Sensibiliser par le sport

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Par Félix Lacerte-Gauthier
mercredi 25 janvier 2017
Sensibiliser par le sport
Depuis 2011, Cause pour la Cause a aidé 344 organismes avec 6 millions de dollars générés par le Fonds communautaire. Crédit photo : Mathieu Gauvin.
Depuis 2011, Cause pour la Cause a aidé 344 organismes avec 6 millions de dollars générés par le Fonds communautaire. Crédit photo : Mathieu Gauvin.
Mettre fin à la stigmatisation de la santé mentale chez les athlètes-étudiants, tel est l’objectif de l’évènement Cause pour la cause. Grâce à des matchs interuniversitaires qui se sont déroulés du 13 au 25 janvier 2017, les sportifs abordent les tabous des troubles mentaux pour sensibiliser les autres étudiants.

«Les études montrent que ce type d’événement de promotion de la santé mentale a un impact à court et moyen termes sur la stigmatisation des troubles de la santé mentale, lance d’entrée de jeu le professeur au Département des sciences de l’activité physique de l’Université du Québec à Montréal Paquito Bernard. C’est vraiment essentiel d’en parler afin de changer les représentations et les stéréotypes liés à la santé mentale. »

Organisé par l’entreprise Bell, l’événement vise à favoriser la conversation à propos de la santé mentale sur différents campus, en partenariat avec des associations de sport interuniversitaire. Des témoignages vidéo d’étudiants-athlètes, des matchs interuniversitaires comprenant des activités pour sensibiliser les spectateurs et des dons au profit de programmes canadiens sont prévus afin de promouvoir cette cause.

Lutter contre la stigmatisation

« La stigmatisation qu’on retrouve en consultant un psychologue est autant, sinon plus répandue dans les équipes sportives que dans la population », révèle M. Bernard. Dans les sports d’équipe, il est souvent demandé aux joueurs de se montrer forts mentalement. Toutefois, le professeur voit d’un bon œil la présence d’athlètes au sein des activités de sensibilisation. « Ça permet vraiment de délier les langues en montrant qu’on doit se préoccuper de la santé mentale et en développer une vision positive », explique-t-il.

Un atout également pour le sportif en cross-country et athlétisme à l’Université McGill et étudiant en éducation physique et santé, François Jarry qui avoue que sa participation à une vidéo promotionnelle lui a fait prendre conscience d’une certaine réalité. « Je crois que les gens ne réalisent simplement pas que leurs niveaux d’anxiété et de stress sont anormaux », dévoile-t-il. Selon lui, les campagnes de sensibilisation ont rendu le sujet moins tabou et plus facile à aborder, notamment avec certains de ses coéquipiers qui l’ont approché à ce sujet. « En tant qu’étudiant-athlète, je crois que je peux surtout avoir un impact en osant en parler », confie-t-il.

La capitaine de l’équipe de hockey féminin des Carabins et étudiante au baccalauréat en psychologie, Laurence Beaulieu, rappelle que les problèmes de santé mentale sont aussi importants que les blessures physiques, même s’ils sont moins apparents. « Les Carabins ont beaucoup utilisé les réseaux sociaux pour promouvoir cet évènement, révèle-t-elle. On sait à quel point un message peut devenir viral avec les réseaux sociaux, alors aussi bien les utiliser pour lutter contre cette stigmatisation. »

Conciliation sports-études

L’une des grandes causes de stress des étudiants-athlètes réside dans la difficulté de combiner leurs deux réalités. « D’un côté, tu reçois une certaine pression pour bien performer à l’école, confie François. En même temps, tu dois aussi t’appliquer aux entraînements pour être performant lors des compétitions. Ça devient vite étouffant ! » Pour l’athlète, il est par ailleurs essentiel de garder un peu de temps pour soi, d’avoir d’autres loisirs ou de voir ses proches afin de diminuer l’anxiété.

Un avis partagé par Laurence Beaulieu qui indique qu’il est parfois difficile de se trouver du temps libre lorsqu’il faut jongler avec les déplacements, les entraînements nombreux, les cours et les études. « C’est la passion qui nous permet de continuer », avoue-t-elle. La discipline devient alors essentielle pour se maintenir à jour, selon elle.

M. Bernard rappelle également que les pairs, l’entourage proche et les entraîneurs ont un impact déterminant sur la santé mentale des athlètes. « Des parents conciliants ou des entraîneurs qui sont vigilants quant à la santé mentale des athlètes peuvent être un atout majeur », croit-il. Toutefois, il prévient que la déstigmatisation des problématiques de santé mentale dans les sports sera un travail de longue haleine. Former les entraîneurs à cet enjeu, développer la promotion de la santé mentale systématiquement auprès des équipes sportives, inciter les acteurs à en parler et informer les athlètes des ressources à leur disposition sont autant de moyens disponibles pour tenter d’y parvenir.