Skier sur l’or

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Par Charles-Antoine Gosselin
mercredi 14 janvier 2015
Skier sur l’or
La skieuse Victoria Stevens évalue qu'une année de ski dans le circuit universitaire peut lui couter personnellement 3000$, sans compter les camps d'entraînements. Crédit photo : James Hajjar
La skieuse Victoria Stevens évalue qu'une année de ski dans le circuit universitaire peut lui couter personnellement 3000$, sans compter les camps d'entraînements. Crédit photo : James Hajjar
La saison de ski des Carabins débutera cette fin de semaine pour le géant de la Fédération internationale de ski à Stoneham. Cette nouvelle saison coûtera environ 12 500 $ à chaque athlète. Comment le programme le plus coûteux du sport d’excellence des Carabins se finance-t-il ?

« Si je n’avais pas l’organisation derrière moi, ce serait difficilement imaginable de payer mes frais de scolarité et ma saison de ski », explique l’étudiante en ergothérapie et championne provinciale 2012, Victoria Stevens.

Une grande partie des revenus est récoltée par une équipe de parents bénévoles qui chapeautent les campagnes de financement et les rencontres avec les commanditaires potentiels. « Il s’agit d’une des équipes les plus autonomes du sport d’excellence, le rôle de l’organisation Carabins consiste principalement à représenter de l’équipe et à appliquer les valeurs que nous préconisons », explique le coordonnateur en sports d’excellence, académiques et aux affaires étudiantes, Jean-Pierre Chancy.

Contrairement à la majorité des équipes de sports universitaires, l’entraîneur n’est pas strictement assigné à ses tâches habituelles. « Quand je travaillais pour Alpin Canada, ­l’entraîneur-chef n’avait absolument rien à voir avec le côté financement, raconte Sébastien Michel, entraîneur-chef des Bleus. Maintenant, aux Carabins, on essaie de déléguer ce travail aux parents, mais je dois aussi participer à ce processus. »

L’athlète est aussi au cœur de la recherche de financement avec son implication dans des soirées-bénéfice où il doit vendre quatre couverts à 100 $ chacun, ainsi que des soirées vins et fromages. « En temps qu’athlète, on réalise diverses campagnes de financement, comme l’année dernière, où nous avons réalisé une vente d’équipement de ski au CEPSUM », explique Victoria Stevens.

Impliquer l’athlète dans la recherche de financement peut l’aider à développer un sentiment d’appartenance à son sport. « Je pense qu’il existe deux philosophies, affirme Sébastien Michel . Du côté de la pure performance, c’est mieux de s’éloigner de tout ça et de se concentrer sur la discipline. De l’autre côté, il y a aussi l’incitation à prendre conscience pour l’athlète que de faire partie d’un programme de renommée et de qualité est coûteux et que ça demande des efforts. Selon mes observations, ça peut aider leurs performances sur la piste. »

Les commanditaires, provenant des milieux alpin ou bancaire notamment, sont fidèles et permettent à l’équipe d’espérer une croissance stable. « Ce sont des gens qui s’investissent plus qu’une année, que nous connaissons et qui sont présents », affirme Jean-Pierre Chancy. Des associations permettent notamment d’acheter des passes de ski à rabais pour cinq à six entraînements par semaine au Mont Saint-Sauveur.

Les dépenses

Avec 35 étudiants athlètes et un club collégial, l’offre de service doit être de taille. « La plus grosse dépense pour le programme, ce sont les honoraires d’entraîneurs, assure l’entraîneur-chef . Nous avons trois entraîneurs à plein temps sur neige, un autre entraîneur flottant, ainsi qu’un préparateur physique pendant la saison morte. »

Victoria Stevens s’est rendue dernièrement en France, aux Deux Alpes, afin de suivre un camp d’entraînement de deux semaines. « Les camps d’entraînement sont payés par l’athlète, mais il faut savoir que ce ne sont pas tous les skieurs qui y participent », souligne cette dernière. Les Bleus ont aussi tenu leur camp d’équipe en août à Coopers au Colorado et ont récemment abandonné le projet d’en organiser un autre au Chili, pour des raisons financières et logistiques.

Il faut savoir que les commanditaires financent l’équipe des Carabins et ne financent pas individuellement les athlètes. C’est pour cette raison que les sommes destinées à éponger le coût que les étudiants doivent payer sont réparties également entre eux. «L’organi­sation donne un excellent support lorsqu’on étudie, explique l’athlète d’excellence des Carabins de 2012 . Quand je faisais partie du circuit professionnel, je devais trouver tous les commanditaires et toutes les épreuves étaient en Europe. »

Il faut débourser 15 000 $ par année pour courser sur le circuit professionnel.

4 X 400 $

Le coût de l’équipement d’un athlète est une dépense de premier ordre pour un Carabin.

Il doit posséder quatre paires de skis à environ 400 $ la paire.