Selon une étude de Kendall-Tackett et son équipe, réalisée chez des victimes peu de temps après une agression sexuelle, 53 % vont abuser de drogues ou d’alcool, 71 % vont s’automutiler, 41 % auront des idées suicidaires et 46 % auront des symptômes de dépression atteignant le seuil pathologique. Les résultats obtenus par une étude québécoise plus récente sont semblables : 47 % ont des idées suicidaires et entre 53 et 63 % présentent des symptômes dépressifs, anxieux, de stress post-traumatique ou d’agressivité marquée. Les victimes peuvent aussi montrer des symptômes importants de dissociation (sentiment d’être ailleurs, d’environnement irréel), de colère, d’agressivité et des difficultés relationnelles importantes.
État de stress post-traumatique
Selon une étude de Nutt portant sur la neurochimie de l’état de stress post-traumatique (ESPT), l’activation émotionnelle après un traumatisme, comme une agression sexuelle, créerait un déséquilibre de plusieurs neurotransmetteurs impliqués dans la mémoire factuelle des souvenirs. L’agression sexuelle empêche le cerveau d’intégrer l’information en un tout cohérent. L’information sensorielle et émotionnelle, fragmentée du reste, ferait donc surface par des rêves récurrents ou l’impression de revivre sans cesse l’agression. Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (Diagnostic and Statistical Manuel of Mental Disorders – DSM), publié par l’Association américaine de psychiatrie (American Psychiatric Association), l’ESPT se caractérise aussi par un évitement prononcé de tout ce qui pourrait rappeler le traumatisme, par exemple des pensées négatives récurrentes par rapport à soi ou aux autres, comme « je ne vaux rien » ou « on ne peut faire confiance à personne », et des pensées persistantes et déformées concernant la cause ou les conséquences de l’évènement : « ce qui est arrivé est de ma faute. »
Importance du soutien de l’entourage
Certains comportements de l’entourage peuvent être dommageables pour la victime, tels que de jeter le blâme sur elle, de minimiser ou nier l’agression et de nier le non-consentement de sa part. Comme la victime peut souvent se blâmer elle-même pour l’agression, il est important que l’entourage soit sensibilisé à ce sujet. D’ailleurs, selon une étude réalisée auprès de victimes adolescentes, l’attribution du blâme de l’agression peut augmenter les symptômes d’anxiété, de dépression, d’ESPT, de dissociation, les préoccupations excessives par rapport à la sexualité et les sentiments de colère chez les victimes d’agression sexuelle. La culpabilité ressentie par la victime mérite qu’on y réponde avec respect et empathie, plutôt que d’être renforcée par des jugements de valeur. En plus, le soutien de l’entourage a été démontré, par une étude de Martine Hébert, Francine Lavoie et Martin Blais, comme un agent de protection contre les symptômes d’ESPT. Sans celui-ci, les symptômes peuvent même s’aggraver.
Programmes actuels d’aide aux victimes
Isabelle Daigneault, Mireille Cyr et Marc Tourigny ont dressé le profil de plusieurs adolescents recevant de l’aide des centres de protection de la jeunesse à la suite d’une agression sexuelle. Ils rapportent que les thérapies de groupe ou individuelles semblent efficaces dans le traitement des symptômes vécus par les victimes. Effectivement, les symptômes de dissociation et d’ESPT semblent s’atténuer selon la durée de la thérapie. En revanche, plusieurs des services offerts ne sont pas utilisés par les victimes. De plus, les intervenants changent souvent et les rencontres sont peu fréquentes. La nécessité d’offrir des soins plus adaptés et permettant un suivi plus étroit aux victimes d’agression devient pressante.