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(Illustration: Jèsybèle Cyr)

Revoir la formation des ingénieurs

Pour la conseillère au Bureau du développement durable (BDD) de Polytechnique Shirley Fagnen, l’ingénieur du futur doit être un professionnel conscientisé aux enjeux environnementaux, sociaux et économiques actuels, en plus d’avoir la responsabilité de les intégrer dans ses projet. « Il doit aborder ces défis avec une vision systémique et tâcher de faire au mieux pour limiter les impacts sur nos sociétés, explique-t-elle. Il travaille plus dans la multidisciplinarité, pour parvenir à anticiper et gérer les risques. » De ce fait, selon elle, il doit savoir innover et être créatif dans la recherche de nouvelles solutions, sans s’arrêter aux considérations techniques.

« Sans être uniquement la conséquence d’une exigence de l’industrie, il est vrai de dire que la pratique du génie, au sens large, prend de plus en plus en compte le développement durable », admet le conseiller en développement durable Jean-François Desgroseilliers. Il mentionne que la connaissance de cet enjeu fait partie des 12 qualités nécessaires pour le Bureau canadien d’agrément des programmes de génie. En outre, selon le code de déontologie de l’Ordre des ingénieurs du Québec, ses membres doivent tenir compte des conséquences de leur travail sur l’environnement.

« En 2016 et 2017, ce sont 18,3 % des cours de Polytechnique qui ont abordé des questions de développement durable, précise la conseillère en communications de Polytechnique Audrey Rondeau. Les ingénieurs sont des acteurs privilégiés du changement, et Polytechnique assume pleinement son rôle dans la création d’un mode de croissance durable sur tous les fronts. » Parmi ces cours, certains sont entièrement consacrés au développement durable, d’autres abordent des enjeux connexes. Parfois, des interventions ponctuelles sont effectuées en classe par des conférenciers ou par le BDD. « Aux cycles supérieurs, il y a 15 programmes qui portent explicitement sur le développement durable et plusieurs autres qui y sont liés», mentionne-t-elle.

La perception étudiante

Les représentants du BDD* ont remarqué que les étudiants expriment souvent le souhait que l’école fasse davantage de place à la dimension environnementale dans la formation. « Au cours des dernières années, les associations étudiantes ont fait plusieurs demandes en ce sens auprès des divers programmes de l’École », précisentils. Le Bureau constate effectivement une croissance du nombre de cours qui intègrent ces notions.

L’introduction du développement durable dans la formation des ingénieurs émane surtout d’un réel besoin de l’industrie. Pour le directeur de Polysphère, le comité environnemental de l’Association des étudiants de Polytechnique (AEP), Francis Guay, de plus en plus d’entreprises semblent y entretenir un intérêt grandissant. « Il y a par exemple de nombreux emplois voués à l’optimisation, soit de diminuer les pertes et les rejets, souligne-t-il. D’une façon diversifiée, il y a bel et bien plus de postes qu’avant qui touchent à un aspect du développement durable. »

Francis remarque que la notion de développement durable sera incontournable dans son futur métier. « Les ingénieurs possèdent généralement le pouvoir de mettre en œuvre des applications ayant un impact en termes de développement durable, explique-t-il. Pour être un bon ingénieur, il faut avant tout être un bon citoyen. » À ses yeux, l’ingénieur de demain devra agir avant tout en tant que membre d’une communauté et avoir une éthique irréprochable.

Du point de vue de l’étudiant en génie civil et président de l’AEP, Yann Blanchard, l’ingénieur du futur devra intégrer de plus en plus d’aspects à sa réflexion. « Il n’est plus vraiment possible de faire un projet d’envergure sans consulter les populations impactées par ce projet, énonce-t-il. Il devra donc faire preuve d’audace et de créativité, mais aussi de rigueur. »

Se tenir à jour

Pour les représentants du BDD, les futurs ingénieurs devront faire face à de grands défis environnementaux, sociaux et économiques urgents, complexes et interreliés. « Pour n’en citer que quelques-uns, on peut penser aux changements climatiques, à la pollution atmosphérique ou encore à l’expansion des villes », énumèrentils. De leur point de vue, les futurs ingénieurs auront la responsabilité de prendre en compte les répercussions environnementales de leur profession.

« En tant que concepteurs, planificateurs, opérateurs ou gestionnaires, les ingénieurs doivent savoir prendre en compte de nouvelles exigences règlementaires et des attentes de plus en plus élevées du public sur des enjeux comme le respect de l’environnement, la santé, la transparence et l’intégrité », ajoutent les représentants du BDD. En outre, ils précisent que les ingénieurs doivent savoir anticiper comment évolueront ces exigences et ces attentes, puisque leurs projets et interventions s’inscrivent généralement dans le long terme.

« Je pense que la communication sera une compétence déterminante pour s’épanouir pleinement en tant qu’ingénieur au xxie siècle », indique Yann. Pour y parvenir, l’ingénieur aura à sa portée des outils de calcul de plus en plus puissants, comme ce qui se développe actuellement avec l’intelligence artificielle.

* Plusieurs personnes ont contribué aux réponses données par le Bureau du développement durable. Par courriel, ils ont souhaité être cités en tant que « les représentants du Bureau du développement durable ».

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