Depuis le 8 février dernier, l’UdeM propose une reprise partielle des cours en présentiel sur les campus. Des étudiants en situation de handicap partagent leurs craintes quant à ce retour en classe.
Pour certains étudiants en situation de handicap, un retour sur le campus, bien qu’il soit optionnel pour l’instant, leur apporte beaucoup d’anxiété. C’est le cas de l’étudiante en enquête et renseignement Miryam Massicot et celui de l’étudiante en science politique et philosophie Mathild Ramirez, toutes deux atteintes de handicaps physiques. Elles doivent faire face à de nombreux obstacles afin de garantir un mode de vie sécuritaire à l’Université.
La peur de retourner sur le campus
Miryam apprécie de pouvoir rester chez elle. Tous ses déplacements lui demandent un effort important, car elle est atteinte de dystrophie musculaire*. « Les cours en ligne m’apportent de la sécurité et réduisent mon niveau de fatigue », assure-t-elle.
L’étudiante craint également d’attraper la COVID-19 en raison de son diabète, qui la rend vulnérable. Selon elle, certains services offerts sur le campus risquent d’être déficients dans le contexte de pandémie. « Déjà, en temps normal, l’Université n’est pas forcément adaptée pour les étudiants en situation de handicap », explique-t-elle.
Quartier Libre s’était d’ailleurs déjà penché sur l’accessibilité des lieux sur le campus pour les personnes à mobilité réduite et avait suivi l’étudiant en biologie Clément Badra, pour s’immerger dans son quotidien à l’UdeM.
Miryam redoute aussi que la présence des autres étudiants nuise à sa sécurité. « L’accès au lieu n’est pas sécurisé, parce qu’il est difficile de garantir la propreté de l’environnement, on est plus susceptible de s’approcher des gens parce qu’on est plus bas dans nos fauteuils », ajoute-t-elle. Selon elle, l’entraide des étudiants peut devenir compliquée, car elle implique un rapprochement. « Lorsqu’ils veulent nous aider à prendre l’ascenseur, les autres étudiants sont aussi enclins que nous à le prendre, donc cela nuit à l’isolement », estime-t-elle.
De son côté, Mathild appréhende une diminution de la qualité de l’enseignement, en raison de la mise en place de l’enseignement multimodal. « Tous les cours sont adaptés pour être donnés à distance, et j’ai peur que la qualité sonore et visuelle soit déficiente pour les étudiants qui demeurent à distance, si les enseignants donnent des cours en présentiel », affirme-t-elle.Sa condition physique restreint ses déplacements et l’oblige à demeurer chez elle.
Les consignes sanitaires seront-elles respectées ?
L’expérience de Mathild lui permet de croire que les consignes sanitaires seront difficiles à respecter. « J’ai eu un cours en présentiel l’automne dernier, nous étions environ une vingtaine de personnes, explique-t-elle. Les gens étaient souvent groupés, sans masque et sans distanciation pendant les pauses, malgré les recommandations du gouvernement. » D’après elle, certains étudiants omettaient également de se laver les mains de façon régulière.
Selon l’étudiante, prédire les déplacements de tous les étudiants est impossible, malgré la volonté de l’Université de réduire leur nombre dans chaque pavillon. « S’ils veulent voir leurs amis, sortir pendant les pauses et enlever leur masque, ce n’est pas les trois gardes de sécurité à l’entrée d’un pavillon qui vont empêcher ça »,déclare-t-elle. Pour elle, ces éléments font qu’un retour progressif sur les campus de l’UdeM semble risqué, notamment pour les personnes plus vulnérables. « L’Université pense en dernier aux personnes en situation de handicap, donc j’ai peur que certaines mesures soient non adaptées pour ce genre de personnes », considère-t-elle.
Les deux étudiantes estiment qu’un retour progressif et sécuritaire devrait être pensé pour l’ensemble de la population universitaire.
*La dystrophie musculaire est une maladie dégénérative pouvant être mortelle, qui affecte les membres du corps et le cœur.