Des artistes québécois de la relève sont invités depuis deux ans à un des rendez-vous culturels les plus importants aux États-Unis, le festival South by Southwest (SXSW). Du 14 au 18 mars dernier, la délégation musicale Planet Québec foulait les planches de la scène du Spill Bar, à Austin, en espérant capter l’attention des producteurs et journalistes du monde entier. Trois artistes parlent de leur parcours musical qui les a menés vers le Texas.
Dance Laury Dance
En assistant à un spectacle de la formation hard rock de Québec Dance Laury Dance, on remarque tout d’abord Max Lemire, chanteur et bête de scène. Il crie, provoque la foule, fait du bodysurfing, trash avec sa longue tignasse, reçoit des bières sur la tête. Il ressort rarement d’un spectacle à sec.
Le mercredi 14 mars, vers 23 heures, au coeur de la foule du Barbarella Patio, Max Lemire raconte ce qui l’a amené vers la musique hard rock en attendant le spectacle du groupe métal Darkest Hour. «Le rock est le style musical qui permet de recevoir de la vraie énergie. C’est en plein milieu d’un cours de publicité à l’Université Laval que j’ai compris ce que je devais faire: me lever, prendre mes affaires et tenter ma chance en musique», raconte-t-il avant de plonger dans le mosh pit quelques minutes plus tard.
Le lendemain, Max et son groupe se sont rendus au centre de tir Red’s Indoor. Le chanteur a pratiqué ses techniques à l’aide d’un pistolet Glock, d’un shotgun et d’un AK-47 en passant 125 $ de cartouches en 22 minutes. « I wish I was born in Texas », clame-t-il en anglais. Les membres du groupe ont même été jusqu’à se faire tatouer la carte de l’État sur le bras.
Karim Ouellet
Karim Ouellet donne dans la pop métissée de funk, de soul, de jazz et de hip-hop. Depuis son passage aux Francouvertes l’an dernier, il a su acquérir de l’aisance sur scène. Guitare à la main, il peut compter sur l’aide de musiciens de renom, tels que Claude Bégin aux synthétiseurs et Eman à la batterie, du groupe rap de Québec Alaclair Ensemble.
Tout de suite après son spectacle du jeudi 15 mars, il parle de son parcours musical qui l’a mené jusqu’ici. «Ce n’est pas trop compliqué, j’ai commencé à jouer de la guitare à 11 ans et je n’ai jamais arrêté depuis», raconte-t-il. Malgré des petits problèmes techniques sur scène et un test de son d’à peine trois minutes, Karim a su gagner l’intérêt de la foule. «Je regardais les gens de la salle dans les yeux et je voyais qu’il y avait quelques anglophones fascinés, qui avaient l’air de ne rien comprendre de mes paroles, mais qui aimaient la musique, raconte-t-il. Tu dis deux phrases en anglais et leurs yeux s’ouvrent. Ils essaient de faire des liens pour comprendre la toune.»
Le lendemain, Karim, Eman et Claude se sont également rendus au centre de tir Red’s Indoor. Loin d’être autant à l’aise que Max Lemire, Eman a été incapable de tirer. Les mains tremblantes de Karim Ouellet, tout en sueur, l’ont empêché de tirer convenablement. Plus confortable au fusil, Claude Bégin s’en est assez bien sorti.
Ariane Moffatt
Avec des ventes d’albums qui franchissent le cap des 200000, Ariane Moffatt effectue maintenant le virage vers l’anglais. Son quatrième album, MA, paru le mois dernier, est un mélange bilingue de pop/rock et d’électro. «Je n’avais pas de plan marketing qui me poussait à chanter en anglais, explique-t-elle. C’est de cette façon que j’avais envie de chanter à ce moment de ma vie.»
Juste avant son deuxième spectacle en terre texane le jeudi 15 mars vers 23h30, elle raconte son cheminement musical. «J’ai commencé à faire de la musique vers cinq ou six ans, j’avais une curiosité pour tout ce qui faisait des sons, souligne-telle. Après le secondaire, j’ai entrepris des études en musique au Cégep St-Laurent puis à l’UQAM. Après deux ans, c’est Marc Déry qui est venu me tirer des bancs d’école.»
Ariane a brisé la glace de Planet Québec, le mardi 13 mars, avec un spectacle qui a ravivé la foule. « J’ai senti que c’était mission accomplie, dit-elle. Ici, nous ne sommes qu’un grain de sel dans l’océan, alors il faut aller chercher les gens avec notre musique. » Deux photographes montréalais, SPG et Pigeon, accompagnent Ariane durant son séjour au Texas afin de saisir les moments marquants qu’elle vit.
À propos de SXSW:
Le mois de mars est très important pour la capitale du texas. Depuis 1987, Austin, situé au centre de l’état, accueille south by southwest, l’un des plus gros festivals culturels en Amérique du Nord. il s’échelonne sur 10 jours et représente environ 30 % de l’économie locale grâce aux 200 000 personnes qui arrivent de partout dans le monde pour y assister. Divisé en trois volets, soit le cinéma, la musique et les médias interactifs, south by southwest met l’accent sur la nouveauté et la culture émergente.