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Représenter, dialoguer et engager : l’inclusion des Premiers Peuples

Pour Samuel Rainville, qui a notamment été l’un des porte-paroles pour les Premiers Peuples lors de la récente COP26 en Écosse, représenter la communauté étudiante autochtone auprès de l’UdeM est un prolongement de son implication sociale. Pendant ses temps libres, le jeune conseiller est membre du comité autochtone de la Société du parc Jean-Drapeau, ambassadeur pour l’organisme Mikana, qui éduque et sensibilise sur les enjeux autochtones, membre du conseil de direction de la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) et membre du comité d’administration du Réseau de la communauté autochtone à Montréal.

Selon lui, ces différents postes lui donnent une vision plus large de la question des Premiers Peuples, ainsi que le recul nécessaire pour aider efficacement la communauté étudiante autochtone de l’UdeM en matière de représentation, d’inclusion et d’accompagnement. « Ce sont plus que des défis liés aux étudiants, il faut penser la démarche face aux Premiers Peuples comme une démarche stratégique de transformation institutionnelle, déclare-t-il. C’est la structure au grand complet de l’Université qu’il faut engager afin d’avoir un environnement accueillant, inclusif et qui répond efficacement aux besoins des étudiants autochtones. »

Né d’une mère innue et d’un père québécois, M. Rainville croit en la réunion des peuples et des cultures. Sa stratégie est d’ouvrir le dialogue entre la communauté étudiante autochtone et les institutions, que celui-ci porte sur l’organisation d’ateliers sur les cultures des Premiers Peuples ou sur une plus grande diversité lors des prises de décisions dans les conseils d’administration. Selon lui, délier les langues pour pouvoir offrir une meilleure compréhension des réalités des populations autochtones est primordial. « Il faut assurer une connaissance de base à l’ensemble de la communauté étudiante sur les peuples autochtones, explique-t-il. C’est cela, la première étape. »

Le jeune conseiller appelle ainsi au dialogue et dit vouloir créer des liens forts entre les Premiers Peuples et les institutions. Pour lui, une prise de parole est nécessaire : « Je peux parler des défis des étudiants autochtones, parce qu’il y en a ! Mais on est à l’étape de changement systémique, d’une transformation institutionnelle. Il faut adresser la question à un plus haut niveau. »

Présent sur tous les fronts

À travers son rôle de conseiller principal aux relations avec les Premiers Peuples à l’UdeM, M. Rainville s’occupe de la médiation entre les étudiant·e·s autochtones et les institutions de l’Université. Il succède à l’ancienne conseillère, Caroline Gélinas, qui occupait le poste depuis 2019. Parmi les multiples tâches qui lui sont confiées : veiller à la bonne représentation des Premiers Peuples, proposer des ateliers de sensibilisation et surveiller l’intégration des Autochtones au sein du personnel de l’Université avec les équipes des ressources humaines. Actuellement, 3 programmes et 45 cours en relation avec les cultures autochtones existent à l’Université, et M. Rainville espère voir ces chiffres augmenter au fil des ans.

Le conseiller a également pour mandat de s’assurer de la bonne application du plan d’action Place aux Premiers Peuples, adopté en 2020 par l’Université. Ce plan stratégique de grande envergure a de multiples objectifs, notamment la lutte contre la discrimination, l’intégration d’employés autochtones, l’identification des obstacles, l’adaptation des services universitaires pour une meilleure réussite scolaire chez la communauté étudiante autochtone, ou encore la mise en valeur des cultures et langues des Premiers Peuples. « Le choix de l’Université de Montréal a été de mettre de l’avant un plan d’action institutionnel qui ne se limite pas qu’aux défis des étudiants autochtones, mais à toutes les sphères de l’UdeM », explique M. Rainville.

Pour le nouveau conseiller, les changements peuvent aussi s’opérer grâce à des évènements récurrents tels que la semaine autochtone MITIG, laquelle valorise les cultures des Premiers Peuples, ou la journée du 30 septembre qui, depuis 2021, commémore les enfants disparus et les survivants des pensionnats.

Cet enjeu est encore douloureux pour la communauté autochtone, comme en témoigne l’étudiante au certificat en gestion philanthropique Daphné-Anne Olepika Takpanie Kiguktak. « Durant un cours, un professeur a montré un documentaire sur des Autochtones qui sont allés dans les pensionnats, et nous n’avions pas été avertis, révèle-t-elle. J’ai trouvé ça très difficile, je n’ai pas pu rester en classe. Une discussion a ensuite été ouverte. »

UNE SEMAINE POUR VALORISER LES CULTURES AUTOCHTONES

Organisée tous les ans à l’UdeM depuis 2015, la semaine autochtone MITIG permet de mettre en avant les cultures, les langues, le patrimoine et les savoirs des Premiers Peuples. Différentes activités sont organisées comme des projections cinématographiques, des représentations artistiques ou des ateliers. Elle permet aussi de s’informer et de discuter des enjeux actuels concernant les Premiers Peuples lors de tables rondes, présentations et colloques. Cette année, elle se tiendra entre le 14 et le 18 mars.

L’option du dialogue

Pour M. Rainville, le dialogue doit être un moyen de s’entendre sur les points communs plutôt que de mettre l’accent sur les différences. « Je vois des liens indéniables entre les enjeux des Premiers Peuples et la fierté des Québécois et des Québécoises par rapport à la langue française, détaille-t-il. Une alliance est possible pour permettre la protection et la revitalisation des langues autochtones. »

La professeure invitée de langue innue au Centre de langues de la Faculté des arts et des sciences Yvette Mollen témoigne du caractère global de la question autochtone qu’a mis de l’avant M. Rainville, et lequel dépasse les frontières de l’Université. « À la fin des années 1980 et au début des années 1990, quand je suis arrivée en ville pour étudier, je me suis sentie très seule, explique-t-elle. Et la seule association pour aider les jeunes Autochtones n’était qu’anglophone. Ma langue seconde, c’est le français… Je n’ai pas pu avoir d’aide et j’ai ressenti cette solitude, ce sentiment d’être isolée. »

Daphné-Anne Olepika Takpanie Kiguktak ressent aussi ce besoin de dialoguer. « Je crois que ça serait une bonne chose si on avait accès à une personne-ressource disponible pour nous écouter, avance-t-elle. Comme une ou un psychologue formé à l’avance sur les réalités autochtones. »

Ces sentiments de solitude et d’incompréhension vécus par de nombreux étudiant·e·s autochtones depuis des années ne sont pas étranger·ère·s à M. Rainville. Titulaire d’un baccalauréat en études internationales et langues modernes obtenu à l’Université Laval, d’un certificat en sciences de l’environnement et d’un diplôme de deuxième cycle en éducation relative à l’environnement de l’Université du Québec à Montréal, le conseiller a lui-même vécu le manque de représentation auquel fait face la communauté étudiante autochtone. En revenant sur son parcours, il souligne ce qui l’a marqué : « Les réalités des étudiants autochtones sont mal comprises. Moi, je l’ai définitivement ressenti au cégep et à l’université. »

La représentation au cœur des enjeux

Pour Mme Mollen, la nomination de M. Rainville à titre de conseiller principal aux relations avec les Premiers Peuples est un pas dans la bonne direction. « Les Premiers Peuples sont étudiés, mais pas représentés, regrette l’enseignante. C’est à travers des personnes comme M. Rainville que les étudiants peuvent trouver un sentiment de représentation. »

Daphné-Anne Olepika Takpanie Kiguktak partage le même avis et félicite l’Université de cette nomination. « Je suis très contente pour Samuel, il est la personne parfaite pour ce poste, mentionne-t-elle. Il a cette personnalité qui fait qu’on se sent bien. Il a une belle approche et arrive toujours à nous soutenir de la meilleure façon qui soit ! »

Si M. Rainville s’engage et s’implique au sein de divers organismes, il voit en l’UdeM un établissement qui fournit des efforts et tend l’oreille et la main à la communauté autochtone. « Je ne le dirai jamais assez, et ce sont les mots de Caroline Gélinas, ma prédécesseure : « L’Université de Montréal est à une étape d’investissement relationnel avec les Premiers Peuples, déclare-t-il. Il faut bâtir des relations à long terme, réciproques et respectueuses. C’est d’abord et avant tout ça, et le reste va suivre. » »

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