Retour sur une campagne pour une rentrée sans violence sexuelle à l’UdeM

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Par Florence Aquilina
jeudi 14 septembre 2023
Retour sur une campagne pour une rentrée sans violence sexuelle à l’UdeM
Courtoisie: Collectif social
Courtoisie: Collectif social
« Embrasser quelqu’un, ça ne devrait pas être un défi ». Voilà l’un des slogans qui tapissent les murs de l’UdeM jusqu’au 17 septembre prochain dans le cadre de la campagne de sensibilisation « Repenser la rentrée ». Comme son nom le laisse deviner, cette initiative vise à prévenir les violences sexuelles lors des activités d’accueil. La campagne, qui a vu le jour grâce à l’organisme à but non lucratif (OBNL) le Collectif social, s’invite sur les campus collégiaux et universitaires de Montréal.
« Malgré tout, il y a encore du travail à faire. Malgré tout, on entend toujours des histoires problématiques. »
Charles Bélanger, chargé de projet au Collectif Social

Né en 2020, le Collectif social a pour mission d’intervenir auprès des milieux étudiants pour traiter des problématiques qui les affectent et les concernent. Dans la mesure où elle est la première campagne de cette ampleur, qui a comme point de mire les périodes d’accueil et d’initiations, l’engouement est au rendez-vous au sein des associations étudiantes. « Les retours ont été super positifs à tous les niveaux », s’exclame le chargé de projet au sein de l’organisme Charles Bélanger.

À l’occasion de la campagne, la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM) a d’ailleurs commandé une centaine d’affiches pour habiller les murs du campus de ces slogans accrocheurs. Cette dernière a également participé aux séances de consultations étudiantes, notamment aux côtés de l’Association générale des étudiants et étudiantes de la Faculté de l’éducation permanente de l’Université de Montréal (AGEEFEP) et du regroupement pour la diversité de sexe et de genre de l’Université de Montréal l’Alternative. Ces membres de la communauté étudiante ont fait partie intégrante du processus de création de la campagne.

Repenser la rentrée » a également fait écho au-delà de l’île de Montréal, puisque l’Université de Sherbrooke, par exemple, a manifesté son intérêt d’y participer.

Courtoisie: Collectif social

Une campagne « Par et pour les jeunes »

 Financé par la Ville de Montréal dans le cadre du programme Par et pour les jeunes, qui soutient maintes initiatives menées par les moins de 30 ans, le Collectif a donc tenu à impliquer des membres de la communauté étudiante dans les différentes étapes de la conception de la campagne.

 En plus d’étudiant·e·s engagé·e·s de manière individuelle, les associations et les regroupements étudiants ont ainsi participé aux nombreuses étapes qui ont précédé la sortie des affiches par l’entremise de discussions ouvertes.

L’objectif a d’abord été de dresser un tableau des activités d’accueil à l’heure actuelle et de faire ressortir leurs points positifs tels que «la volonté de faire connaître le campus, de briser l’isolement et de faire connaître les ressources disponibles », développe M. Bélanger, avant de s’attarder aux points négatifs.

L’organisme a décidé de cibler la rentrée comme moment opportun pour la sortie d’une telle campagne, puisque celle-ci s’insère dans les deux premiers mois du retour en classe, période dite « zone rouge », au cours de laquelle sont commises plus de la moitié des agressions sexuelles dans les cégeps et les universités, rappelle le Collectif.

« Sans oui, c’est non »

Lancée en 2014 par la FAÉCUM, cette campagne de sensibilisation, qui vise la prévention du harcèlement et des agressions sexuelles sur le campus de l’UdeM, prend de l’ampleur lorsqu’elle est reprise par plusieurs universités québécoises en 2016 et fait les manchettes.

Des violences sexuelles à la baisse, mais…

« On a fait du chemin depuis 2016 », déclare M. Bélanger. En effet, cette année-là, de nombreux cas de violences à caractère sexuel ont été rapportés sur les campus universitaires lors des activités d’accueil. L’UdeM n’y avait pas échappé, puisque des incidents survenus lors d’initiations au sein de la Faculté de droit avaient fait la manchette à la suite d’une publication sur le sujet dans Le Pigeon dissident, le journal des étudiant·e·s en droit.

Hélène David, alors ministre de l’Enseignement supérieur, avait réagi à ce cas particulier auprès des médias avant d’instaurer la « Loi visant à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel dans les établissements d’enseignement supérieur » en 2017.

Bien que les cas aient ainsi diminué depuis cette époque, M. Bélanger affirme que l’enjeu est toujours présent sur les campus. « Malgré tout, il y a encore du travail à faire, affirme-t-il. Malgré tout, on entend toujours des histoires problématiques. »

À la suite de la campagne, le Collectif social tient à faire une évaluation des retombées de celle-ci afin de mesurer son impact sur la communauté étudiante.

Ressources d’aide

La campagne cite comme ressource d’aide la ligne Info-aide violence sexuelle du Centre pour les victimes d’agression sexuelle de Montréal (CVASM) au 1 888 933-9007, ouverte 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.