La musique gitane fait vibrer Montréal. D’un côté, les soirées Balkan Beat Party (BBP) et la toute nouvelle Roma Noche ! mêlent cuivres tziganes et rythmes frénétiques. De l’autre, les soirées ÉlectroSwingmixent le son jazz manouche des années 1930 aux saveurs électroniques du moment.
«On essaie d’offrir des soirées uniques en ville, pour changer du clubbing traditionnel plutôt axé sur la drague, raconte DJ Touski, organisateur des BBP. Ici, il y a des gens de partout dans le monde et de tous les âges. Même ma mère est ici», rigole-t-il. Tous les mois, DJ Touski et DJ Éliazar organisent les BBP au Divan orange et à la Sala Rossa, qui accueillent entre 150 et 200 personnes. Une fanfare balkanique d’instruments à cordes et de cuivres à saveur de l’Europe de l’Est crée une ambiance festive.
Dans le même état d’esprit, DJ Touski organise Roma Noche!, une nouvelle soirée strictement gitane, qui débutera le 9 mars prochain avec le quatuor balkan Shukar Roma. «Le but, c’est de se défouler, avance-t-il. Soyez prêts à danser librement sur les tables.»
Une histoire de guerre
La musique des Balkans est liée à l’univers militaire de l’Empire ottoman. Avec le temps, l’influence des gitans a favorisé l’intégration d’instruments comme l’accordéon et le violon. Les tensions en Yougoslavie dans les années 1990 ont contribué à la dispersion de la musique des Balkans telle qu’on la retrouve aujourd’hui en Occident, explique DJ Touski. «Après l’éclatement de la Yougoslavie, il y a eu une vague d’immigration vers l’Europe de l’Ouest, raconte-t-il. Né en occident, ce mouvement musical est propre à une diaspora désireuse de renouer avec son passé musical.»
À Berlin, les soirées BBP ont débuté en 1993 avec DJ Robert Soko, originaire de la Bosnie, pour s’étendre et évoluer partout à l’Ouest dans les grandes capitales européennes et, depuis mai 2010, à Montréal. Le style en constante évolution a maintenant son petit frère depuis juillet 2011 à Montréal, les soirées ÉlectroSwing, qui se déroulent également à la Sala Rossa.
Le style électro swing, popularisé sur la scène internationale par l’Autri – chien Parov Stelar dans les années 2000, est un mélange festif de jazz manouche ins t rument a l à l a «Triplettes de Belleville» et de styles électroniques, tels que le drum’n’bass et le house. «Le son a immigré vers l’Amérique en 2007, explique Dominique Cambron-Goulet, animateur de l’émission spécialisée en musique européenne, Le vieux continent, diffusée à CISM tous les dimanches à 13 heures. Des groupes comme Caravan Palace ont contribué à cette exportation.»
Une ambiance clandestine
L’ambiance des soirées ÉlectroSwing est différente de celle des BBP. «C’est une soirée qui vous transporte dans une ambiance de bar clandestin de la prohibition avec costumes et accessoires, affirme Don Mescal, un des organisateurs qui anime également l’émission Mangroove Party tous les dimanches après-midi à CISM. On revit les années 1930 avec tout ce qu’elles avaient de burlesque. Par exemple, il y a des performances d’artistes de cirque.»
Don Mescal parle d’une scène électro swing québécoise encore très jeune. «On doit souvent inviter des DJ d’Europe parce que le mouvement est tout nouveau ici», ajoutet- il. En septembre dernier, le DJ autrichien DunkelBunt, reconnu dans le monde des musiques du monde électroniques, est venu faire son tour. Même constat du côté des BBP. Le mois dernier, DJ Touski a invité l’orchestre torontois Lemon Bucket Orchestra.
Soirée Roma Noche! vendredi 9 mars, Gitane turquoise, 2054, rue Saint-Denis, avec DJ Touski et Shukar Roma Soirée ÉlectroSwing samedi 10 mars, Sala Rossa, 4848, boul. Saint-Laurent, avec DJ résidents Don Mescal, Halil et Eliazar.
Balkan Beat Party samedi 31 mars, Divan Orange, 4234, boul. Saint-Laurent, avec DJ résidents Touski et Eliazar.
Pour plus d’informations:
www.montrealeast.info/blog/
mangrooveparty.wordpress.com
facebook.com/pages/Speakeasy Electro-Swing- Montreal/319838764711348