Culture

(Crédit photo : Pascal Dumont)

Rod le Stod : Pas né pour un p’tit pain

Passer d’étudiant en science politique à l’UdeM à rappeur est un parcours atypique. Mais c’est le chemin qu’a suivi Rod le Stod, de son vrai nom Rodolphe Demers. Le 6 septembre dernier, il a remporté le Festival international de la chanson de Granby, une première pour un rappeur.

« J’ai commencé à faire du rap quand j’étais à l ’UdeM, explique Rod le Stod, joint par téléphone à Montréal. Je n’avais pas de job et pas trop de cash. Je faisais du rap dans le sous-sol d’un boy. Je faisais ça pour le fun, et c’est à l’été 2011 que j’ai fait ma première démo de trois tounes.» Le nom du rappeur est un mélange de son prénom (Rodolphe) et d’une expression inventée. «Le “Stod”, c’est venu un peu par hasard, dit-il. Dans mon langage, c’est quelqu’un qui réussit bien ce qu’il fait, comme un “stod” de politique ou un “stod” de hockey.»

Le rappeur originaire de Notre-Dame-de-Grâce est conscient que son parcours de rappeur est inhabituel. Il n’a jamais suivi de formation musicale et n’a seulement que des «minicours de piano et de batterie» à son actif. «J’ai une personnalité bien bizarre, dit-il. Le rap, ce n’est pas un talent inné pour moi. Ça me demande beaucoup de travail, mais c’est un moyen d’expression que je trouve génial.»

Il termine son baccalauréat en science politique à l’UdeM en 2010. Il entame ensuite une maîtrise à l’École nationale d’administration publique (ENAP), qu’il est en train d’achever. Entre-temps, il lance son démo et tourne un premier vidéoclip pour la chanson «Histoire de Rod » en 2011. Il fait des spectacles à Montréal dans des salles comme Le Belmont et adopte, pour tenue de scène, le veston-cravate.

(Crédit photo : Pascal Dumont)

Rap étudiant

L’héritage de la science politique trouve sa place dans son oeuvre : plusieurs de ses textes évoquent la situation politique québécoise et exposent ses convictions souverainistes. Son rap – qu’il refuse de qualifier d’engagé – est on ne peut plus clair sur plusieurs questions comme l’industrie de la construction, l’exploitation des gaz de schiste, la défense de la langue française et la tenue d’un éventuel référendum.

«Des fois j’ai l’impression que les Québécois sont masochistes/On peut-tu connaître les impacts avant d’exploiter l ’ gaz de schiste/C’est pas que j’fais pas confiance à Caillé ou Lucien Bouchard/Faudrait juste savoir dans quoi on s’embarque avant qu’il soit trop tard», rappe-t-il dans «J’suis pas né pour un p’tit pain», qu’il a interprété en demi-finale le 15 septembre.

À ce sujet, l’artiste reconnaît que les astres étaient bien alignés pour sa victoire au festival, qui avait le groupe de rap acadien Radio Radio comme porte-parole. « C’était deux jours après les élections, le timing était bon surtout pour “J’suis pas né pour un p’tit pain”, reconnait-il. Je pense que j’ai été vrai, le plus intègre possible. La foule a bien répondu.»

Un élan pour sa carrière

Le moment de gloire que Rod le Stod a vécu à Granby représente un moment décisif. Son expérience avec le groupe maison du festival a donné une autre dimension à sa musique. «À Granby, on faisait de la musique vingt-quatre heures sur vingt-quatre ensemble, affirme celui dont tous les beats sont tirés d’internet. C’était un esti de bon house band. L’équipe technique était top-notch aussi.»

La bourse offerte à Rod le Stod – financée principalement par la radio CKOI, la chaîne de télévision VOX et le festival – totalise 70000 $. Il compte se servir de cet argent pour financer ses projets. «Je planifie faire quelques shows d’ici Noël et j’ai un projet d’album d’ici deux ans, dit-il. Je veux vraiment sortir de quoi de bon, je ne veux pas me presser.» Le rappeur veut aussi s’investir dans un projet de duo avec Johnny Danger, celui qui l’a accompagné au micro à Granby.

« Le rap, c’est maintenant ma carrière et ma passion, dit Rod le Stod. J’espère que je n’en suis qu’à mes débuts.»

rodlestod.bandcamp.com

(Crédit photo : Pascal Dumont)
 

Granby, un festival renommé

Le Festival de la chanson de Granby a eu lieu pour la première fois en 1969 comme simple activité de loisir à Granby. Le festival a gagné en importance au fil des années et a élargi son rayonnement en adoptant le nom de Festival international de la chanson de Granby en 1989. À ce jour, les participants à ce concours ont fait paraître un total de 236 albums et en ont vendu 5,2 millions au Québec et 5,4 millions en Europe. Chaque année, une centaine de professionnels de l’industrie couronnent un vainqueur. Parmi les gagnants du festival, on trouve Jean Leloup (1983), Isabelle Boulay (1991), Steve Dumas (1999), Pierre Lapointe (2001), et, plus récemment, Lisa Leblanc (2010).

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