Solidaire avec la gratuité

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Par Tiffany Hamelin
mardi 12 février 2013
Solidaire avec la gratuité

L’appel à l’unité du député de Québec solidaire (QS) Amir Khadir n’a pas été entendu par les organisations étudiantes. Le président et porte-parole de QS, André Frappier, réitère pourtant son souhait de voir la gratuité scolaire être discutée lors du prochain Sommet sur l’enseignement supérieur.

Quartier Libre : Selon vous, le Sommet apportera-t-il des solutions concrètes ?

André Frappier : M. Duchesne a été très clair : il n’est pas question de terminer le Sommet sans avoir pris de décision concernant les frais de scolarité. Les fédérations étudiantes sont pour le gel et, de son côté, le patronat attend une augmentation des frais. Pourtant, tout porte à croire qu’on se dirige vers l’indexation. Dès sa publication au mois de décembre, le budget Marceau prévoyait au minimum une indexation des frais de scolarité.

Le Sommet est une «opération laissez passer la vapeur». Ils ont annulé la hausse, car ils ne pouvaient pas faire moins vu la forte mobilisation de 2012, mais nous sommes très loin des espoirs qui ont été suscités. Alors oui, il y aura une décision qui sera prise, mais c’est le ministre qui la prendra .

Q. L. : Ne trouvez-vous pas contradictoire la décision de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) de boycotter le Sommet ?

A. F. : C’est une question de stratégie, et la seule chose que je peux dire, c’est que je les comprends. Je serai moi-même dans la rue le 26 février prochain pour soutenir la gratuité. Il y avait des attentes énormes par rapport au Sommet. Il est important de pouvoir discuter de tous les scénarios qui n’étaient pas acceptés par le précédent gouvernement.

Le Parti québécois (PQ) est un parti politique qui a osé s’afficher, Pauline Marois la première, avec le carré rouge auprès des manifestants l’année dernière. On voit une grande différence entre ce que le PQ prétendait avant les élections et ce qu’il fait aujourd’hui. Cela a créé beaucoup de mécontentement .

Q. L. : Que pensez-vous des différentes propositions de modulation des frais de scolarité ?

A. F.: C’est de la merde et les personnes qui parlent de modulation des frais en fonction du domaine d’étude ou de la perspective de revenu ne savent pas de quoi ils parlent. C’est irréaliste. Des jeunes de milieux défavorisés peuvent vouloir étudier en médecine, alors, si on leur ajoute des frais, ça ne marchera pas pour eux. Cela va juste favoriser les plus favorisés et nuire à l’accessibilité. Cela ne solutionne absolument rien. On s’éloigne du fond de la question qui est de savoir comment on va financer l’éducation.

Comment financer cette richesse pour notre société alors que les entreprises ont vu leurs impôts baissés et que la taxe sur le capital financier a été abolie. Le gouvernement a fait des cadeaux aux sociétés, et on ne les touche pas. Maintenant, on veut faire payer les « petits » étudiants, car c’est supposément à eux que revient cette richesse.

 Q. L. : Le recteur de l’UdeM, Guy Breton, assure que la modulation devrait être accompagnée d’une bonification du programme des prêts et bourses. Que pensez-vous de ce compromis ?

A. F. : Pourquoi ne serait-il pas prêt à consacrer cet argent à financer la gratuité et une meilleure accessibilité aux études? À l’heure actuelle, le taux d’intérêt des prêts étudiants est garanti par le gouvernement. Il paie les intérêts directement aux banques, et principalement à la caisse populaire Desjardins. Cela veut dire que le gouvernement finance les banques. Les premiers bénéficiaires des prêts étudiants sont les banques, qui ont reçu des millions en taux d’intérêt. Je ne comprends pas pourquoi on ne pourrait pas mettre cet argent directement au service des étudiants.