Rien pour se réjouir

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Par Administrateur
jeudi 2 avril 2015
Rien pour se réjouir

Depuis mon entrée en sciences infirmières, je suis à même de constater que la santé ne s’achète pas. Depuis novembre 2014, le ministre propose et adopte des projets de loi, dont le 10 et 20. Il s’agit d’une autre réforme du système de santé qui s’abat sur le Québec à peine 12 ans après la dernière. Les données probantes montrent que les fusions administratives telles que proposées apporteront peu ou pas d’effet bénéfique en ce qui a trait à l’accessibilité aux soins et leur prestation sécuritaire. Bref, il est peu probable de voir les bénéfices tant vantés par le ministre de la Santé et des Services sociaux se concrétiser.

Plusieurs interventions pour améliorer l’accessibilité aux soins et leur intégration sont possibles, dont l’exploitation adéquate des CLSC (Centre local de services communautaires), GMF (Groupe de médecine de famille) et cliniques infirmières. Ai-je osé écrire le mot infirmière, oui! Ce sont des actrices incontournables du système de santé et leur importance est aussi nécessaire que celle des médecins. Parlant de médecins, il y a le projet de loi 20, celui qui repense la pratique médicale en imposant des quotas (1250 patients) et des pénalités possibles aux médecins.

C’est ambitieux, mais il est certain que la nécessité d’élargir la pratique infirmière pour mieux soutenir la pratique médicale est quasi incontournable. Il s’agirait d’un pas vers une pratique multidisciplinaire, celle dans laquelle l’ensemble des étudiants en santé constate une meilleure cohérence dans les soins prodigués, j’ose croire. L’idée n’est pas de voler du travail ou de se prétendre comme des « minis-médecins », comme j’ai pu entendre cette expression à la limite du péjoratif, il s’agit d’accorder plus de temps aux médecins pour traiter des clientèles ayant des expériences de santé plus complexes.

Que faire pour améliorer l’accessibilité des soins, leur intégration et favoriser une pratique disciplinaire? La question est loin d’être simple, mais des exemples concrets sont envisageables : le renouvellement des médicaments par les pharmaciens et les infirmières, la prescription d’aide à la marche par les professionnels en réadaptation, la création des dossiers de patients électroniques disponibles dans tous les établissements de santé et à tout moment du jour; j’en passe.

Vous conviendrez sûrement que ces moyens sont loin d’une fusion administrative et que cette dernière me laisse un peu sur ma faim. Encadrer la pratique médicale en imposant des quotas de patients aux omnipraticiens ne règle pas le problème de l’accessibilité des soins dans sa globalité, car le problème est bien plus complexe qu’il en a l’air. Il a été question de moduler les quotas de patients en fonction de leur complexité, c’est-à-dire qu’arbitrairement, un patient atteint de plusieurs maladies chroniques comptera pour un certain nombre de « patients normaux ». Cette approche me paraît bien problématique et associe un numéro aux patients, ce à quoi les étudiantes en sciences infirmières n’adhèrent pas. Ces politiques n’amènent rien pour se réjouir.

Yan Giroux, étudiant au baccalauréat en sciences infirmières et coordonnateur aux affaires externes de l’Association des Étudiant(e)s en Sciences Infirmières de l’UdeM