Répression permise à l’UQAM : « Le feu aux poudres ? »

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Par Lindsay-Anne Prévost
mercredi 22 avril 2015
 Répression permise à l’UQAM : « Le feu aux poudres ? »
Une vigile a été organisée le 15 avril dernier en appui aux étudiants de l’UQAM qui sont menacés d’expulsion.
Une vigile a été organisée le 15 avril dernier en appui aux étudiants de l’UQAM qui sont menacés d’expulsion.
Depuis le 8 avril dernier, le recteur de l’UQAM, Robert Proulx, autorise le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) à intervenir dans l’université afin d’empêcher les actions de perturbation. L’autorisation de la force a-t-elle l’effet escompté sur le mouvement étudiant ?

Le 20 mars dernier, neuf étudiants de l’UQAM ont reçu une menace d’expulsion par le comité exécutif de l’établissement pour des actions de perturbation qu’ils auraient commises il y a deux ans. « On veut faire peur à tout le monde et casser le mouvement, mais ça ne fait que mettre de l’huile sur le feu, croit le spécialiste en mouvements sociaux et chargé de cours à l’UQAM Marc-André Cyr. Les étudiants en sont sortis plus radicaux et prêts à aller jusqu’au bout, car personne ne veut se désolidariser des gens visés par l’expulsion. »

L’étudiant menacé d’expulsion, Simon Larochelle, conçoit cette solidarisation et affirme avoir reçu des appuis par dizaine de la part de la communauté de l’UQAM. « Il y a une pétition qui vient de sortir avec environ 2 000 signatures, souligne-t-il. L’assemblée facultaire de science politique et de droit a dénoncé les expulsions ainsi que le syndicat des chargés de cours et le syndicat des professeurs . Des professeurs nous ont également fait parvenir des lettres de recommandation. » Des actions de solidarité sont également organisées toutes les semaines.

Recours à la force légitime ?

Depuis le début du mois d’avril, le recteur Robert Proulx autorise désormais la SPVM à intervenir. « Au cours des dernières semaines, l’UQAM a évalué la situation chaque jour, chaque heure même, elle a suivi de près son évolution et ajusté ses actions en fonction du contexte, affirme-t-il dans un communiqué de presse. Ce qui nous a guidés dans nos décisions, c’est en tout premier lieu la sécurité et le maintien d’un climat propice à la poursuite des activités académiques. »

Selon Marc-André Cyr, ce type de répression ne fait que « mettre le feu aux poudres ». Le grabuge qui a été fait à l’UQAM lors de l’occupation du 8 avril dernier en serait notamment le résultat. « La violence de la révolte est toujours reliée à la violence institutionnelle, l’une n’existe pas sans l’autre », nuance le spécialiste.

Les neuf étudiants visés par l’expulsion sont convoqués le 24 avril prochain pour discuter de leur cas. Ils n’ont pas le droit de recevoir les preuves formulées contre eux à l’avance ni le droit de faire appel à un avocat. L’administration de l’UQAM n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.