Le côté philanthropique et la vie associative ne sont pas vraiment mis de l’avant dans ces films », explique-t-elle.

Melting pot francophone

Bien que l’implantation de Sigma Thêta Pi à l’UdeM remonte à 2008, la fraternité a tout d’abord vu le jour en France en 2003, où elle compte désormais des chapitres dans plusieurs villes. C’est également le cas pour la sororité francophone Zeta Lambda Zeta dont le chapitre montréalais implanté en 2010.« On rencontre du monde de partout, de diverses origines, explique la co-présidente de l’organisation Perrine Faucheux . Mais nous sommes toutes influencées par la culture française, et la francophonie est une partie très importante de la sororité. »

L’étudiante au baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire et coprésidente de Zeta Lambda Zeta Anaïs Kessous raconte une anecdote survenue lors de la session d’information sur cette organisation, tenue récemment à l’UdeM. « Un chargé de cours est venu à notre table, et nous a dit que les sororités et fraternités sont un principe anglo-saxon qui ne fait pas partie de notre culture », relate-t-elle.

Selon Anaïs, cette histoire révèle la réticence entretenue par certains vis-à-vis de la culture américaine. « Pour l’instant, il y a trop d’influence des sororités anglophones, il y a une différence culturelle qui persiste, admet-elle. Et Zeta Lambda Zeta est pour l’instant minuscule par rapport à d’autres sororités rattachées aux universités anglophones qui ont parfois plus de cent ans. »

Selon Karoline, cette différence culturelle pourrait se révéler être une force pour les fraternités et sororités francophones, qui misent avant tout sur l’aspect international et la diversité culturelle de la langue française.« On compte au sein de la sororité Nu Delta Mu des Québécoises, des Françaises, des Suissesses, des Africaines, des Maghrébines, affirme-t-elle. On essaye vraiment de recruter le plus de monde possible. »

Au regard des liens tissés entre les associations francophones et leurs équivalents anglophones, Grégory se montre optimiste. «Les sororités anglophones apprécient le côté unique de notre identité francophone, croit-il. J’y vois un bon moyen de se débloquer en anglais, notamment pour les Français ! » Grégory envisage déjà l’ouverture de nouveaux chapitres en Louisiane.