Dossier: Élections municipales 2013

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Par Élom Defly
mercredi 16 octobre 2013
Dossier: Élections municipales 2013
Denis Coderre est le seul candidat principal à la Mairie qui ne s'est pas engagé à augmenter le budget du Conseil des arts de Montréal. (Crédit photo: Pascal Dumont)
Denis Coderre est le seul candidat principal à la Mairie qui ne s'est pas engagé à augmenter le budget du Conseil des arts de Montréal. (Crédit photo: Pascal Dumont)

La campagne municipale bat son plein. Des professeurs de l’UdeM se prononcent sur l’orientation que doit prendre le prochain maire de Montréal pour faire de la Ville une métropole pleinement culturelle.

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Le professeur de droit nouvellement diplômé en musicologie et ancien politicien, Daniel Turp, pense que le moment est venu pour Montréal d’entreprendre des projets culturels ambitieux. « La Ville a besoin de quelque chose de très audacieux, déclare-t-il. Quelque chose qui soit le lieu de réunion pour tous ceux qui veulent célébrer la culture dans la métropole. »

M. Turp donne en exemple la Cloud Gate de Chicago. Connue aussi sous le nom « The Bean » en raison de sa forme, cette géante sculpture métallique trône dans le Millenium Park de la ville des vents. Il rêve également que des artistes reconnus composent un grand concerto et une grande symphonie pour Montréal. « Le temps presse, affirme-t-il. C’est maintenant qu’il faut commander ces œuvres gigantesques en vue du 375ème anniversaire de la Ville. »

Les préoccupations du professeur d’urbanisme Gérard Beaudet ne sont pas du même ordre. « La question que le futur maire doit se poser, c’est comment garder la spécificité culturelle de la ville de Montréal? », affirme-t-il. M. Beaudet veut souligner ainsi la concurrence que livrent les petites villes de la banlieue à la métropole. « Regardez le Quartier Dix30, dit-il. C’est un compétiteur direct du Quartier des spectacles! »

Pour M. Beaudet, le futur maire devra aussi s’occuper de l’avenir des équipements culturels existants. « Les cinémas de quartier ont presque tous disparu, déplore-t-il. Seuls ceux de Beaubien et d’Outremont sont encore opérationnels, c’est préoccupant. »

Nouvelle mentalité

La professeure au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques Christine Bernier n’y va pas de main morte à l’endroit des Montréalais. Il n’y a pour elle aucun projet culturel qui tienne sans une nouvelle politique. « Ce dont Montréal a le plus besoin au niveau culturel est simple, soutient-elle. La Ville a besoin de l’appui de tous les Québécois lorsque vient le temps de voter. La culture, c’est ce que nous léguons aux générations qui nous suivent, mais c’est aussi ce que chacun de nous devrait apprendre à connaître. »

Mme Bernier exhorte le futur maire à investir dans les arts. « Les véritables productions culturelles nourries par une éducation artistique, le financement des infrastructures et, surtout, le soutien de nos artistes, nécessitent des fonds, souligne-t-elle. Il faut donc faire des choix. »

Au-delà des infrastructures et autres œuvres architecturales, il est urgent pour Christine Bernier que l’aspirant-maire démontre une intention d’appuyer financièrement la culture vivante à Montréal. « Nous ne pouvons pas souhaiter devenir un musée à ciel ouvert pour les touristes qui passeront trois jours dans le Vieux-Montréal ou dans le Quartier des spectacles, prévient-elle. Sinon ce serait la mort culturelle de Montréal. »

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Profiter de la métropole

L’effervescence artistique s’impose comme jamais auparavant dans la métropole. C’est ce que soutient Daniel Turp. Selon lui, Montréal a sa place dans le concert des grandes villes culturelles du monde, et il y a de quoi faire d’elle la métropole la plus culturelle d’entre toutes. Gérard Beaudet partage cet avis. « Avec son festival de jazz, entre autres, Montréal occupe une position assez enviable, affirme-t-il. C’est le lieu qui permet au Québec de s’affirmer culturellement. »

Si Christine Bernier est d’accord avec l’idée que la métropole est l’endroit où convergent tous les artistes du Québec, elle reste moins convaincue de sa place dans le monde. « Montréal a plus d’un siècle et demi de retard par rapport à Berlin et près d’un siècle par rapport à New-York. », constate-t-elle.

Les trois professeurs s’entendent pour dire que Montréal a besoin d’un maire qui soit en mesure de donner le ton et d’inciter les gouvernements provincial et fédéral à faire partie des acteurs culturels importants de la Ville. « Il est temps que le gouvernement fédéral cesse d’ostraciser cette métropole, affirme Mme Bernier. Dans le domaine des arts visuels, on remarque que l’Art Gallery of Toronto jouit d’un budget extraordinaire si on la compare au Musée d’art contemporain de Montréal. » Une situation à laquelle devra remédier le futur locataire de l’hôtel de ville de Montréal.